Les 7 ingrédients indispensables de la péridurale magique - Fabuleuses Au Foyer
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Les 7 ingrédients indispensables de la péridurale magique

la péridurale magique
Une Fabuleuse Maman 18 avril 2023
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J’ai vécu trois grossesses.

Pour chacune d’entre elles, j’ai fait la fière, la forte, et lorsque m’était posée la question du « avec ou sans péridurale », je répondais modestement « oh, j’ai envie d’essayer sans ». Bah oui, bon sang, ça doit quand même être faisable d’expulser de ton corps un petit colis d’à peine 50 cm et 3 kilos sans qu’on vienne te planter une aiguille longue comme un Paris-Vladivostok à quelques millimètres de la moelle épinière. Oui, franchement, je préfère ressentir et apprivoiser cette modeste souffrance au moment où mes entrailles se déchirent, que laisser un anesthésiste potentiellement exténué par sa garde me flinguer la moelle épinière.

Alors oui, j’ai joué les braves, jusqu’à ce que les déferlantes de contractions aient raison de mon entêtement et de mes jolies résolutions à base de « allons, allons, nos grands-mères s’en sortaient sans artifice et étaient au turbin quelques jours après ».

J’ai donc expédié la sage-femme chercher l’anesthésiste.

Après tout, pourquoi s’arc-bouter ainsi contre le progrès ? La péridurale, au final, ça te permet de raconter à tes copines que non, franchement, ce n’est pas si douloureux, que l’accouchement est un moment magique, waouh, ce que le corps d’une femme est capable de faire, c’est juste IN-CRO-YA-BLE !  

L’anesthésiste — fringant et ravi que je cède aux sirènes de l’accouchement sans douleur — m’a donc savamment piquée dans l’espace péridural. Il a fait ça très bien puisque je n’ai pas perdu l’usage de mes jambes. Mais si j’avais eu des supers-pouvoirs, j’aurais ajouté quelques ingrédients indispensables à l’exercice de la maternité. J’aurais inventé la péridurale magique. 

Premier ingrédient : une petite dose salvatrice de lâcher-prise. 

Joli concept à l’heure où ton bassin s’écartèle pour laisser passer un obus de plus de 4 kilos. Ces quelques gouttes de lâcher-prise, donc, annihileront les envies de meurtre sur la personne du père de l’enfant pendant l’accouchement. Oui, celui-là même qui te caresse les cheveux en te murmurant avec tendresse : « Ça va aller ma chérie. C’est super, tu te débrouilles très bien. Respiiiiiire. Oui, braaavo ». Non mais quelle outrecuidance ! Mon squelette et mes chairs se disloquent pour faire naître notre enfant et il me susurre à l’oreille que c’est « super » ? Avec la péridurale magique, tu accueilles sa bienveillance et sa bonne volonté manifeste avec reconnaissance et amour.

C’est chouette de pouvoir lui broyer la main sans qu’il se plaigne, non ?

Ce zeste de lâcher-prise te permettra aussi de résister à l’envie de lui concasser les côtes pour le sortir de son profond et bruyant sommeil alors que les pleurs de l’enfant secouent ta torpeur nocturne. La péridurale magique te fait voir le verre à moitié plein : l’enfant a besoin de bras ou d’attention et c’est toi qui vas les lui apporter, malgré la fatigue et l’impérieux besoin de rejoindre ton lit. Parce que tu es une maman. Même si tu rêves d’avoir le sommeil aussi lourd (et sourd) que celui de ton homme, ça reste sacrément chouette de réaliser que tes enfants, dès le plus jeune âge, ont une confiance inconditionnelle en toi et en ta capacité à répondre à leurs besoins. 

Deuxième ingrédient : quelques millilitres de bienveillance envers soi-même. 

Ça ne changera pas le reflet dans le miroir, mais la perception que tu en as. Finis le dégoût de soi-même et le découragement face à la balance dont l’aiguille capricieuse refuse de descendre de quelques crans. Tu as ce pantalon-test que tu n’oses même plus sortir de la penderie parce que, même en battant le record du monde d’apnée, allongée sur le lit, le bouton n’atteint pas la boutonnière. Grâce à cette dose de bienveillance, tu parviendras à te tenir face à ton miroir, face à l’image qu’il te renvoie et qui signifie simplement que tu n’es plus la même : tu as donné la vie ! Sans doute quelques petits capitons sournois te nargueront-ils, rivalisant de fourberie avec ton abdomen façon marshmallow. Eh bien, soit ! C’est un joli projet que d’avoir envie de retrouver sa forme et sa tonicité, mais pas autant que celui d’avoir fabriqué une nouvelle vie. Se souvenir de cela devrait te rendre un peu plus indulgente envers ce corps qui a hébergé un ou plusieurs habitants. 

Troisième composante de la péridurale-qui-rend-plus-facile-la-maternité : le silence. 

Des boules Quiès en injection, en somme, qui te donneront la capacité, de temps en temps, de te retrouver dans une bulle que rien ni personne ne peut venir percer. Dans ton petit havre à l’abri des turbulences de la vie familiale, tu pourras profiter d’un vrai moment de repos et de déconnexion. Toi-même avec toi-même. Tant pis pour la signature du cahier du jour, pour les cris qui résonnent dans le jardin et qui indiquent qu’un étripage fratricide est en cours dans le trampoline, pour la paire de baskets introuvable. « On peut toujours rêver ! » me diras-tu. L’injection miracle n’existe pas encore, mais s’offrir le luxe d’une mini-parenthèse silencieuse, c’est possible. Dans tous les petits tracas de la vie quotidienne, il y a rarement urgence vitale qui justifierait que l’on renonce à ces instants de répit. 

Rajoutons donc dans l’intraveineuse un peu de déculpabilisation ! 

On a le droit d’être sourde et oublieuse de la maisonnée. Elle ne va pas s’arrêter de tourner pour si peu… Et peut-être même que l’enfant distrait gagnera seul la partie de cache-cache avec sa paire de baskets !

Saupoudrons tout cela d’une bonne rasade de sommeil. 

La péridurale, ça endort la douleur. Moi j’aimerais qu’elle endorme mes enfants (et moi par la même occasion). À horaires fixes. Finalement, ce n’est pas pendant les premiers mois que le manque de sommeil m’a semblé le plus insupportable, parce que j’étais (plus ou moins) préparée aux nuits tronquées et aux plages de sommeil aussi rabougries que le jour polaire. En revanche, les nuits interrompues et les levers matinaux me sont devenus intolérables à mesure que les enfants grandissaient. Idéaliste que j’étais. Je croyais qu’ils allaient foncer sous la couette à 20 h pour en ressortir de bonne humeur une fois le soleil levé. Oh, bah non. Alertée en pleine nuit par les pleurs de l’un, les « Mamaaaan » suppliants de l’autre, je me suis déjà entendue grogner, à la limite de l’hystérie « mais vous allez finir par me laisser dormiiiiiiiiir ? J’en peux pluuuuus ! ». Mes vocalises nocturnes n’émeuvent personne, surtout pas l’homme. Je suis donc contrainte de me lever, d’aller courtoisement visiter l’enfant réveillé, qui, à 3 h du matin, se découvre une passion dévorante pour la lecture. « Moi lire, Maman. Lumière s’il-te-plaît ». Non, toi dormir, mon chaton. Dodo. C’est la nuit. Écoute, tout le monde fait dodo à cette heure-ci. D’accord ? « Non, maman. Toi dors pas ». CQFD. 

La recette ne serait pas complète sans quelques pipettes de patience à toute épreuve. 

L’histoire de ma vie : je me réjouis d’aller chercher mes enfants à l’école et je guette au portail l’apparition de leurs charmants minois en souriant béatement à l’idée de partager un moment privilégié sur le chemin du retour. Dans mes rêves, oui ! Mes filles se jettent dans mes bras et me refilent gentiment leurs sacs et leurs manteaux. Des bisous, des sourires, des « merci d’être venue nous chercher Maman, c’est trop cool ». Nous rejoignons alors la voiture, direction la maison. On n’a pas fait 250 mètres que ça y est, c’est Bagdad dans l’auto. Le ton monte, les accusations, les reproches sur qui a coupé la parole à qui, les coups de coude, les cris préludes aux pleurs orphelins de larmes. Mes mains crispées sur le volant, quelques respirations profondes — ce serait dommage de s’énerver, là, tout de suite — des coups d’œil agacés vers la banquette arrière. Je tente de me rappeler qu’aller les chercher à l’école était censé nous faire plaisir à toutes les trois, que j’ai prévu un bon goûter pour partager une pause mère-filles. Mes tympans à vif me racontent une autre histoire, ces quelques décibels ne vrillent pas que mes oreilles : ils atomisent mes attentes et mon enthousiasme. Les quelques vestiges de patience auxquels je me cramponnais s’envolent et je dévisse. Clignotant, coup de frein, stationnement sauvage. Le regard tueur dans le rétroviseur intérieur, menaçant, incandescent : « Vous allez arrêter, c’est pas possiiiiible. Je ne vais pas supporter vos cris plus longtemps ! C’est clair ? Ouiiiiii ou nooooon ? ». Plus un mot dans la voiture. Heureusement l’ingrédient magique « patience » permettra d’éviter chez toi toute scène comparable. 

Dernier ingrédient : quelques pilules spéciales « S.O.S. vie de couple ». 

Le pouvoir de ces pilules ? Te rappeler le fait qu’avant d’être parents, de traverser les affres du bouleversement induit par une naissance, les caprices énergivores du bas âge, les crises adolescentes et les disputes conjugales sur qui a raison ou tort (alors qu’en vrai, tu as toujours raison), avant tout cela donc, vous n’étiez que deux amoureux ravis de pouvoir se chamailler sur la destination du prochain week-end à deux et heureux de se retrouver le soir pour discuter de tout et de rien. Ça, c’était avant. Maintenant, autour de la table familiale, il n’y a plus de place pour une conversation adulte de plus de deux phrases. Et lorsque le silence est enfin roi dans la maison, il n’est plus l’heure de philosopher à deux, blottis l’un contre l’autre. Il est l’heure d’aller se coucher pour essayer de grappiller quelques heures de sommeil, juste après avoir expédié les questions logistiques sur le rendez-vous chez le dentiste et l’autorisation à signer pour la sortie nature de la plus grande. Waouh. Ce tourbillon de contingences matérielles risque d’engloutir toute velléité de vie conjugale « comme avant »… Alors il faut l’avaler, cette petite pilule « S.O.S vie de couple » et se souvenir que nous sommes homme et femme, puis couple avant d’être parents. Le bonus de cette pilule ? Elle garantit de trouver une fois par an les conditions nécessaires pour s’évader à deux, le temps d’un week-end.

Tous ces ingrédients magiques ne sont pas complètement introuvables.

Ils sont simplement fabuleux ! Et je te confie un secret bien gardé : même sans péridurale magique, être parents, c’est extra, malgré tous les cailloux sur le chemin. 

Ce texte nous a été transmis par une fabuleuse maman, Emilie.



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