L’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée est un grand sujet pour les femmes du XXIème siècle, celles qui veulent tout vivre : une vie de couple épanouie, une vie de famille heureuse, une vie professionnelle riche, une vie sociale nourrie.
Cet équilibre, souvent, est imaginé comme un but à atteindre, un état mystérieux mais puissant d’où la vie serait facile à vivre, durablement.
En bref, l’équilibre est vu comme une solution.
Sandra a décidé de quitter son emploi de salariée pour s’installer en tant que free-lance. Elle espère ainsi pouvoir choisir ses horaires de travail, ce qui lui permettra d’être plus disponible pour sa vie de famille. Elle me contacte quelques mois après s’être installée en tant que professionnelle indépendante. Elle est affolée :
« Je ne m’attendais pas à un tel afflux de clients dès le départ, je bosse tout le temps, je suis super tendue avec mes enfants, la maison est en bazar, il faut que je revoie toute mon organisation pour trouver l’équilibre ».
Avec Sandra, nous travaillons à identifier ce que veut dire cette notion d’équilibre pour elle.
Elle rêve d’un rythme de vie où les tâches soient réparties à égalité entre ses enfants, son conjoint et elle, où “tout roule” au quotidien, où elle puisse travailler quand elle veut, et qui soit une garantie contre les coups durs, du moins qui lui permette de les absorber sans trop de casse.
En l’écoutant, je pense à une peinture. Certains artistes, grâce à un parfait agencement des couleurs, des formes, et des matières, parviennent à l’équilibre. Un équilibre que l’on appelle beauté.
S’il est synonyme de beauté en art, l’équilibre est synonyme d’harmonie dans la vie.
Nous aspirons toutes à l’harmonie.
Mais contrairement à l’artiste, pour qui l’équilibre constitue un but en soi, la route devient plus claire pour Sandra au moment où elle envisage cet équilibre non comme une fin mais comme un moyen, un moyen de vivre ce qui compte pour elle, à sa façon.
L’équilibre vie pro/vie perso n’est pas une répartition égale des tâches et des temps qui offrirait une garantie contre les coups durs ou les imprévus.
Il naît de questions de fond qui répondent au besoin de sens de chacune :
- À quoi je carbure ?
- Qu’ai-je envie de vivre cette année ?
- Qu’est-ce qui compte plus que tout pour moi, dans la vie ?
Sandra réalise qu’elle est ravie de travailler pour tous ces clients, et que c’est cela qu’elle va privilégier pendant quelques mois. L’assumer lui permet d’en parler avec sa famille, de prévenir ses enfants de son peu de disponibilité à venir, d’en déléguer la garde, de prévoir une semaine de vacances en famille dans un lieu exceptionnel à la fin de l’année… et de se tenir prête à tout changer si besoin !
L’équilibre est une stabilité relative, dont les critères se modifient au gré des changements de lieux d’habitation, d’âges des enfants, de boulot etc..
L’équilibre est une articulation imparfaite dont on espère qu’il permette d’être tout à ce qu’on vit dans les différentes facettes de nos vies.
Il est un mouvement sous tendu par une conscience de ce que je veux vivre, une connaissance de mes limites et de mes besoins.
Il est une recherche permanente, dans l’acceptation de ce qui arrive, y compris de déstabilisant.
Il arrive que d’anciennes clientes me contactent à nouveau quand elles traversent un déséquilibre passager qui les met à rude épreuve : une expatriation, un changement de boulot, une grossesse surprise…
Beaucoup d’entre elles s’inquiètent alors, vivant comme un échec le fait de ne pas parvenir à maintenir un équilibre retrouvé grâce à l’accompagnement vécu avec moi.
Et pourtant, loin d’être un échec à mes yeux, cette situation est une étape bien naturelle de la vie.
Les crises ont une fonction de régulation.
Si elles surviennent dans une phase de long fleuve tranquille dont elles altèrent assurément l’équilibre, n’est-ce pas pour organiser un renouveau parfois salutaire ?
Sandra, qui pensait résoudre la question de l’équilibre en quittant son job, en a bien pris conscience au moment de se poser avec moi les questions de fond qui seraient les piliers de son emploi du temps du moment.
Le tout petit qui apprend à marcher cherche l’équilibre, sans quoi il ne pourra pas marcher. Il se lève, tangue d’un côté, de l’autre, tombe et se relève. Un jour, enfin, il peut se tenir debout. Et que fait-il de cet équilibre trouvé ? Reste-t-il pour toujours immobile, droit comme une flèche ? Non bien sûr, il sait que pour aller chercher ce jouet là-bas, il doit se mettre en déséquilibre. La marche n’est-elle pas un jeu incessant d’équilibre et de déséquilibre ? Et c’est bien cela qui permet d’avancer !
Pour avancer, trois points me paraissent importants :
- Garder en tête que l’équilibre vie pro/vie perso est à renégocier souvent, en fonction des aléas de la vie, mais aussi des changements d’âge et de besoins de vos enfants, de votre conjoint et de vous-même.
- Votre équilibre du moment dépend de vos réponses aux questions de fond évoquées plus haut.
- Ne pas craindre les déséquilibres, même s’ils sont désagréables, mais y voir un signe de la vie qui toque à votre porte avec un paquet-surprise pour vous, souvent un cadeau, même s’il vous semble bien mal emballé…
