Le chronomètre de la rentrée - Fabuleuses Au Foyer
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Le chronomètre de la rentrée

chronomètre rentrée
Une Fabuleuse Maman 9 septembre 2022
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Veille de rentrée, 23h30

Sur la table de la salle à manger trône une assiette de petit-déjeuner qui fera sans doute briller les yeux de ma fille de trois ans et demi – M&M’s, trois figues du jardin, une poignée d’amandes, des biscuits aux pépites de chocolat, un grand verre de jus avec une paille. Je sors délicatement du four les falafels aux épinards que je viens de cuire pour mon fils de 9 mois, très fière d’avoir ouvert – pour la première fois – mon livre « je cuisine maison pour mon bébé » : plein de recettes healthy qui changent de mon honteux petit pot industriel ou de l’inénarrable courgette-jambon.

La nounou va sans doute être impressionnée.

Compote aux fruits d’automne ( du jardin), check, cartable de la grande, check, feuille de Canson avec une jolie calligraphie pour la traditionnelle photo de la rentrée, check, jolis habits assortis pour les deux enfants, check… Je vais me coucher en paix, il est minuit, j’ai fait d’incroyables progrès sur la route sinueuse de la mère parfaite, mon esprit est à peu près apaisé de l’immense culpabilité de ne pas emmener ma petite fille de trois ans à sa deuxième rentrée scolaire.  » Maman travaille, c’est Papa qui t’emmènera mais regarde : il y a des M&M’s dans ta boîte à goûters ! »

Jour de rentrée, Départ – vingt minutes

Chouchounette s’est réveillée trois fois cette nuit en pleurant parce qu’il y avait un moustique dans sa chambre. Chouchounet s’est réveillé deux fois en toussant comme un vieux doberman tuberculeux qui aurait fumé un paquet de gitanes sans filtre. Trois + deux = cinq réveils sur sept heures de sommeil, je mets toute ma réserve d’énergie à rester joyeuse et positive. Gros câlin avec ma fille au réveil, je rassure le Fabuleux qui s’en va : « Tout est sous contrôle, mon amour, bonne journée ! » Je viens de changer d’avis et de décider de manquer une heure de boulot pour accompagner ma fille à l’école. J’espère faire ça discrètement, puisque je suis en télétravail. La météo de la nuit nous a fait perdre dix degrés, les habits sortis hier ne vont plus du tout. Chouchounette refuse de mettre sa jolie robe et veut s’enrouler dans une couverture polaire tout en restant en pyjama. Elle dévore les M&M’s et dédaigne le reste du petit-déjeuner. « TU AVALES UN BISCUIT, SINON JE NE T’EMMENE PAS A L’ÉCOLE ! » Je tonne avec ma plus grosse voix, oubliant les tonnes de bouquins #bienveillance #parentalitépositive dont je suis une fervente apôtre.

Chouchounet malade geint dans sa chaise haute, tartiné des orteils aux oreilles de morve et d’une immonde pâte de croûton de pain mâchouillé. J’ai une envie phénoménale d’aller aux toilettes, je suis en pyjama, ma fille a un pied sur la table, elle est en pyjama et son ventre n’est rempli que de trois M&M’s. 

Départ – 9 minutes

Je ne peux décemment pas aller à l’école habillée en mini-short et t-shirt XXL ; tant pis pour ma douche. Mon odeur de transpiration me semble flotter à des kilomètres à la ronde, je mets un coup de parfum qui fera illusion. Je DOIS aller aux toilettes, Chouchounet pleure franchement, je lui prépare un biberon avec les ultimes cuillères raclées au fond de la boîte de lait et je cours m’enfermer… BLING ! Le biberon en verre a volé en éclats, de dangereux morceaux de verre pointus jonchent la cuisine au milieu d’une flaque de lait. Je hurle une litanie de « Merde, merde, MERDE ! » depuis les toilettes et avertis ma fille que si elle se lève pour regarder, elle aura une fessée.

Départ – 2 minutes

Je croque dans un falafel en  les rangeant dans la boîte à goûter de Chouchounet. Je recrache aussitôt : immangeable. Je les remplace en vitesse par un petit pot orange et caoutchouteux qui se vante d’être une « cuisine du monde ». Ma compote maison a fui dans le sac de la nounou. Tout est collant et trempé. Le jus de mandarine de Chouchounette s’est renversé sur la belle feuille de Canson.

Départ, heure H

Je houspille Chouchounette pour qu’elle pose devant la maison avec son petit cartable, un sourire heureux aux lèvres malgré les vingt-sept menaces qu’elle a subies depuis son réveil, tenant fièrement sa nouvelle feuille de Canson « 2022-2023 – moyenne section de maternelle ». Enfants coincés dans leurs sièges autos, maison fermée, je m’aperçois qu’ils sont immondes l’un comme l’autre : visage barbouillé et nez qui coule. Je cours chercher un gant humide que je leur passe à toute vitesse sur le visage ; dans ma hâte, j’essuie d’abord mon fils, sa morve et ses virus, puis la bouche de ma fille pleine de chocolat. Partage fraternel de microbes. « Maman, on a oublié ma poupée ! » Je cours à nouveau dans la maison, souffle un coup derrière mon volant et décide de mettre une joyeuse musique pour que chacun retrouve sa bonne humeur. Mon portable sonne : c’est mon patron. Il veut absolument me parler dans la demi-heure pour « une information qui changera le cours de ma journée ». « J’ai un peu de retard sur un autre sujet mais je te rappelle ASAP ! » J’ai grappillé quelques minutes. 

Départ + 4 minutes

Je maudis mon mari d’avoir garé la voiture aussi serrée contre le mur de notre maison, le stress me fait perdre ma capacité à faire demi-tour sur un chemin d’un mètre de large. J’avance, je braque, je recule, je contre-braque, je recommence et CRAC ! Ces foutues chansons d’enfant à plein volume ont couvert le bip du radar de recul, je viens d’emboutir la boîte aux lettres de notre unique voisine à qui nous ne nous sommes pas encore présentés depuis notre emménagement. C’était il y a huit mois. C’est bien, ça me donnera une occasion d’entrer en contact avec elle !

Rentrée – 7 minutes

La voix calme et l’air sérieux, je prends mon patron au téléphone tout en conduisant sur les minuscules routes de campagne. Je prie intérieurement pour qu’il n’entende pas ma fille chanter à tue-tête à l’arrière de la voiture, mais il y a peu d’espoir.

Rentrée – heure H

Dans la cour de l’école, je zieute avec jalousie les autres parents qui ont trouvé le carton à dessin format 57*85 dont Chouchounette avait ab-so-lu-ment besoin pour stocker ses coloriages de princesse (« Mais il suffisait de le commander sur internet ! » me glisse une maman compatissante). Les discours de bienvenue et de présentation s’enchaînent, j’ignore les appels continus de mes collègues et de mon patron. L’association des parents d’élèves propose un stand de café, je les enchaîne cul sec sous l’œil médusé de la maîtresse.

Rentrée H+1

De retour chez moi, je me jette devant mon ordi, fébrile… avant de m’arrêter net. Cette matinée de course m’a épuisée. J’ai voulu jouer à la maman parfaite au lieu d’essayer d’être moi, la maman que mes enfants attendent. Pause. Prise de hauteur : je ne vais pas perdre mon job si je m’octroie cinq minutes supplémentaires pour simplement respirer et redescendre de mon pic de stress. Je prends enfin le temps de sortir dehors pour contempler la nature, le ciel, profiter de la température qui s’est enfin rafraîchie, exprimer ma gratitude pour mes enfants qui vont merveilleusement bien, qui peuvent aller à l’école, qui peuvent changer d’habits en fonction du climat, qui peuvent changer de repas s’ils le veulent, et qui ont une énergie débordante de vie et de joie.

Demain matin, je n’essaierai pas de jouer les mères parfaites et instagrammable. Je me contenterai de kiffer leurs petites joues qui sentent le lait, leur cou tout chaud, leur besoin d’une maman qui les aime et qui le leur montre sans forcément prendre tout “l’internet” à témoin.

La bonne nouvelle, c’est que j’ai au moins 365 jours pour m’entraîner d’ici la rentrée prochaine…

Ce texte nous a été transmis par une fabuleuse maman, Natalie.



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