"Guide de survie aux 100 jours après l'accouchement" - Fabuleuses Au Foyer
Maman épuisée

« Guide de survie aux 100 jours après l’accouchement »

Marie Chetrit 10 mai 2021
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Agnès Labbé, maman de quatre enfants, tire de son expérience parentale des billets hilarants qu’elle publie sur son blog ou sur son compte instagram (@quatre_enfants).  Après « l’Éducation Approximative », guide éducatif décomplexant, elle récidive avec un nouvel ouvrage, « Guide de survie aux 100 jours après l’accouchement », aux Éditions Marabout : toujours aussi drôle et décapant, mais plein de tendresse.

Après L’Éducation Approximative, davantage axé sur l’éducation positive appliquée dans la vie réelle, tu remontes à la genèse de la maternité avec ce livre. Quelle est la réflexion qui t’a menée à son écriture ?

Il m’a fallu du temps pour accepter qu’après mes jumeaux, je n’aurai plus de bébé. Le « deuil » du petit dernier a été un processus long et compliqué et me replonger par l’écriture dans le post-partum fut peut-être une façon pour moi de tourner définitivement la page. Aujourd’hui, mes plus jeunes enfants ont 7 ans, et je suis depuis persuadée que notre famille est au complet. Cette sérénité m’a permis d’écrire sur le post-partum, période qui a toujours été très difficile à vivre pour moi, tant sur le plan physique que sur le plan émotionnel. J’aurais été incapable d’écrire ce livre plus tôt. Je n’étais pas prête. Une prise de recul par rapport à ma propre histoire de la maternité était nécessaire pour pouvoir aborder cette étape si particulière avec le ton qui me semblait à la fois juste, bienveillant et éclairant.

Y-a-t’il une « romantisation » de la maternité, à ton avis ? Quel est le danger pour une jeune maman ?

La maternité a toujours été « romantisée » par la société. La Mère avec un « M » majuscule véhicule une image quasi sacrée. On attend d’une mère qu’elle fasse passer les besoins de son enfant avant les siens, qu’elle y consacre son temps et qu’elle fasse passer ses désirs et ses projets en second plan, parce que c’est ce qu’on attend d’une Maman. Et c’est vrai que l’arrivée d’un nouveau-né modifie complètement les priorités.

Beaucoup d’entre nous, moi la première, n’aspirent qu’à se laisser absorber par cette parenthèse enchantée avec leur nouveau-né. Le danger est évidemment de s’oublier dans l’aventure, et de ne plus avoir suffisamment de ressources internes pour répondre aux attentes si nombreuses d’un bébé.

Tu parles de ces projets de naissance et de ces feuilles de route très précises qu’ont en tête les jeunes parents, qu’il s’agisse de la manière dont se déroulerait l’accouchement, mais qui concerne aussi la nourriture, le sommeil, l’éveil des bébés. D’après toi, le fait de prévoir tout de manière aussi précise peut-il présenter un risque pour les parents ?

Écrire une feuille de route ou un projet de naissance est une bonne idée. Cela permet de se projeter et de construire sa propre vision de ce que l’on souhaite pour son accouchement ou ensuite pour son enfant. Cela aide à appréhender chaque étape à venir, d’ouvrir le dialogue avec l’autre parent, et ainsi de voir si on est en phase. 

Mais une fois que vous avez rédigé vos souhaits, je conseille de plier ce projet de naissance et d’en faire un éventail ou un cale-porte, il sera plus utile comme cela. En effet, la réalité rattrape généralement très vite les jeunes parents et le fossé entre ce que l’on souhaite et ce que l’on fera réellement est aussi large qu’un col ouvert, et il n’est pas question de se mettre des bâtons dans les roues ! Vous vouliez accoucher sans péridurale, raté, vous vouliez que le petit n’ait accès qu’à des jouets Montessori en bois de hêtre, encore raté. Eh bien tant pis, voire tant mieux !

Être parent demande une souplesse d’esprit et un niveau d’adaptabilité sans précédent, autant commencer tout de suite ! Plus sérieusement, si vous avez envie d’un projet de naissance, foncez, mais en gardant bien en tête qu’il ne s’agit pas d’une wish-list et que vous ne pourrez jamais tout maîtriser, c’est la règle d’or de la parentalité !

Tu lèves le voile sur un certain nombre de tabous de la maternité, comme les tranchées, les lochies, le transit intestinal après l’accouchement et toutes les modifications que subit le corps. Au final, faut-il en parler (au risque d’éteindre les vocations à la maternité) ou se taire pudiquement (et vendre du rêve aux jeunes mères) ?

Il faut en parler ! J’ai connu les violences obstétricales, j’ai connu la dépression du post-partum, j’ai connu le corps qui lâche après plusieurs mois de nuits blanches. J’ai traversé ça seule, persuadée de ne pas être à la hauteur. Je me souviens de cette tristesse, de cette colère et de ce sentiment immense de culpabilité qui m’ont tellement abimée durant cette période et même longtemps après.

Moi, la jeune maman à qui tout devait pourtant sourire, j’étais incapable de profiter des premières semaines avec mon bébé. Si j’avais su que tout cela pouvait arriver, si j’avais eu une idée de ce qui est normal après un accouchement, de ce qui l’est moins, de ce qui doit alerter ou au contraire de ce qui doit rassurer, cela m’aurait tellement aidée. C’est vraiment dans cet objectif que j’ai écrit ce livre. Informer, au plus près de la réalité, sans pour autant effrayer car j’essaie de donner les pistes à suivre pour s’en sortir. Et contrairement à ce que l’on peut croire parfois, les femmes ne sont pas effrayées quand on leur offre un discours de vérité, elles sont juste mieux armées pour dépasser les difficultés. Les femmes ne sont pas des petites choses à protéger. 

Ton ouvrage est très centré sur la place de la maman, contrairement aux ouvrages « classiques » qui s’intéressent surtout au développement du bébé. On sent tout au long de ton livre le souhait d’être réaliste tout en dédramatisant.

Les guides « classiques » sont nombreux et très complets. On connaît bien maintenant les différentes phases de développement des bébés. On écrit sur les neurosciences, sur les méthodes Montessori etc … de nombreux auteurs se sont penchés sur les besoins des enfants. On est moins nombreux à s’intéresser aux besoins des parents, et notamment à ceux de la maman.

Aujourd’hui, j’aime l’idée de faire passer la mère au premier plan ! On demande tant aux mères de notre génération : de s’épanouir professionnellement, de faire attention à son apparence, de veiller à bien faire grandir ses enfants, de coordonner les emplois du temps, d’être vigilante sur ce qu’ils mangent,  de leur proposer des activités régulièrement, de les sensibiliser sur les dangers des écrans, d’aborder avec eux la notion de consentement… c’est sans fin. Personne n’a les épaules assez larges pour supporter tout le poids de ces nouvelles responsabilités, alors je suis persuadée que replacer la mère au centre des attentions est une des solutions.

Tu es très présente sur les réseaux sociaux. As-tu été témoin d’une certaine pression exercée sur les femmes, qui les angoisserait dès avant la naissance ?

L’image “romantisée” de la mère dont on parlait plus haut est source de pression, et est évidemment mise en avant sur les réseaux sociaux où pléthore de comptes d’Instamums valorisent l’idée d’une « sur-maternité », c’est-à-dire une maternité où la mère est toute puissante, entièrement dédiée à son rôle. Mais je suis convaincue de l’effet loupe d’Instagram. Mon fil est rempli d’auto-entrepreneuses qui arrivent à vivre de leur passion tout en ayant le temps de faire des DIY avec leur progéniture, or les mères, dans leur écrasante majorité, n’ont pas cette vie-là. Il faut en être très conscient. Pour ma part, j’applique la méthode Mari Kondo sur Instagram. Les comptes qui m’apportent quelque chose de positif (du rêve, de la réflexion, de l’humour…), je garde, mais dès qu’un compte me met mal à l’aise, m’agace ou me rend envieuse, je supprime ! Pas de bâton dans les roues, on a dit !

Agnès Labbé, “Guide de survie aux 100 jours après l’accouchement”, Éditions Marabout, 16€90



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Cet article a été écrit par :
Marie Chetrit

Scientifique de formation et de profession mais littéraire de cœur, Marie Chetrit partage sur son blog de petits textes sur les moments rigolos ou exaspérants de sa vie familiale. Elle et son fabuleux époux ont chacun un grand d’une première union et deux petits diablotins ensemble.
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