Bien sûr, à chaque nouvel enfant, chacune a eu droit aux dictons maison : le premier bébé, c’est censé être facile parce qu’on en n’a qu’un, le deuxième c’est censé être facile parce qu’on est plus prise au dépourvu, et le troisième… eh bien le troisième n’est même pas un sujet.
D’ailleurs pour le troisième, tu ne reçois pratiquement plus de cadeaux de naissance,
Et ton Fabuleux pense tout juste à balancer sur les groupes Whatsapp familiaux :
Fabuleux : Tiens, et au fait, Jean-Kévin est né ce matin à huit heures.
Belle-Maman : Ah chouette. Et sinon, épaule d’agneau ou rôti de veau pour Pâques ?
Alors que toi…
Déjà, toi qui avais accouché en deux coups de cuillère à pot pour ton deuxième, tu as ahané pendant des heures sur la table d’accouchement, et ta sage-femme, très sérieusement, t’as expliqué que c’était normal :
« Eh oui, Madame Michu, votre utérus a accouché deux fois déjà, il est fatigué, il a moins de peps ».
Ça annonce la couleur pour les années qui se profilent…
En réalité, et là je ne parle que de ma propre expérience, ce troisième enfant fait valser tout l’équilibre familial.
À partir du troisième enfant, les parents sont moins nombreux que les enfants.
À partir du troisième enfant, tu es obligée de faire entrer un troisième réhausseur au chausse-pied dans ta voiture cinq places et tu mets dix minutes à boucler les ceintures de sécurité.
Quand ton troisième arrive, ça veut dire que ton aîné a grandi, et qu’il a des leçons, une kermesse, peut-être même des activités extrascolaires, un gala, des compétitions… Or toi, tu as deux petits à traîner à droite à gauche et tu tentes de suivre la cadence.
Quand ton troisième naît, ton aîné ne fait plus la sieste et tu t’époumones à crier des Chhhhhuuuuut tous les après-midi entre 14h et 16h.
Quand ton troisième naît, tu dois racheter beaucoup beaucoup d’habits de bébé, parce qu’après avoir été malmenés par bébé 1 et bébé 2, les bodies sont gris, les pyjamas troués aux genoux et les chemisiers ont l’air de serpillières.
Avec trois enfants, tu n’es plus invitée aux WE de copains, encore moins aux semaines de vacances entre jeunes parents, parce que tu fais partie des familles-nombreuses-envahissantes qui plombent le budget chocapic.
Avec trois enfants, tu es obligée de prendre deux chambres quand tu veux voyager en famille, et tu dois réduire le volume de ta trousse de toilette de 70% pour que tout rentre dans le coffre.
Avec trois enfants, tu commences à te poser la question de la place de chacun, de la nécessité d’accorder du temps à chaque enfant, tu culpabilises de faire de la gestion de troupe au lieu de t’adapter à leur personnalité unique.
Trois enfants, ça ne passe pas du tout comme une lettre à la Poste.
En tout cas moi, j’ai trouvé ça beaucoup plus difficile que deux, plus que un, et plus que quatre aussi. Oui, parce que la bonne nouvelle, c’est que même après avoir trouvé que trois, c’était beaucoup, on s’est dit que quatre, c’était un chouette projet.