Ce week-end, c’est la fête des pères, ta fête.
Toi et moi, on s’est quand même bien bouffé le nez. Entre nous, il y a eu des silences glacés, des colères, des incompréhensions en cascade. Et l’éloignement inéluctable, comme deux pingouins sur leur bout de banquise, séparés par le courant.
Il y a eu des vacheries, du pas vraiment joli, des « il passe son temps à » et des « elle n’arrête pas de raconter que ».
Mais tu vois, malgré tout cela, je n’oublie pas.
- Je n’oublie pas que tu es le premier que j’ai aimé assez fort, jusqu’à souhaiter faire ma vie avec toi.
- Je n’oublie pas que je t’ai dit oui, un jour de printemps.
- Je n’oublie pas notre joie, quand la deuxième barre du test de grossesse est apparue au petit matin, ni ton regard quand les battements d’un petit cœur ont résonné à nos oreilles, puis qu’un tout petit bébé a ouvert, quelques mois plus tard, sa bouche minuscule pour bailler sous nos yeux émerveillés.
Toutes ces premières fois, c’est avec toi que je les ai vécues.
Il nous a fallu du temps, pour arriver à enterrer la hache de guerre. Et puis nous avons tous les deux compris que nous avions mieux à faire de notre énergie que de l’épuiser dans des combats stériles, et dans le décompte méticuleux des minutes écoulées avec notre fille, comme si elle était un gâteau à partager scrupuleusement en deux parts identiques. Tous ces petits calculs ne pouvaient être un enjeu majeur dans nos vies.
Les années ont passé.
J’accepte de te regarder avec des yeux différents. Je ne renie rien de mon passé, je ne regrette rien, et sans toi, je ne serais pas celle que je suis aujourd’hui puisque notre relation m’a transformée.
Tout a un sens dans une vie, je le comprends maintenant. Les mauvais souvenirs s’estompent. L’amour entre nous n’a pas pu grandir, mais malgré cela il s’épanouit désormais dans cette jeune fille heureuse qui se sait aimée de nous deux, et qui nous sait, chacun, bienveillant pour l’autre.
Je te souhaite d’être aussi heureux que je le suis désormais. Alors aujourd’hui, tout simplement, je voudrais te dire merci. Même si je n’oserai sûrement pas te dire ces mots face à face…
…Je les pense au fond de mon cœur :
- Merci de ce beau bébé que nous avons eu ensemble.
- Merci d’avoir laissé notre fille en dehors de nos disputes.
- Merci d’être un père présent et attentif, un père qui éduque et pas seulement un père du week-end.
- Merci pour tes relations polies et cordiales avec mon mari.
- Merci pour ton regard affectueux sur les enfants que j’ai eus avec lui.
- Merci d’avoir choisi une femme qui est douce et gentille avec notre enfant.
Merci pour tout cela, qui me permet de dire aujourd’hui, en paix avec moi-même :
« N’oublie pas ma chérie, ce week-end, c’est la fête de Papa. »