Sa communauté Facebook de 250.000 membres raffole du ton décalé et volontiers humoristique avec lequel elle évoque les aventures de la vie de maman. Conversation avec Caroline Fourment, aka “La Mère coupable”.
Caroline Fourment, qui êtes-vous ?
Je suis maman avant tout ! J’ai 3 enfants qui ont 15 ans ½, 12 ans ½ et 8 ans… et un conjoint.
Jusqu’à la naissance de mes filles, je travaillais dans une agence de marketing direct en tant que rédactrice. Ce métier que j’aimais beaucoup impliquait beaucoup de trajets au quotidien, je me suis donc installée comme rédactrice indépendante en travaillant chez moi. Il y a 9 ans, avec l’explosion d’internet, je me suis orientée vers la rédaction web, spécialisée dans la presse parentale.
Qu’est-ce qui vous a poussée à ouvrir un blog ?
J’aime travailler à la maison mais je suis assez bavarde et l’ambiance de bureau me manquait…pour éviter de parler aux murs, j’ai créé un blog de maman il y a presque 5 ans, pour pouvoir raconter mon histoire, mon vécu, mais aussi pour échanger avec d’autres mamans. J’avais envie d’écrire des choses plus personnelles.
Après la naissance de mon 3ème enfant, j’ai continué à travailler et j’ai pas mal développé ma page Facebook parce que j’aime ça. Les réseaux sociaux m’ont aidée à parler directement à mes lecteurs.
Mes expériences, les autres les vivent aussi, donc on partage énormément. Les femmes se reconnaissent.
En décembre 2016 et en décembre 2017, j’ai travaillé avec Kiabi pour créer deux collections de prêt à porter “Mère coupable”.
En parallèle, comme j’écrivais des billets de blog, j’ai participé au prix littéraire “Écrire au féminin” en décembre 2016. Ma nouvelle écrite à la sauce mère coupable, c’est-à-dire sous forme d’aveux, s’est retrouvée dans les finalistes, ce qui m’a permis de rencontrer des maisons d’édition. J’ai écrit le tome 1 de “La Mère coupable” en mai 2017 puis le tome 2 en mars 2018. Un troisième livre va bientôt sortir : le recueil des meilleures citations de la Mère coupable sur ma page Facebook.
Pourquoi ce titre, “La Mère coupable” ?
À la base, quand j’ai cherché un titre, je voulais parler des difficultés des mamans d’aujourd’hui de tout gérer : enfants, maison, conjoint, boulot, regard des autres… Moi, je voulais me démarquer parce que je pouvais faire des aveux sur mes failles.
La culpabilité des mamans d’aujourd’hui d’être « parfaite » est écrasante. Beaucoup de mères ont du mal à mettre des mots là-dessus, pourtant on est toutes pareilles : on vit toutes la même chose !
Ce titre “La Mère coupable” permet de prendre du recul et de relativiser ! Je suis d’un naturel positif et optimiste, donc je voulais un blog avec un ton un peu décalé, avec une identité forte, que l’on reconnaisse : je ne voulais pas du blog lisse et instagram…parce que dans la vraie vie ça n’est pas comme ça !
Avec ce titre, j’assume aussi un côté un peu “mauvaise mère”: la Mère coupable, c’est cet individu qui peut dans le même temps râler et faire des bisous, crier « Va dans ta chambre ! » et susurrer « Viens faire un câlin à Maman ». La Mère coupable, c’est une maman pleine de paradoxes inexplicables, qui tente de mener sa vie comme elle l’entend pour tordre le cou à la mère parfaite.
Votre page Facebook jouit d’un joli succès (250.000 likes) : comment expliquez-vous un tel engouement ?
Je ne m’attendais pas du tout à ça ! Je voyais le retour positif des mamans donc j’avais envie de faire mieux, d’aller plus loin pour les accompagner. Ce sont les réactions des mamans qui me poussent !
Le fait de se considérer comme une mère imparfaite devient un peu moins tabou, mais je pense que ma démarche fonctionne parce qu’elle est naturelle : je ne joue pas la comédie. Dans mes écrits, les mamans sentent que je suis comme elles.
Je reçois beaucoup de messages de mamans qui m’encouragent, et qui me confient également leurs difficultés. J’accueille des souffrances, ce qui n’est d’ailleurs pas toujours évident car je ne suis pas une professionnelle de l’écoute et de l’accompagnement. J’ai décidé de ne pas aller sur ce terrain, car ça n’est pas mon rôle. Je suis là avant tout pour partager mon expérience et pour faire sourire, pour que les mamans se sentent moins seules.
D’où vient votre inspiration pour les fameuses citations que vous postez ?
Dans la vie de tous les jours ! La vie est trépidante donc on ne s’y attarde pas, mais j’aime faire attention aux détails. Et comme j’ai trois enfants, les sources d’inspiration sont nombreuses !
L’âge apporte aussi du recul et permet d’autres approches. Je ne vis pas les choses de la même manière aujourd’hui que quand je suis devenue mère à 26 ans. J’étais plus stressée, j’étais dans l’inconnu. L’expérience nous aide à relativiser et elle nous inspire !
Cette expérience a-t-elle fait évoluer votre regard sur les mères ?
Je me suis rendue compte que beaucoup de mamans galèrent et ont du mal à prendre du recul sur le regard des autres, sur ce qu’il faudrait faire… Je leur dis qu’elles font de leur mieux, et je leur répète de ne pas faire les choses pour les autres, mais de penser à elles ! Pour moi, la mère “parfaite”, c’est celle qui sait prendre du recul et accepter que justement, elle n’est pas parfaite.
Auriez-vous un truc, une “astuce de Fabuleuse” pour survivre aux journées pourries ?
Prendre un bain et se couper de tout : fermer la porte à clé et mettre la musique à fond. Moi, c’est mon truc : j’appelle ça mon “voyage à Belle île en mère coupable” : un moment bien à soi où on peut s’évader !