Celle qui est à la fois maman copine, maman géniale, chouette et décontractée, qui organise des méga fêtes d’anniversaire au quotient calorique faisant péter tous les scores et qui autorise le dessin animé après le dîner ? Désolée, ce n’est pas moi : je ne suis pas une maman cool.
Désolée, les enfants, la maman cool, ce n’est pas moi.
Vous savez, la maman trop sympa qui invite toujours plein d’amis à la maison ? Celle qui ouvre sa porte à la moitié du quartier quand l’école est finie ? Celle qui invite des amis à coucher tous les week-ends ou presque pour faire plaisir à ses enfants ? Celle que tout le monde adôôôre car il y n’y a aucune règle quand vous êtes en visite chez elle ? Celle qui dit forcément oui au petit bonbon au retour de l’école ? Celle qui ne rouspète jamais quand elle se prend les pieds dans un Lego ou une paire de chaussons qui ne devraient évidemment pas se trouver dans son passage ?
La liste est longue mais encore une fois, désolée, mais cette maman “cool”, ce n’est pas moi. Je ne suis pas cette maman.
Cool de temps en temps
Ce n’est pas que je n’aime pas vos amis, ne vous inquiétez pas. C’est seulement que j’ai du mal à gérer quand il y en a trop en même temps. Même si vous êtes dans le jardin, même si vous êtes hyper sages… dès que vous êtes plus de quatre, je perds la tête, je n’ai plus mes repères. Eh oui, je suis un peu contrôlante, désolée : je suis comme ça. Je fais des efforts pour me rendre plus cool mais honnêtement, je sens que je vais à l’encontre de ma nature profonde.
Celle de la fille qui aime les règles parce que ça la rassure, et qui passe son temps à les rappeler.
Vous le savez bien, je suis prête à faire une entorse à mon désir de routine et de stabilité quand arrivent vos anniversaires. Si je me fais un peu violence, c’est que j’aime par-dessus tout voir votre joie, mais honnêtement, les anniversaires avec vos copains, ce n’est pas la partie de ma vie de mère que je préfère.
Ambivalence maternelle
Et en même temps, je me vois souvent m’inquiéter de votre vie sociale : « Ont-ils assez d’amis ? Est-ce que j’en fais assez pour qu’ils en aient ? »
C’est là qu’entre en compte une composante majeure de ma façon de vivre la maternité : l’ambivalence. Oui, en général, vous savez que le dessin animé après le dîner, c’est mort. Sauf de temps en temps. Vous savez également que les bonbons en rentrant de l’école, c’est mort aussi. Sauf de temps en temps.
Il ne se passe pas un jour sans que je me demande si je suis suffisamment alignée tout le temps.
Si je vous offre assez de sécurité au quotidien en ne changeant pas d’avis comme de chemise, en maintenant un cap qui vous sécurise assez, entre ce qui est permis et ce qui ne l’est pas, entre ce qui est possible et ce qui ne l’est pas. Oui… mais. Je pense aussi que parfois, la sacro-sainte règle disant que “le parent ne doit JAMAIS changer d’avis” ne peut ni ne doit être appliquée à la lettre tout le temps. J’ai donc emprunté à Agnès Labbé — auteure du très bon livre L’éducation approximative — ma propre version de cette règle : je suis approximativement tout le temps du même avis.
Je suis approximativement toujours d’accord pour ne pas ouvrir le sachet de bonbons en rentrant de l’école. Je suis approximativement toujours d’accord pour ne pas autoriser d’écran en fin de journée. Je suis approximativement toujours d’accord pour ne pas inviter de copain à dormir en semaine. Je suis approximativement toujours d’accord pour ne pas reprendre un de vos copains quand il est chez moi et qu’à mes yeux, il fait n’importe quoi. Je suis approximativement toujours d’accord pour vous interdire de partir à l’école en jogging.
Mais pas tout le temps. Tout comme je ne colle pas non plus à une autre règle qui est censée régir la parentalité — plus archaïque celle-ci —, celle de l’infaillibilité parentale. Je ne suis pas une maman cool et quand je ne le suis vraiment pas — au hasard quand je me mets à hurler parce que franchement, ce petit morceau de Lego sur lequel j’ai marché au saut du lit m’a latté le petit orteil — je présente à mes enfants (et à mon Fabuleux aussi, hein, je ne suis pas avare) mes plus plates et sincères excuses.
Je ne suis pas cool, mais je le reconnais et je sais demander pardon quand je ne l’ai vraiment pas été.
Et si j’étais une maman approximativement cool, finalement ?
Chère Fabuleuse, tu l’auras compris : ce texte ne te donnera pas de recette toute faite pour atteindre la coolitude maternelle ni devenir une mère qui serait toujours et parfaitement d’accord avec elle-même. Mais j’espère qu’il t’aura permis de te sentir moins seule dans ta quête de la coolitude, ou qu’il t’aura révélé le plus important : tu n’es peut-être pas la maman la plus cool sur cette terre, mais tu es juste celle qu’il faut pour tes enfants.