L’enfant invisible - Fabuleuses Au Foyer
Vie de famille

L’enfant invisible

Rebecca Dernelle-Fischer 29 avril 2020
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Quand la porte se ferme derrière lui, il est à la maison mais pas en sécurité. Il cherche les indices : est-ce que ça va tomber ? Est-ce que la main de papa va se lever et s’abattre sur son petit corps sans crier gare ?

L’enfant invisible… cache ses bleus parce qu’un parent qui frappe a sûrement eu une raison. Les adultes ça montre l’exemple, alors le coup inattendu, c’était probablement de ma faute, mieux vaut me taire et mentir (et il se redit tout bas : « C’est de ma faute à moi »).

Et derrière les portes fermées, il est bien seul, l’enfant invisible.

Oublié.

Peut-être que certains ont oublié que tant d’enfants partent à l’école le ventre vide et n’ont leur repas chaud que grâce à la cantine de l’école. À la maison, c’est peu, ce qu’on lui donne : des pâtes peut-être et des frites froides.

Il est invisible, cet enfant, parce qu’on ferme les yeux.

Depuis des jours, depuis toujours, le soir, personne pour le bercer, lui dire de faire de beaux rêves parce que sa maman joue sur internet  et qu’elle a oublié qu’un enfant, ça n’est pas assez grand pour s’occuper de soi et encore moins de ses petits frères et soeurs.

Et personne n’entend l’appel à l’aide des petites filles dont on n’a pas respecté l’enfance, et dont on nie, dont on salit le corps qui crie pourtant si fort.

J’ai mal à l’enfance maltraitée, qui hurle sans bruit derrières les portes fermées.

CONFINEMENT… on ment… on meurt de mille morts dans certains de nos foyers, chaque jour, en secret.

Alors s’il te plaît, ouvre les yeux et cherche l’enfant invisible qui est peut-être tout proche de toi. Tu sais, je ne te dis pas ça par amour du mélodrame.

Ces enfants, je connais leur histoire :

ce sont leurs parents d’accueil que j’accompagne qui m’en ont parlé en supervision. Les frites froides et les repas fait uniquement de pâtes jusqu’à l’âge de 4 ans, ce n’est pas pour faire tape à l’œil. C’est pour demander aux adultes que nous sommes de ne laisser aucun enfant devenir invisible.

Si tu es une institutrice qui s’inquiète pour certains de tes élèves, appelle-le peut-être de temps en temps, juste pour montrer qu’il y a un adulte bienveillant dans son entourage. Si tu es la tante ou la voisine qui s’inquiète, mêle-toi de ce qui ne te regarde pas, il y a des lignes téléphoniques qu’on peut appeler pour en parler (et oui, on peut partager un doute sans accuser directement et il y a des professionnels qui peuvent intervenir pour aider ces familles et ces enfants).

Fais ta Fabuleuse, ouvre les yeux… pour qu’aucun enfant ne reste invisible!

N’hésite pas à appeler ces numéros :

Et si c’est toi qui es au bord du gouffre parental, si tu te sens glisser dans un burn-out qui te fait oublier dangereusement les besoins et les limites de tes enfants : tu n’est pas seule, tu peux aussi faire appel à l’aide.

  • En Belgique, appelle SOS Parents au 0471/414 333
  • En Suisse tu peux appeler le 021 644 20 32
  • Et en France, tu peux écrire un mail à jecraque@lecoledesparents.com

Fabuleuses : nous voulons faire la différence pour les enfants qui nous entourent ! N’ayons pas peur de faire appel à l’aide.

On est très nombreuses à jouer avec nos limites, alors parfois on a aussi besoin d’une écoute ouverte et généreuse qui nous permettra de retrouver des forces.

Soyons vulnérables, authentiques et courageuses !



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Cet article a été écrit par :
Rebecca Dernelle-Fischer

Psychologue d’origine belge, Rebecca Dernelle-Fischer est installée en Allemagne avec son mari et ses trois filles. Après avoir accompagné de nombreuses personnes handicapées, Rebecca est aujourd’hui la maman adoptive de Pia, une petite fille porteuse de trisomie 21.
https://dernelle-fischer.de/

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