De tout temps, j’ai été une grosse lectrice. Enfant, j’ai lu et relu mes livres. Depuis mes albums cartonnés, jusqu’à la collection complète des J’aime lire de mon école (et pas juste pour les Tom-Tom et Nana), les Je bouquine de mon collège et en passant par toutes les déclinaisons dîtes junior des maisons d’édition : Folio Junior édition spécial (celles dans laquelle on pouvait trouver des activités liées au livre), Castor poche (l’édition « pour grand » de père castor), les Cascades de chez Hatier, et caetera, et caetera… La liste est sans fin et les possibilités de lecture semblaient alors sans fin.
Et puis, les études sont arrivées. Castor poche et Folio junior ont été remplacé par les éditions Pocket, 10/18, J’ai lu et Harlequin (parole de scout, la romance c’est le bien). Et aux heures de lecture « loisirs » tant aimée, il a fallu ajouté la lecture « studieuse ». Les traités, essais, biographies, et autres ouvrages de références sont venus tenir compagnie à mes héros préférés.
J’ai vu bien des lecteurs trébucher pendant cette période et peiner à trouver le temps de lire « pour eux ». Ils leur restaient les vacances, et l’espérance que l’âge adulte et le monde du travail leur libèreraient à nouveau le temps nécessaire pour se plonger avec délectation dans les pages d’un roman (ou d’une bande dessinées).
Mais l’âge adulte est traître, et offre lui aussi son lot d’embûches. Mais j’y étais arrivée. J’ai sauté à pied joint dans le monde du travail et j’ai continué à tourner les pages de mes romans, testant mes envies littéraires, affinant mes goûts, et partant en croisade pour défendre les couleurs plus ou moins acidulées de la romance sous toutes ses formes.
Puis, est arrivée la maternité et cette réalisation que mes habitudes de lecture allaient devoir drastiquement changer.
Car si vous riez jaune lorsque l’on vous conseille de « dormir pendant que lui dort » (genre, on n’y avait pas pensé), imaginez le regard perplexe des « donneurs de conseils » quand vous avez l’audace d’émettre un désidérata quant au fait que sa majesté l’empereur vous a fait vous interrompre 4 fois dans le dernier chapitre haletant de votre livre. C’est moche quand même, on allait savoir qui est le jumeau maléfique de Gérald !
Ainsi, poussée par l’envie et la nécessité de me raccrocher à un semblant de maîtrise de ma vie (alors que franchement, je suis tout à fait consciente de ma nouvelle position d’esclave de l’empereur), j’ai effectué des recherches et testé de nombreuses techniques pour pouvoir lire envers et contre tout.
Parce que oui, lire avec un nourrisson, Yes you can !
1. Écouter des livres
Beaucoup en VO de mon côté, où le catalogue est vaste et ou parfois j’ai la chance de tomber littéralement amoureuse de la voix du conteur. J’ai la chance d’être très sensible aux voix et d’arriver à me plonger dans une histoire aussi facilement que si elle était couchée sur des pages. L’Audiobook, c’est LA technique infaillible pour lire en donnant le biberon/changeant la couche/faisant la 12ème machine de la semaine.
Bonus 1 : Votre bébé profite lui aussi de la musicalité de la voix, de la langue utilisée. Il n’y a qu’à voir l’effet de certaines voix sur l’empereur. Je ne sais si cela vient des mois in utero où sa majesté a eu les oreilles abreuvées de voix aux accents britanniques, mais d’entendre Richard Armitage en VO, tout chocolat et velours, il babille, il commente, il est CALME ! Et ne parlons même pas de Matthew MacFayden qui nous refait la déclaration dans Orgeuil et Préjugés…
Bonus 2 : Les généraux en chef de familles nombreuses pourront même « lire » en conduisant les nombreux membres de leur familles à leurs divers impératifs (école/solfège/judo/macramé). Enfin, vous saurez ce qui arrive dans le prochain chapitre ! Nul besoin d’attendre 21h, quand toute la fratrie a le ventre plein, les cheveux qui sentent bon et les dents propres. Avec la magie de l’audiobook, le livre nous suit partout. Petit bémol qu’il me faut cependant souligner : éviter la lecture du Trône de Fer alors que les lutins sont dans la voiture avec vous. Sinon, je décline toute responsabilité lorsqu’arriveront des questions telles que « c’est quoi insecte ? » (faute intentionnelle), mais je vous imagine à la fois outrée et retenant un sourire…
Bonus 3 : La poésie prend un sens nouveau. Moi qui n’aimais pas cela, je me délecte des sonnets de Shakespeare clamés par les plus belles voix Britanniques ! La musicalité d’une langue a cela de formidable, elle se décline pour tous les goûts. Vous pourrez aussi trouver du théâtre en audio, avec des voies, des intonations, du sentiment et du suspense. Avouez que cela sonne plus glamour que le « tournez à gauche » de madame Tom-Tom (l’autre, celui du GPS).
2. Se procurer une liseuse
Ne criez pas au diable, pas tout de suite ! J’ai un véritable argumentaire maternel derrière cette déclaration scandaleuse. Je suis la première à entretenir une relation charnelle avec mes livres. J’aime voir leur tranche vieillir avec le nombre de lectures, j’aime voir les collections se compléter sur mes étagères. Je suis la folle qui a transporté les 5 premiers livres que comptait la saga du cercle de pierre de Diana Gabaldon sur mon dos lorsque j’ai émigré un temps dans les îles britanniques. Mes livres, je les aime. Même s’ils m’ont cassé le dos et m’ont fâchée avec tous mes amis à chaque déménagement.
Mais étrangement, la liseuse, depuis la maternité, je ne peux m’en séparer. Et pas n’importe laquelle. Vous pouvez bien prendre la marque que vous voulez, mais il vous faut deux options : Wifi, ou 3G ; et petite lumière, soit dans la protection, soit de la haute technologie qui envoie des faisceaux de lumière rasant sur la surface de la page (pas de rétro éclairage).
Pourquoi ?
C’est bien simple. Avec une liseuse, vous pouvez d’un doigt tourner une page, changer de livre, en acheter un nouveau (grâce au Wifi susmentionné) tout en ayant le bras qui soutient la tête du bébé et l’autre main qui donne un biberon/le sein, le tout , au beau milieu de la nuit pendant que l’autre parent/esclave tente de rattraper les centaines d’heures de sommeil en retard.
Cela marche aussi avec un bébé qui aurait besoin d’une main caressant son ventre pour consentir à s’endormir, la tête posée sur l’autre bras, réduisant le parent à l’immobilité complète pendant la durée de la sieste (toute ressemblance avec des faits réels et bien entendu intentionnelle).
Un livre, vous pourrez le snifer autant que vous voudrez, il vous faudra une main pour le tenir et une autre pour tourner la page, à moins que vous ne soyez en mesure de me dire que vous êtes l’enfant caché de Jean Grey et Yoda.
Et je ne sais pas pour les vôtres, mais la lumière de ma table de chevet a cette étrange propriété. Elle n’éclaire pas bien le livre mais envoie un rayon de lumière blanche direct sur le visage du bébé.
3. Se plonger dans la littérature enfant
Oui, certes, lire pour la cinquantième fois les aventures trépidantes de Sam Sam ne remplacera pas un bon polar de Peter May. Mais voyez cela comme un investissement sur le futur. Plus l’initiation se fait tôt, plus vite vous pourrez vous asseoir avec un livre sur votre canapé et espérer que le minimoy qui vous regarde assis sur le tapis en versant ses boites de cubes sur le tapis vous laisse tranquille. Voire même, qu’il laisse les cubes et qu’il prenne un de ses livres (à la suite d’une sélection qui impliquera bien entendu de vider la totalité de sa bibliothèque sur le sol) avant de s’installer à côté de vous, son livre sur les genoux et son doudou à la main. A ce moment là, vous aurez le droit de couiner, avant de retrouver votre chapitre.
Et puis, se plonger dans la littérature enfant, c’est découvrir des livres absolument hilarants et replonger dans sa propre enfance, celle-là même qui nous a donné le goût à la lecture. Alors oui, chers parents, lisez ! lisez !