« Il y a des choses qui dépendent de nous, et d’autres qui n’en dépendent pas. » Ces quelques mots d’Épictète résument bien l’invitation du stoïcisme : accepter sereinement ce qui échappe à notre contrôle, tout en concentrant nos efforts sur ce que nous pouvons contrôler.
Qu’est-ce qui échappe à notre contrôle? Et à l’inverse, que pouvons-nous contrôler ?
J’adore la réponse de Darren Hardy : « Vous ne pouvez pas prédire ce qui va arriver dans la journée, mais vous pouvez contrôler comment vous la commencez et comment vous la terminez. »
Les quelques minutes après avoir ouvert les yeux le matin, et les quelques minutes avant de fermer les yeux le soir : voilà ce qui dépend de nous.
Le reste échappe à notre contrôle : la météo, les annonces du gouvernement, les boutons de varicelle, l’humeur du chat, les céréales renversées… Nous ne pouvons pas prédire si notre ado se lèvera du bon pied, ni si sa petite sœur acceptera d’avaler son petit-déjeuner, ni quelle quantité d’emails nous aurons à traiter. Nous ne pouvons pas prédire combien de temps il nous faudra pour convaincre les enfants de prendre un bain ni combien de temps pour les convaincre d’en sortir. Nous ne pouvons pas prédire combien de « j’ai soif » ni combien de visites imaginaires aux toilettes retarderont l’heure du coucher ?
Pourtant, nous pouvons contrôler comment nous commençons et comment nous terminons la journée.
Et je ne parle pas de te métamorphoser en mère parfaite, déesse de la routine matinale et gardienne de la routine du soir !
J’ai appris que le coucher des enfants de Marie-Antoinette ressemblait à un vrai spectacle : chaque soir, une longue cérémonie était organisée à la cour pour border ses enfants… une chorégraphie de baisers, avec des assistants, du public et toussa toussa. Je te rassure, je ne suis pas là pour te faire sentir minable avec ton pauvre Tchoupi va sur le pot, torché en 15 secondes pour ne pas rater le générique de L’Île de la Tentation.
Je m’abstiendrai donc de te prescrire une potion secrète pour réussir tes matinées, réussir tes soirées, bref réussir ta vie. J’ai quatre enfants, t’inquiète, je suis au courant : devenir maman, c’est souscrire un abonnement garanti incertitude. La seule chose dont tu puisses être sûre, c’est que rien ne se passera jamais comme prévu.
Alors si je t’écris, c’est simplement pour te rendre attentive à ceci :
- Tu peux contrôler ta première pensée au réveil ;
- Tu peux contrôler ta dernière pensée avant de sombrer dans le sommeil.
Et crois-le ou non, ça change la donne.
Avant de quitter la couette, tu peux sourire aux inévitables raz-de-marée qui s’abattront sur ta journée, et dire : « Pas grave, je sais surfer ». Et juste avant de tomber dans les bras de Morphée, tu peux dire : « Je suis Fabuleuse, et ma valeur ne dépend pas des cases que j’ai cochées aujourd’hui. »
Dans mon foyer, les pires crises ont lieu soit tôt le matin, soit tard le soir.
Pourquoi ? Pas seulement parce que le matin j’ai la tête dans le cul, et le soir la tête dans le brouillard ; pas seulement parce que ce sont deux moments où mon niveau d’énergie est inversement proportionnel à celui de mes enfants.
Surtout parce que (et j’ai mis du temps à le saisir), c’est au réveil et au coucher que mes enfants ont le plus besoin d’être rassurés. Le problème, c’est que pendant des années, ce besoin de réassurance appuyait sur mon douloureux besoin, à moi aussi, d’être rassurée.
Tôt le matin et tard le soir, parce que je ne profite pas de l’effet anesthésiant de mon affairement frénétique, je me sens vulnérable. Tôt le matin et tard le soir, j’ai tant besoin d’un « Je t’aime », d’un « Je sais », d’un « Tu vas y arriver ».
Alors j’ai décidé que tôt le matin et tard le soir, j’allais me prendre dans mes bras, et que j’allais me dire ces phrases-là.
Chère Fabuleuse, à l’intérieur de toi, il y a une petite fille aux yeux englués qui aurait tant besoin que quelqu’un l’attende au bas de l’escalier, pour lui dire : « Quelle joie de te voir ce matin », et pour passer tendrement la main dans ses cheveux ébouriffés.
À l’intérieur de toi, il y a une petite fille en pyjama qui aurait tant besoin d’encore un « dernier verre d’eau », d’encore un « dernier câlin », et d’une voix douce pour dire que tout ira bien.
Tu ne peux pas lui promettre que tout se passera comme prévu… mais tu peux lui promettre que tu seras là pour elle, chaque soir et chaque matin !
Et si Tchoupi va sur le pot te sort par les trous de nez, tu peux saupoudrer l’histoire du soir d’une bonne dose de fabulosité avec notre album jeunesse.