Pas simple pour un couple de trouver le juste équilibre dans la répartition des tâches quotidiennes. L’aspirateur, la réserve de papier toilette, le RDV à prendre pour le contrôle technique… et encore, ce n’est rien face au tsunami qui attend les parents dès la naissance du premier enfant !
Et quand les suivants arrivent, verdict sans appel : on ne sort pas la tête de l’eau avant des années (si toutefois on sort la tête de l’eau un jour ?) Qu’ils aient ou non une activité rémunérée, les deux parents travaillent très dur du matin tôt au soir tard, et dès que la fatigue pointe le bout de son nez, tous les deux peuvent avoir cette impression désagréable d’être celui qui fait tout…
La parité existe-t-elle pleinement dans le couple parental ?
C’était la question posée hier par Flavie Flament dans l’émission On est fait pour s’entendre, à laquelle j’ai participé en direct avec Sébastien Michel du blog Desparate Houseman. Pour écouter le replay, c’est par ici sur rtl.fr.
Je dois dire que la formulation me gêne un peu : « parité ». Le mot mérite qu’on s’y arrête. La recherche de la parité entre hommes et femmes a pour objectif de lutter contre des inégalités engendrées par des déséquilibres entre les deux sexes.
Le principe de parité, c’est donc de trouver des solutions pour remédier à des disparités, qui sont perçues comme des injustices : dans les domaines des salaires, de la représentativité politique ou en entreprise, de l’accès à l’éducation ou à l’emploi…
Si l’on parle de parité dans le domaine du couple parental, on va donc sous-entendre qu’il y a une disparité ; on va partir du principe que l’un des deux conjoints a ce sentiment d’être victime d’une inégalité. Ma question est : qui des deux est victime ? Celui qui en fait le plus ou celui qui en fait le moins ?
- Si la victime est celui qui en fait le plus (en l’occurence, « celle » qui en fait le plus, dans la plupart des cas) : cela équivaudrait-il à dire que ce qu’il/elle fait n’a pas de valeur, ou que s’occuper de sa famille est une chose qui ne peut pas donner envie à quelqu’un ?
- La victime peut aussi être celui qui en fait le moins ! Il y a des hommes, des femmes qui voudraient être aux premières loges des étapes de croissance de leurs enfants, qui voudraient être plus présents mais qui ne peuvent pas ! Soit pour des raisons financières, soit parce que la place au foyer est déjà prise par l’autre conjoint.
Si la notion de « parité » comme on l’entend dans le domaine de la politique est mise en oeuvre dans mon couple, alors je me mets en position de défendre mes droits. Or dans un couple, les décisions ne devraient jamais être prises « l’un contre l’autre », mais plutôt « l’un avec l’autre. » Les thérapeutes de couple le disent bien : dans un couple qui fonctionne, il n’y a pas un gagnant et un perdant, il y a deux gagnants ! (Voir ici 5 fausses idées sur la communication dans le couple)
Au nom de l’égalité, on cherche parfois à gommer la richesse de la différence. C’est dommage, parce que ça ne permet pas forcément à chacun de s’exprimer, de dire ce qu’il aurait envie de vivre dans tel ou tel moment de sa vie. Quand on fait tomber les armes et qu’on commence à se parler sans prêter à l’autre de mauvaises intentions, on va rapidement se rendre compte que des solutions sont possibles, et qu’un équilibre peut être trouvé… même si dans la réalité, l’équilibre sera évidemment toujours fragile et devra régulièrement être retravaillé.
Alors, comment équilibrer le partage des tâches entre parents ?
- Dans certains cas, l’un des deux va exprimer le souhait de prendre en charge une plus grande partie de la logistique familiale, en optant pour un temps partiel, un congé parental ou autre. Mais attention : il ne devra pas être en charge de tout, et devra à tout prix prendre du temps pour soi, sous peine de s’épuiser ! ( Voir l’article : Plus stressés à la maison qu’au bureau)
- Dans de nombreux cas, les deux parents travaillent à plein temps : il va falloir s’organiser et ce n’est pas toujours simple, parce que chacun a un modèle familial différent, des attentes différentes, des envies différentes… Priorité, donc, à la communication : pouvoir dire clairement ce que je veux (pas toujours simple parce qu’on ne sait pas toujours vraiment ce qu’on veut ! « Je veux m’investir plus dans mon travail, mais je veux passer plus de temps avec mes enfants »…) et également me mettre réellement à l’écoute des besoins que l’autre m’exprime.
Les hommes ont-ils pris pleinement possession de leur rôle domestique ?
Dans certaines familles, tout roule, le couple a trouvé son équilibre.
Mais si vous êtes dans le cas où votre conjoint ne prend pas du tout part à son rôle domestique et que cela vous attriste : ce serait dommage de se tromper de stratégie ! Lorsqu’on se sent fatiguée et incomprise, on va avoir tendance à fustiger l’autre, à lui dire « j’en ai marre », « tu ne fais jamais rien », « tu t’en fiches de cette famille. »
Comment est-ce que l’autre réagit lorsqu’il se sent agressé ? Est-ce qu’il va dire « ah oui c’est vrai, dis-moi où est l’aspirateur, je m’y mets tout de suite » ? Non pas du tout ! Au contraire, lorsqu’on se sent attaqué, on a plutôt tendance à se mettre sur la défensive (« mais regarde tout ce que je fais et que tu ne vois pas »), ou alors à se bloquer complètement et à se murer dans le silence (« mais qu’est-ce qu’elle me veut ? »)
Donc si vous nous écoutez et que vous avez un homme pas suffisamment impliqué à votre goût, sachez que le fustiger ne changera rien, au contraire !
Dans la notion de couple parental, il y a l’idée de faire équipe, de définir ensemble les tâches, de réfléchir ensemble, sans tomber forcément dans une guerre des sexes qui ne fera que bloquer encore plus les échanges, et qui n’apporte rien de productif.
Pour aller plus loin :
Mon conjoint ne voit pas que je suis épuisée
Marre qu’il laisse traîner ses chaussettes !
Comment répartir les tâches dans le couple parental ?
L’objectif, c’est d’en arriver à une harmonie de couple où chacun partage en vases communicants : je suis là pour toi, tu es là pour moi… C’est ça, la vie de famille !
Après, quelles tâches incombent aux hommes et quelles tâches incombent aux femmes, on s’en fiche !
- je connais un couple où c’est la femme qui gérait les papiers administratifs et l’homme le linge : tant mieux !
- un autre couple où c’est Monsieur qui fait la cuisine à tous les repas : je crois que beaucoup de femmes rêvent de ça 🙂
- et un autre couple où c’est Madame qui s’occupe de tondre le gazon. Alleluia !
- et si chacun se retrouve mieux dans une répartition plus traditionnelle des tâches, pourquoi est-ce que ça devrait forcément être un problème ?
Les femmes laissent-elles suffisamment de place aux hommes dans la vie domestique ?
De manière générale, le discours mainstream écarte les hommes des tâches parentales. Vous connaissez certainement cette marque de petits pots qui dit « du côté des mamans » : comme si les pères ne donnaient jamais de petits pots…
À l’intérieur des foyers, il y a un autre phénomène qui prend de l’ampleur, c’est le perfectionnisme maternel. Nous sommes nombreuses à être des mères râleuses parce que Monsieur n’est pas assez impliqué dans la vie du foyer, mais sommes nous vraiment prêtes à laisser faire ceux qui souhaitent faire ? Même si ce sera fait à leur manière ?
Sur la communauté des fabuleuses, j’ai beaucoup de mamans qui me disent « il ne m’aide pas », mais en posant 2-3 questions je me rends rapidement compte qu’elles sont tellement derrière le dos de leur homme pour que tout soit fait de telle manière, qu’elles ont fini par le décourager de faire quoi que ce soit ! Florence Leroy, dans une interview sur le blog des fabuleuses m’expliquait que le sujet de discorde numéro un dans les couples parentaux, c’est les désaccords sur la manière de faire en tant que parent. Si on veut un couple heureux, une famille heureuse, on va devoir apprendre à laisser l’autre faire à sa façon !