Un cancer, un enfant différent : ces circonstances de ma vie, un peu particulières, m’ont longtemps poussée à me poser comme une victime de la vie. La fille qui n’a pas de bol. Celle qui « fait avec ». Celle, aussi, qui a peur de tout et qui, du coup, montre souvent les crocs. Celle qui se demande ce qui va encore bien pouvoir lui tomber sur la tête.
Une victime de la vie, ça ressemble à quoi ?
Une victime, c’est réactif : si le temps est beau, elle se sent bien. S’il fait moche, elle se sent déprimée et peu efficace.
Une victime dépend aussi de la “météo sociale” : quand on la traite bien, elle se sent bien; quand on la traite mal, elle se met sur la défensive et se renferme. Elle montre les griffes et agresse en retour.
J’ai perdu tant d’énergie à me lamenter sur ce que les autres pouvaient me faire “endurer” et à quel point ils pouvaient être injustes envers moi ! Bien entendu, l’héritage familial et les expériences, parfois douloureuses, de l’enfance et de l’adolescence ne sont pas pour rien là-dedans :
- dans mon enfance, j’ai souvent eu l’exemple de dire tout haut et très vite ce que l’on pense – quitte à blesser – mais sans réfléchir aux conséquences de cette attitude réactive.
- au collège, les leaders de ma classe m’ont malheureusement pris comme “souffre douleur” pendant une année entière, me faisant quotidiennement subir de petites humiliations.
Résultat : je me suis longtemps vue comme une victime, incapable d’indépendance émotionnelle. Ce qui m’arrivait était dur, injuste.
Les circonstances pilotaient ma vie.
J’ai ensuite passé un bon moment et dépensé pas mal d’énergie à briser ces chaînes émotionnelles, à me “libérer”, à m’affirmer et à faire ce dont j’avais envie quand j’en avais envie : la vie m’en avait trop fait baver. Mais là encore, j’étais très dépendante : je laissais le regard des autres dicter ma conduite et me pourrir la vie.
Puis, j’ai cheminé, pas à pas, vers une forme d’indépendance : un chemin au cours duquel je me suis libérée de cette dépendance vis-à-vis des circonstances ou des gens et qui me bouffait tellement. Je faisais à ma manière. Je voulais faire les choses toute seule, dans mon coin…pour que personne ne puisse me critiquer.
Mais j’oubliais un léger détail : cette indépendance ne correspond pas à la vie qui est faite d’interdépendance.
Et puis je me sentais épuisée par mes efforts pour être plus indépendante : remplir les dossiers de handicap toute seule et très bien, gérer mon activité de freelance pour relancer ma carrière après la parenthèse du cancer, construire mon couple bien comme il faut qu’il soit…
C’est là que je me suis perdue dans le perfectionnisme.
J’avais trouvé la parade : si je faisais les choses très bien, les gens me ficheraient la paix, ils ne me jugeraient plus ! Mais le perfectionnisme est toujours une recherche d’amour.
Un amour que l’on recherche désespérément à travers le filtre de l’approbation.
Et puis, au fil des rencontres et des échecs, j’ai cheminé vers une nouvelle étape : ne plus être réactive, mais proactive.
Être proactif, c’est quoi ?
Dans son best-seller Les 7 habitudes de ceux qui réussissent tout ce qu’ils entreprennent, Stephen Covey fait la différence entre les individus réactifs et proactifs :
“ Les personnes proactives portent en elles leur propre “temps”. Elles sont guidées par certaines valeurs et, si l’une de ces valeurs consiste à produire un travail de qualité, peu importe qu’il pleuve ou que le soleil brille.
Les réactifs dépendant également de leur environnement social, de la “météo sociale”. Quand on les traite bien, ils se sentent bien; quand on les traite mal, ils deviennent défensifs et se referment. Les réactifs fondent leur vie psychologique sur le comportement de leur entourage, autorisant ainsi les faiblesses des autres gouverner leur vie.
Les réactifs se laissent piloter par leurs impressions, les circonstances, les conditions, l’environnement. Les proactifs se dirigent en fonction des valeurs auxquelles ils ont sérieusement réfléchi, qu’ils ont sélectionnées, et qui sont devenues des valeurs internes. Ils restent toujours influencés par des stimuli extérieurs physique, sociaux ou psychologiques, mais leur réponse à ces stimuli, qu’elle soit consciente ou non, constitue un choix ou une réaction fondée sur des valeurs.”
Le livre de Stephen Covey m’a profondément éclairée sur ce chemin que j’ai décidé d’emprunter depuis quelques années.
Un chemin sinueux, avec des hauts et des bas
…mais au fil duquel je m’emploie à apprécier la vue plus que la destination. Un chemin sur lequel je ne suis pas seule, puisque j’ai des guides et des repères pour m’aider en cas de virage un peu trop serré : des amis chers, des personnes qui m’inspirent, et de temps à autre, l’aide d’un professionnel.
Chère Fabuleuse, ce n’est pas ce qui nous arrive, mais la façon dont nous y répondons, qui nous fait mal. Bien sûr, nous éprouvons parfois de la douleur physique (maladie), du chagrin (deuil, épreuve de la séparation), nous rencontrons des difficultés financières, des échecs professionnels et amicaux, etc. Mais notre caractère, la base de notre identité, ne s’en trouve pas meurtri.
“Nos expériences les plus pénibles forment le creuset dans lequel se coule notre caractère et se développe notre pouvoir intérieur, notre liberté de gérer ces difficultés à l’avenir et d’inciter notre entourage à agir ainsi.”
Stephen Covey
Ce qui importe le plus, c’est la façon dont nous répondons à ce que nous vivons. Je te laisse avec cette réflexion et j’espère qu’elle pourra t’aider intérieurement.