Ma fille ainée l’a bien résumé :
« Moi, je n’avais pas le droit de faire tout ça ! »
C’est vrai ! Elle a raison.
Ca peut lui sembler injuste. Je le comprends. J’ai changé. Je ne suis plus la même maman qu’avant.
Pourquoi j’ai changé
Certains diront que c’est l’âge, l’expérience.
Ils ont raison. En partie.
D’autres que c’est l’usure. Que je suis plus laxiste.
Ils ont raison aussi. En partie.
De mon point de vue, c’est un tout.
Un mélange de tous ces constats faits :
- sur ce pour quoi il valait vraiment la peine de se battre,
- de ce que j’avais fait par peur du jugement, par manque de confiance et qui n’était pas toujours en accord avec ma vraie personnalité.
Bref, une prise de recul liée à ce que j’observe quand je vois évoluer mes filles des années plus tard.
La maman que j’ai été
Cette maman dont parle mon ainée avait tout à découvrir.
Elle a tâtonné, fait de son mieux. Elle avait peur de mal faire, peur qu’on la juge.
Elle était pleine de principes et d’idées reçues (en héritage ou en conseils).
Cette maman là donnait de l’amour à sa fille mais à l’inverse de l’expression :
« Une main de fer dans un gant de velours. »
Le cœur était bien en velours mais la « cuirasse » souvent de fer.
Stricte, souvent dure, contrôlante. Il fallait que ma fille soit « bien élevée ».
Je devais être une bonne maman : aimante et autoritaire à la fois, disponible, sécurisante, créative, drôle…et sérieuse aussi.
La maman parfaite.
Et ma fille devait suivre le même modèle bien sûr.
« Non, ne touche pas à ça !
Tu attends ton tour !
Prête tes jouets, arrête de pleurer, ce n’est pas le moment de rire, dépêche toi un peu, tu ne peux pas faire attention ! »
Et à côté de ça, j’étais aussi une maman câlin, qui faisait bricolages, balades, taxi, cuisinière, etc.
Tout y était !
Enfin, du moins, ce que je pensais être la panoplie de la maman parfaite.
Les expériences qui forgent
Et puis, j’ai été maman à nouveau.
Certains principes déjà envolés par la force des choses, j’ai redécouvert mon rôle de maman.
La maturité en plus, la fatigue aussi.
L’expérience en plus de la séparation liée à la garde alternée comme lâché prise forcé.
Les angoisses de ma grande sous le nez comme un signal d’alarme :
« Vas-y molo, tu ne vois pas que tu lui mets trop la pression à cette petite ! »
D’abord, vient la culpabilité.
« Je suis une mauvaise mère. »
Le sentiment d’échec. D’avoir tout donné et complètement tapé à côté.
Et puis la peur :
« Comment réparer le mal que je lui ai fait ? J’ai été beaucoup trop dure avec elle. C’est ma faute. »
Alors je me fais une promesse :
Surtout ne pas reproduire les mêmes erreurs avec la deuxième et faire en sorte de redonner à mon ainée la confiance que je lui ai fait perdre involontairement.
« Arrête de te lamenter, Nadine et avance maintenant ! »
C’est en forgeant qu’on devient forgeron.
C’est en étant maman qu’on le devient.
La maman que je suis
Quelques années, un divorce et un remariage plus tard, la vie m’a conduite à être maman une 3e fois.
Cette fois, tout est différent dans ma tête.
Ma seule certitude est que j’aime mes filles plus que tout au monde et que je veux que nous soyons heureuses (moi y compris).
Je me vois comme une maman en formation.
Même si j’ai une certaine expérience, j’ai encore tant à apprendre d’elles et de la vie.
J’ai toujours des principes, des valeurs……heureusement, sinon ce serait l’anarchie. Mais je répète inlassablement à mes enfants :
« Ce que je veux, c’est que tu sois heureuse et que tu sois toi. Je t’aime pour ce que tu es et non ce que tu fais»
Je crois que cela résume ma vision de mon rôle de maman aujourd’hui.
Ce n’est pas parfait mais je suis heureuse.
Et quand mon ainée dit à sa sœur :
« Moi, je n’avais pas le droit de faire tout ça ! »
Je lui réponds :
« Maman était en formation 😉 Et elle l’est encore »