Zéro déchet dans ma vie (intérieure) - Fabuleuses Au Foyer
Maman épuisée

Zéro déchet dans ma vie (intérieure)

illustration femme vélo
Valérie de Minvielle 15 mai 2024
Partager
l'article sur


Le mouvement du « zéro déchet », rendu populaire par Béa Johnson ces dernières années, valorise l’ensemble des pratiques qui visent à réduire les déchets et le gaspillage. Vous avez entendu parler de la méthode des “5R” pour nous y aider :

refuser, réduire, réutiliser, recycler, rendre à la terre.

Pourquoi ces pratiques ? Pour contribuer à réduire les problèmes environnementaux et sanitaires posés par l’abondance de déchets que nous générons. Protéger la nature dans laquelle nous vivons, en somme… Et dont nous faisons partie en tant qu’espèce vivante ! 

Oui, nous sommes aussi cette nature. 

Alors, pourquoi ne pas développer à notre échelle une forme d’écologie intérieure ?

Que donnerait la méthode des “5R” appliquée à notre vie physique, mentale, émotionnelle ? 

Je te propose ici quelques pistes de réflexion. 

1 – R comme Refuser 

La méthode du zéro déchet préconise de refuser ce dont je n’ai pas besoin : refuser les prospectus ou objets en plastique offerts dans les magasins par exemple, et qui iraient directement dans la poubelle une fois chez moi. Cela revient à se demander si tel objet est essentiel ou superflu pour moi. 

Appliqué à l’écologie intérieure, cela pourrait donner : 

  • Le refus de donner mon adresse électronique dans les magasins. Dans la plupart des cas, il est possible de s’abonner au programme de fidélité sans donner ses coordonnées. Cela évite de recevoir des lettres promotionnelles qui iront à la poubelle ou seront pleines de tentations supplémentaires pour consommer.
  • Le refus des notifications de mes applis de smartphone. Les applis que nous adoptons proposent souvent par défaut de nous envoyer des notifications au moindre mouvement sur l’appli. Pourquoi me rendre esclave des messages que je reçois ? Pourquoi ne pas décider du moment où je consulte mes messages et y répondre quand je suis disponible pour cela ? 

Ici, il s’agit de gestes qui visent à conserver ma liberté intérieure, à m’assurer que c’est bien moi qui choisis comment j’organise le temps que j’ai, et à garder l’esprit le plus clair possible pour les décisions que j’ai à prendre au quotidien. 

2 – R comme Réduire 

La méthode du zéro déchet préconise de réduire ce dont j’ai besoin et que je ne peux pas refuser. Par exemple, quand je fais les courses pour remplir le frigo, réduire les emballages des produits alimentaires en préférant le vrac, donner ou revendre les objets que je possède en double ou qui ne me sont plus utiles. 

Appliqué à l’écologie intérieure, cela pourrait donner : 

  • Réduire mes ambitions. Non pas se résoudre à vivre sa vie en petit, non, mais au lieu de vouloir être parfaite sur tous les plans (être une meilleure mère, une meilleure épouse, trouver enfin le bon job, renouer avec mes copines), choisir un objectif privilégié qui va faire la différence pour moi cette année. Par exemple : renforcer la complicité avec mon Fabuleux. 
  • Réduire le sucre, le gras et les habitudes alimentaires qui ne contribuent pas à l’entretien de mon énergie et de ma santé. 
  • Réduire le temps passé avec les gens qui me pompent toute mon énergie en ce moment. Il ne s’agit pas de les rejeter, mais d’apprendre à dire “stop” quand ces contacts entament trop ma bonne humeur. 
  • Réduire le nombre de choix/décisions à prendre au quotidien, et revoir ses engagements en ce sens : si je devais réduire mes activités à celles qui sont essentielles à mes yeux, lesquelles déléguerais-je ? 
  • Réduire les objectifs de travail et se poser chaque jour la question : si je devais concentrer mes efforts autour d’une priorité absolue aujourd’hui, laquelle choisirais-je ? Et observer les effets d’un tel choix sur mon humeur, mon énergie, mes interactions du jour. 

3 – R comme Réutiliser 

Réutiliser, c’est utiliser plusieurs fois le produit d’origine afin d’optimiser son utilisation et de prolonger sa durée de vie. Cela permet d’économiser les ressources que l’on perd lors du processus de recyclage. Cela peut consister par exemple à : échanger ses outils, donner ses livres à une bibliothèque solidaire, transformer ses vieux draps en pochons pour les courses, privilégier les produits réutilisables à leur version jetable.

Appliqué à l’écologie intérieure, cela pourrait donner : 

  • Réutiliser ses compétences pour se réinventer. Je pense à cette jeune femme qui, avec les compétences qu’elle avait développées dans un salon de manucure, s’était dirigée par la suite vers un atelier de bijoux. Pour ce qu’elle avait à apprendre sur les matériaux et les processus, la formation sur le tas a suffi. Elle avait déjà la méticulosité des gestes, le goût pour un métier qui valorise les femmes, et le sens du beau. En réutilisant ses talents, elle a pu s’épanouir dans deux activités professionnelles différentes.
  • Regarder autrement ton histoire, te retourner sur le chemin parcouru et identifier les ressources qui t’ont déjà, par le passé, permis de rebondir. Qu’elles soient des qualités personnelles, des stratégies que tu avais mises en place, ou des personnes à qui tu avais fait appel, que peux-tu réutiliser de ce qui avait fonctionné pour toi, alors ? 

4 – R comme Recycler 

Recycler, c’est donner une nouvelle vie à tout ce qui ne peut pas être réutilisé, c’est traiter à nouveau pour donner une nouvelle forme à un objet. Par exemple, c’est chauffer et faire fondre une bouteille de verre pour transformer ce matériau en perles à bijoux, en sable ou en gravier pour les routes.

Appliqué à l’écologie intérieure, cela m’évoque la transformation opérée par la psychothérapie,

et que l’on appelle, dans le jargon psy, le “réaménagement psychique”, à l’image du réaménagement d’une maison qui viserait à une meilleure qualité de vie, ou à un plus grand confort. 

Le recyclage peut être vu comme la réparation des zones blessées en nous pour en faire de nouvelles possibilités. 

Je pense à cette femme âgée de 40 ans qui, après plusieurs fausses couches récentes, disait de son utérus : « c’est un lieu mort. Il ne peut plus donner la vie, il ne me sert plus à rien ». En travaillant notamment avec des outils d’art-thérapie, elle a pu cheminer vers une démarche de réparation de cet organe. En effet, son utérus ne remplirait plus jamais sa fonction première de nidification d’un petit d’homme. Mais peut-il avoir une autre fonction ? Le travail psychologique engagé lui a permis d’envisager son utérus, non plus comme un organe souffrant, polluant son intérieur, mais comme le berceau de sa force créative. 

5 – R comme Rendre à la terre : composter 

Composter, c’est amasser les déchets verts du jardin et de la maison pour qu’ils se décomposent en un fertilisant naturel. 

Appliqué à l’écologie intérieure, cela pourrait donner : 

  • Le mouvement de lâcher-prise : amasse tes émotions fortes, questions angoissantes et incompréhensions du jour, installe-toi dehors, pieds nus en contact avec le sol et composte ce tas, rends-le à la terre dans un mouvement d’abandon.
  • Le pardon : ce mouvement qui consiste, non pas à oublier l’offense ou à nier la blessure, mais à abandonner la rancune dans laquelle je suis enfermée. Le pardon aux autres, et à soi-même, va faire appel d’air pour un mouvement d’amour qui prépare à vivre un nouveau cycle de vie.
  • Penser ta vie comme la nature, en forme de cycle qui s’auto-nourrit. Quelles vies je nourris par la mienne ? À l’image des cellules de mon corps qui meurent et se multiplient par milliers chaque jour en moi, à quoi je meurs à chaque phase de ma vie, et qu’est-ce qui renaît en moi ? 

Le mouvement du “zéro déchet”, d’après ceux qui le pratiquent, simplifie l’intendance, le rangement, l’entretien, le nettoyage de la maison, il allège l’organisation du quotidien et améliore la santé. 

Et si ce jeu d’appliquer ce mouvement à ta vie intérieure était une clé fondamentale de ton équilibre, qui te permettrait de faire des choix, de préserver ton énergie, de vivre des relations vraies, guidée par ta liberté intérieure ?  C’est bien à cela que cette réflexion me mène : le zéro déchet pourrait être une boussole pour cette écologie intérieure, en ceci qu’il pousse chacun et chacune d’entre nous à valoriser le vivant en soi. 



Partager
l'article sur


produits

Cet article a été écrit par :
Valérie de Minvielle

Psychologue clinicienne, Valérie de Minvielle fonde après 20 ans d'expérience professionnelle "Ma Juste Place", une méthode d’accompagnement personnalisé pour les femmes qui veulent se sentir à leur juste place dans leur vie de couple, en tant que mère, et dans leur vie professionnelle et sociale. Elle est également l'auteur de "Trouver ma juste place - dans le quotidien de 7 femmes inspirantes" paru en janvier 2020 et de "Imparfaite mais heureuse", paru aux éditions Mame en 2023.

https://www.majusteplace.com/

> Plus d'articles du même auteur
Les articles
similaires
Julia Kerninon
Julia Kerninon : « J’ai l’impression d’avoir survécu à la maternité. »
Julia Kerninon a toujours voulu écrire des livres et avoir des enfants. Autrice du roman Liv Maria qui l’a fait[...]
Maman rêve juste d’avoir la paix pour les vacances
Quand on parle des vacances d’été, toute la famille se projette. Chacun à sa façon. Les enfants s’imaginent déjà dans[...]
Je regrette la rentrée des classes
Je ne pensais pas dire un jour que ça me manquerait... Mais oui, c’est vrai : je regrette la rentrée des[...]
Conception et réalisation : Progressif Media