Casse–tête chez le chocolatier - Fabuleuses Au Foyer
Vie de famille

Casse–tête chez le chocolatier

Marguerite Bories 3 avril 2018
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Ces trois derniers jours ont été ponctués de chasse aux oeufs, de repas en famille et, je vous l’avoue, de beaucoup de stress pour moi ! Comment réussir une fête de Pâques qui saura réunir et satisfaire tout le monde ?

Mardi matin, 10h.

Ma fille aînée est à l’école, mon fils est à la crèche et la petite dernière commence son adaptation à la même crèche pour quelques heures.
Quelques heures de libre devant moi, quelques heures où je sens le besoin de me « consoler » de cette première séparation avec ma petite fille de 4 mois. Alors, pensant à Pâques qui approche, je vais chez le chocolatier choisir les œufs à offrir à mes deux aînés.

Je contemple les étagères avec gourmandise : poules, lapins, poissons, tortues… noir, au lait, au caramel… praliné, croustillant, pétillant… comment choisir ce qui leur fera vraiment plaisir ?

Outre les quelques petits œufs à cacher dans l’appartement, j’ai l’habitude de choisir pour chaque enfant un plus gros sujet en chocolat.
Bon, comme je les aime autant, il faut que le poids de chocolat offert à chacun soit le même. Mais comme je veux leur montrer qu’ils sont chacun unique à mes yeux, je ne vais pas leur offrir le même animal, mais choisir celui qui leur plairait le plus…

Voyons voir : la tortue serait bien pour mon fils qui aime jouer à la tortue en se cachant sous le panier de linge renversé. Du coup, que choisir pour ma fille ? La poule est vraiment jolie, mais elle pèse plus lourd en chocolat que la tortue… alors le lapin ? Je le trouve trop grimaçant. Donc il reste le poisson, après tout elle aime bien la mer et la plage. Sauf que le poisson est présenté dans un sachet alors que la tortue choisie pour mon fils est dans une boite. Elle va surement être jalouse… bon je referai un emballage moi-même à la maison.

Maintenant, quel chocolat ?

Mes enfants préfèrent le chocolat au lait mais je sais que leur père trouve très important de n’acheter que du noir car c’est moins sucré, meilleur pour la santé et avec un meilleur gout de chocolat. Bon : je vais donc prendre une majorité de petits œufs de chocolat noir mais quand même quelques uns au lait aussi…
Oh ! une toute petite poule au praliné… mon péché mignon… elle est toute petite et pas trop chère et puis avec la petite dernière qui est à la crèche j’ai vraiment besoin d’une petite poule en praliné… allez je me l’offre et j’en prends aussi une pour mon fabuleux du coup. Au chocolat noir bien sûr. Il verra que je pense aussi à lui. Allez je crois que c’est bon j’ai tout, je vais payer.
Zut, j’ai tout fait tomber par terre… une des poules est cassée. Pas grave, ce sera la mienne, la poule cassée. Voilà du moment que tout le monde est content dans la famille je peux bien prendre une poule cassée.

Voilà, je vais payer… 66 € ? pour des chocolats ??? Soudain, la culpabilité me gagne : je vais encore voir à la fin du mois que je ne suis utile qu’à dépenser l’argent que mon mari gagne… et il me dira gentiment de faire plus attention le moins prochain. Alors que je sors dans la rue, je cherche déjà des excuses : c’est le meilleur chocolatier de la ville, donc c’est bon pour la santé des enfants, et on les éduque aux bonnes choses. Et puis c’est Pâques, il faut fêter ça dignement et ce n’est qu’une fois par an ! Et puis j’avais vraiment besoin de ce petit quelque chose parce que la troisième démarre la crèche et que je reprends une mission. D’ailleurs je vais gagner un peu d’argent donc on peut s’offrir ces chocolats !

Au bout de quelques pas…

Je me rends compte que cet achat qui devait être une sortie agréable dans ma matinée est devenue un enfer : j’ai peur de n’avoir pas choisi ce qui fera plaisir à mes enfants (de toute façon ils voulaient des œufs Kinder avec le joujou moche à l’intérieur), peur de décevoir mon mari (parce que j’aurais trop dépensé, ou choisi trop de chocolat au lait, ou qu’il n’avait pas envie d’une poule au praliné…), et me voilà à culpabiliser.

Je pense tellement à chacun, j’ai tellement envie d’être aimée en retour de l’amour que je leur porte, que la moindre décision que je dois prendre devient un casse-tête pour plaire à tout le monde et ne décevoir personne.

« En fait, à travers ce bête achat, tu cherches à montrer à ton mari et tes enfants que tu es assez bien pour eux. Que tu es digne d’être aimée. Et cette petite poule cassée que tu t’offres, c’est parce que tu te dis que tu le mérites après tout, que tu en as besoin pour aller mieux, te sentir mieux, te faire plaisir. »

Oui mais : est ce que c’est avec une poule en praliné – cassée en plus – que je vais résoudre mon manque de confiance en moi, mon besoin d’affection, mes angoisses de maman, mes interrogations sur mon orientation professionnelle ? Est ce que c’est parce que j’aurais bien gâté mes enfants ou mon mari avec une tortue ou un poisson en chocolat qu’ils sauront à quel point je les aime ? Non.
Je me rends compte que je me suis pris la tête sur un truc qui n’en valait même pas la peine. Ça t’arrive à toi aussi ?

Je sais qu’en réalité mes enfants se sentent aimés quand :

  • Je construis une tour duplo avec eux
  • J’accepte qu’ils m’aident à préparer le déjeuner même s’ils en renversent beaucoup par terre
  • Je les prends sur mes genoux pour leur lire une histoire et leur faire des câlins
  • Je chante des chansons avec eux
  • Je les écoute avec patience

Je sais que mon fabuleux me trouve fabuleuse quand :

  • Je lui dit merci pour tout ce qu’il fait pour moi
  • Je lui dit je t’aime
  • J’ai confiance en lui
  • Je suis là pour lui
  • On regarde un film ensemble
  • Je me sens bien, tout simplement

Et je sais que pour que moi j’aille mieux, je n’ai pas besoin d’une poule au praliné mais plutôt de :

  • Papoter sur un banc de square avec une amie
  • Faire un calin à mon mari
  • Lire un bon roman
  • Faire des bisous à mes enfants
  • M’investir dans cette nouvelle mission qui va me valoriser
  • Comprendre que les petits plaisirs ne garantissent pas le bonheur… au contraire !
  • Dire merci chaque jour pour tous ces bons moments qui font que la vie est belle
  • Dire à mon médecin que je suis toujours fatiguée depuis mon accouchement et accepter son aide
  • Savoir que je suis juste assez fabuleuse… et que vraiment ça change tout
  • Et comme quand maman va, tout va, donc peu importe les chocolats, leurs poids, leur marque, leur couleur, nous passerons de fabuleuses Pâques en famille si j’apprends à m’aimer chaque jour davantage !


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Cet article a été écrit par :
Marguerite Bories

Diplômée d'une école d'ingénieur et dessinatrice depuis toujours, Marguerite Bories vit sa maternité comme une grande remise en question de sa vie professionnelle, familiale et personnelle. Maman en 2013 puis en 2015, elle décide de travailler en indépendant pour garder sa liberté et travailler à mi-temps et à domicile, dans le secteur culturel.

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