Femme d'expat ou femme expat ? - Fabuleuses Au Foyer
Vie de famille

Femme d’expat ou femme expat ?

Hélène Bonhomme 19 juillet 2016
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Hélène Bonhomme, fondatrice du site Fabuleuses au foyer, est aussi chroniqueuse sur LePoint.fr. Enfants, couple, travail, maison… chaque semaine, elle partage ses impressions sur le quotidien des mères au XXIème siècle. Découvrez sa tribune sur le blog des fabuleuses !

Râleuse, oisive, gâtée, ou bien entrepreneuse, overbookée, créatrice, aux commandes de sa vie : qui est vraiment la femme d’expat… ou la femme expat ?

« Il y a toujours celles qui se plaignent de leurs employées de maison tout en se faisant manucurer au bord de la piscine. Mais en ce moment, parmi les femmes d’expat, il y a plein d’idées, beaucoup d’initiatives et pas mal de débrouille : du télétravail, des boutiques en ligne, des formations… », explique Mathilde, expatriée en Thaïlande avec son époux. « Trouver un emploi à Bangkok relevait de l’impossible. J’ai préféré lancer mon blog. » Ainsi a vu le jour My tailor is an expat, certainement l’un des plus drôles de la blogosphère féminine expatriée, où, au détour de mille clichés détournés, on fait la connaissance de cette grande incomprise expatriée.

Chéri(e), on s’expatrie ?

Dans son ouvrage Chérie, on s’expatrie ! Guide de survie à l’usage des couples aventuriers , qui vient de paraître chez Eyrolles, Alix Carnot expose différentes pistes pour conjuguer amour, carrières et expatriation : « La première configuration est celle, traditionnelle, où l’expatrié est un homme et où son épouse ne travaille pas, assumant les tâches administratives et familiales. À la surprise des nouveaux venus, ce modèle demeure largement majoritaire chez les expatriés. Il y a ensuite le modèle Tu es muté, j’adapte ma carrière : dans ces couples, l’un des deux devient le leader professionnel. L’autre le suit, sans renoncer à sa propre carrière, mais en cherchant à l’adapter. Certains couples expatriés tentent de mener deux carrières ambitieuses de front. Ce troisième modèle relève plutôt du mythe, car il est quasiment impossible à mettre en œuvre dans la pratique. »

Conjoint accompagnateur, le grand défi

« Il y a une certaine hypocrisie, poursuit Alix Carnot, à parler du conjoint accompagnateur au masculin : 91 % des conjoints accompagnateurs sont des femmes, qui, dans 60 % des cas, ne travaillent pas et qui, pour les autres, travaillent pour la plupart à temps partiel. D’un jour à l’autre, ces femmes doivent concilier leur identité de working girl avec une nouvelle posture qui se rapporte plutôt à celle de leur grand-mère ! Certaines sont ravies de lâcher leur job, ce qu’elles n’auraient pas pu faire en restant en France. Mais pour la majorité, le fait de devoir rester chez soi constitue un challenge personnel important. Il faut se réinventer, faire des deuils de certaines choses. C’est un tournant assez difficile à négocier. »

Femme expatriée, femme au foyer ?

Dans l’immense majorité des cas d’expatriation, on a changé de vie pour des raisons professionnelles : le travail est central dans les motivations comme dans les sujets de conversation. « Mais trouver un travail à l’étranger, c’est extrêmement compliqué pour de nombreuses raisons », renchérit Mathilde. Alors, quid des femmes expatriées qui ont sacrifié leur carrière pour suivre leur conjoint au bout du monde ? « J’ai vécu dans quatre pays avec mon mari. Lors des dîners où l’on se retrouvait entre expatriés, j’ai vu de nombreuses femmes blêmir lorsque la question leur était posée : Tu fais quoi dans la vie ? Être mise en position de devoir réinventer son identité, c’est vertigineux. Mais ce n’est pas impossible ! On peut dire que l’on a réussi lorsqu’on parvient à être le soi actuel, sans nier ce qu’on était avant. L’expatriation m’a lancé ce défi fou de réinvestir la sphère maternelle sans nier mes aspirations professionnelles. De cette expérience exigeante, je peux dire aujourd’hui que je retire une énergie incroyable, une immense liberté, l’impression d’être une personne beaucoup plus complète, d’être profondément moi. »

Expatriation et interdépendance

« Beaucoup de ces femmes rejettent leur statut de femme d’expatrié », explique Mathilde. À femme d’expatrié, on préférera donc « femme expatriée », car elle n’est pas supposée être une victime ni subir sa vie ! « En anglais, l’expression conjoint accompagnateur se dit trailing spouse, renchérit Alix Carnot : cette métaphore de la valise est épouvantable et insupportable. Je lui préfère largement la notion d’expat partner. J’aime cette idée d’être partenaires, de faire équipe en tant que couple et famille. En expatriation, l’un des conjoints a, certes, accepté de se mettre en danger, notamment au niveau de ses revenus, son patrimoine et sa retraite. Mais pour moi, les couples expatriés lèvent un tabou de notre époque : l’interdépendance. On ne peut pas conjuguer amour, carrières et expatriation sans interdépendance. Car si l’un des conjoints s’est mis en position de dépendance économique, l’autre s’est également mis en position de dépendance sur d’autres plans : réseau social, équilibre familial, vie de couple, rêves d’aventure… En fait, l’expatriation pousse à réinventer le couple d’amour qui dure. Tandis qu’en France, le couple où les deux conjoints travaillent est en cours de réinvention, la carrière internationale se réinvente encore plus. Il n’y a pas de modèle figé : chaque couple doit redéfinir son aventure.

Pour redéfinir votre aventure ou mieux vivre celle qui est déjà la vôtre, lisez Chérie, on s’expatrie ! Guide de survie à l’usage des couples aventuriers !



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Cet article a été écrit par :
Hélène Bonhomme

Fondatrice du site Fabuleuses au foyer, maman de 4 enfants dont des jumeaux, Hélène Bonhomme multiplie les initiatives dédiées au bien-être des mamans : deux livres, deux spectacles, quatre formations, la communauté du Village, une chronique sur LePoint.fr et un mail qui chaque matin, encourage plusieurs dizaines de milliers de femmes. Diplômée de philosophie, elle est mariée à David et vit à Bordeaux.

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