“Si ce n’était pas le Corona, ce serait autre chose.”
Il me balance ça au petit matin, dans la salle de bain. La bouche pleine de dentifrice, j’essaie de gagner du temps.
“Hmm.”
Je n’ai absolument aucune envie de l’avouer, mais il a raison.
Si ce n’était pas le Corona, ce serait autre chose.
Oui, je suis fatiguée parce que les enfants n’ont pas école. Mais avant, j’étais fatiguée parce que ma fille ne faisait pas ses nuits ou parce que mes grands avaient chopé la gastro.
Oui, je suis stressée parce que professionnellement, c’est le moment le plus intense de l’année, et que ça ne pouvait pas plus mal tomber. Mais je suis aussi stressée quand j’agrandis mon équipe, quand je sors mes spectacles ou quand je publie mes livres.
Oui, je suis un peu sur les nerfs parce qu’on est tous enfermés à la maison. Mais quand on est trop longtemps en tournée, j’ai hâte qu’on rentre à la maison.
Oui, j’ai peur de l’avenir, parce que personne n’a aucun contrôle sur cette situation, et que personne n’a aucune idée d’à quoi ressemblera le monde de l’après Corona. Mais avec un peu d’honnêteté, je dois avouer que j’ai toujours peur de quelque chose (peur de la page blanche, peur de mon planning, peur de ne pas être assez présente, peur d’être seule, peur de ne pas être à la hauteur).
Et ça, mon mari qui se brosse les dents à côté de moi, il le sait mieux que personne.
Alors je déteste l’avouer, mais c’est vrai :
si ce n’était pas le Corona, ce serait autre chose.
Attention : je ne cherche pas à minimiser la gravité de la situation à laquelle nous devons tous faire face. Comme l’a écrit Rebecca Dernelle-Fischer il y a quelques jours :
“La pandémie que nous traversons est un traumatisme pour beaucoup d’entre nous. Je ne parle pas d’un léger vague à l’âme, mais d’une expérience traumatique qui bouleverse nos vies, nos croyances de base, notre société (…) Une expérience traumatique qui marque au fer rouge notre âme, notre santé mentale et physique.”
Oui, nous faisons face à une crise. Une vraie grosse crise. Le genre de crise qui n’arrive qu’une seule fois dans une vie (espérons).
Et prenons le temps d’y penser : qu’est-ce qu’une crise ? La manifestation brutale d’un problème qui était déjà là.
Cette crise du Coronavirus est le violent reflet, extérieur et soudain, de dysfonctionnements souterrains sur lesquels est bâti notre système depuis des décennies. Les décryptages sont unanimes : cette crise est la manifestation brutale de l’égoïsme capitaliste et de l’individualisme exacerbé, sur une planète saccagée.
Je ne suis pas analyste politique :
j’arrête là pour ce qui concerne la crise sanitaire et économique. Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est la crise intérieure que chacune de nous est en train de traverser.
Vous êtes des centaines de Fabuleuses à nous écrire pour nous raconter votre quotidien en ces temps mouvementés : merci pour votre confiance ! Je m’occupe de notre belle communauté depuis plus de 6 ans, et c’est un formidable poste d’observation.
Mon constat ?
Chez les Fabuleuses aussi, la crise du Corona vient révéler ce qui était déjà là.
- Celles d’entre nous qui étaient en proie à l’anxiété, sont submergées par la panique.
- Celles qui souffraient du stress de la to-do-list, ont l’impression que leur to-do-list va les engloutir.
- Celles qui avaient appris à prendre soin d’elles, parviennent à trouver des moments pour prendre soin d’elles.
- Celles qui s’étaient entraînées à pratiquer la gratitude, parviennent à trouver un peu de sérénité en se raccrochant aux petits cadeaux du quotidien.
- Celles qui avaient construit des relations apaisées avec leur conjoint et leurs enfants parviennent à limiter la casse, et même à passer de doux moments avec leurs proches.
Quand on presse une orange, on obtient du jus d’orange.
Quand on presse un citron, on obtient du jus de citron. Quand un être humain est mis sous pression, ce qui est à l’intérieur est révélé à l’extérieur.
Quand une crise arrive, elle manifeste à l’extérieur ce qui est déjà là, à l’intérieur.
Voilà pourquoi mon mari a raison : l’un de mes défis depuis toujours, c’est de gérer mes réservoirs intérieurs afin de limiter les effets de la peur — et en ce moment, ce défi est grossi sous la loupe d’une crise planétaire, qui ne fait que manifester une réalité qui était déjà là.
Comme dit plus haut, ça compte aussi pour le positif.
En voici un exemple : je suis plutôt du genre à ne pas me laisser abattre et à chercher des solutions hors de la boîte — et depuis le début de la crise, je me sens portée par ma créativité comme jamais.
Une crise est un miroir qui nous permet de voir, mieux que jamais, qui nous sommes, et où nous en sommes dans notre progression personnelle vers une vie plus consciente, plus apaisée, plus libre.
Et la bonne nouvelle, comme l’écrit Elizabeth Gilbert dans l’Empreinte de toutes choses, c’est que “plus grande est la crise, plus rapide est l’évolution.”
En ce sens, cette crise du Corona est un cadeau : elle nous met face à un choix.
Nous avons le choix :
- soit de nous laisser totalement submerger par l’anxiété, le stress, la peur — qui étaient déjà là, à plus petite dose, et que nous n’avions jamais appris à appréhender,
- soit de décider enfin d’apprendre à déjouer les mécanismes intérieurs qui nous font perdre les pédales quand quelque chose ne se déroule pas comme prévu.
Car soyons honnêtes : oui, cette crise est un sacré imprévu, qui vient chambouler toutes nos certitudes. Mais notre vie de Fabuleuse n’est-elle pas remplie d’imprévus ? Et notre réaction face à cette crise du Corona n’est-elle pas simplement la manifestation de notre capacité à rester calme et confiante, face aux imprévus de la vie ?
Chère Fabuleuse,
veux-tu laisser la vague du Corona te renverser, ou veux-tu surfer dessus pour progresser, apprendre et grandir ?
Chaque année au mois de mars, j’ouvre les portes du Village. Et plus que jamais, je suis convaincue que le Village est un formidable terrain de progression personnelle pour les Fabuleuses qui veulent aller de l’avant.
Voici l’un des dizaines de témoignages qui me sont parvenus ces derniers jours ; il m’a été partagé par Marika :
« Je suis équipée et même entraînée à mieux vivre cette situation de confinement ; j’ai des outils dans mon sac à dos pour m’accompagner. Le Village a été un sacré moteur pour mon évolution personnelle : je prends du temps pour moi, j’apprends à m’apaiser, j’ai plus d’énergie car j’ai appris à davantage me respecter… Bref, tous les modules sont bénéfiques.”