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Vie de famille

Amoureuse (oui, mais d’un autre homme)

Hélène Dumont 1 février 2018
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L’entretien avait débuté de cette façon, à quelques mots près :

« Je suis sur le point de prendre un amant ; comprenez bien que je suis tombée amoureuse, sauf qu’il ne s’agit pas de mon mari. Et que malgré toutes mes convictions, le mariage, la fidélité… J’ai bien peur de ne savoir résister plus longtemps. »

La question de l’infidélité se pose au sein de nombreux couples

Elle n’est pas toujours actée mais déstabilise à chaque fois. Elle renvoie à la promesse de fidélité échangée et sur laquelle le couple a pu se construire et investir. Elle active à nouveau le souvenir de l’engagement pris, socle de confiance et de sécurité affective incontournable pour celles et ceux qui désirent cheminer ensemble le plus longtemps possible.

« Je ne peux expliquer ce qui m’arrive, poursuit-elle, ce n’est pas mon genre, mais là je craque. »

Je n’aurai pas la prétention de résumer en ces quelques lignes toute la complexité des processus pouvant conduire à l’infidélité, et je ne saurai jamais suffisamment insister sur la souffrance qui en résulte pour ceux qui la vivent ou qui en subissent les conséquences.

Aujourd’hui, je voudrai vous inviter à réfléchir, loin des discours moraux, sur ce qui, en amont, peut amener une femme à tomber amoureuse d’un autre homme, et vous donner quelques pistes pour appréhender ce sujet.

La tentation de l’infidélité naît dans un espace intime qui nous est propre à chacune, que nous portons en nous, et dans lequel nous n’osons pas toujours descendre, de peur de nous trouver confrontés à des questions déstabilisantes, sans réponses immédiates, ou bien si complexes que notre vie en serait profondément impactée.

Prenons un peu de temps pour faire un état des lieux de cet espace

Il y a de belles choses, celles vers lesquelles nous nous tournons parce qu’elles nous rendent joyeuses, sur lesquelles nous nous appuyons, parce qu’elles signifient que nous sommes des femmes de valeurs. Ce sont les beaux souvenirs, les désirs réalisés et ceux à venir, les rêves qui nous tiennent à cœur, nos petites et grandes réussites, les mots d’amours que nous avons donnés et reçus …

Et puis, dans un coin de cet espace, un peu caché, il y a toutes ces choses qui nous ont blessées, éprouvées, les rêveries qui nous effraient, les pensées négatives qui nous habitent de temps à autre, nos manques, ce qui nous fait souffrir et que l’on ne préfère pas regarder en face ou avouer.

Ainsi :

  •  Qui n’a jamais eu envie, un jour, d’envoyer balader boulot, maison, mari et enfants, tout ensemble ou séparément, ne serait-ce qu’un fragment de seconde ? Parce que la coupe était pleine. Parce qu’on était dans le trop. Trop de fatigue, trop de travail, trop de disputes, trop de solitude. Trop de tout et de « je ne sais pas quoi ».
  • Qui n’a jamais été déçue, même peu de temps, par cet homme choisi et aimé ?
  • Qui n’a jamais pleuré, ne serait-ce qu’une fois, seule dans son lit, de ne pas recevoir suffisamment de je t’aime, de présence, de câlins, de reconnaissance ?
  •  Qui n’a jamais pensé qu’avec un autre, la vie aurait peut-être été plus facile, plus drôle, plus rose ?
  • Qui n’a jamais déchanté, au petit matin, de cette vie de couple que l’on voulait légère et que l’on vit comme un boulet ? Problèmes de santé, problèmes d’argent, problèmes de boulot, la belle-famille qui s’en mêle, les déménagements à répétition, l’éducation des enfants… Nous ne sommes jamais à court de sujets qui fâchent.
  • Qui ne s’est jamais endormie avec l’inquiétude au ventre : « et si je m’étais trompée ? »
  • Qui ne s’est jamais regardée dans un miroir, même furtivement, pour se dire : « Eh ! Mais qu’est ce que je fais de ma vie, là ? J’en suis où ?»
  • Qui n’a jamais été réveillée, réchauffée, au regard d’un autre homme que le sien, sentir son désir monter, et penser immédiatement, avec culpabilité : « Zut, ce n’est pas bien » ?
  • Qui ne s’est jamais demandé, à demi-mot, où en était son désir de femme, dans les bras de ce mari adorable, certes, mais qui ne semblait pas se soucier pour deux sous de votre amour fougueux qui, lui, ne demandait qu’à s’épanouir et vous révéler ?

Ces moments de « ras le bol » sont normaux.

Ils font partie de cette vie imparfaite que nous vivons : le couple, celui de la vraie vie, n’est pas « photoshopé », il n’est jamais lisse.

Il y a des hauts et des bas

Cela fait partie de la relation. Le tout est de savoir accueillir ces mouvements et de les dépasser.

Les interrogations que cela provoque sont à percevoir comme de petites lumières rouge intérieures, qui se mettraient à clignoter pour nous transmettre un message :

« Prends le temps de te poser, et fais le point sur ce sujet. Ta vie est précieuse, et cela en vaut la peine ».

Dans ces moments de tumultes intérieurs, pas toujours apaisés, on voudrait parfois d’autres bras pour se consoler, se valoriser, exister en tant que personne. Il arrive également que l’on ne cherche rien, mais qu’au gré d’une rencontre fortuite, un élan amoureux nous saisisse, réveillant brutalement certaines de ces questions évoquées.

Le désir d’aimer et d’être aimée est un désir sain.

Mais l’infidélité induit une part de mensonge, envers soi comme envers l’autre, une fuite de ce que je vis, de ce que je suis.
Souvent, il traduit un mal-être, des peurs, un manque de confiance, une mauvaise estime, une insatisfaction, de l’ennui, une attente déçue dans le regard de l’autre.

J’ai envie de vous dire : « exit, la culpabilité ! » ; même si l’on doit reconnaître que c’est peut-être grâce à cette dernière que les femmes prennent le temps de s’interroger sur ce qui se passe en elles.

Il s’agira donc de se centrer à nouveau sur ce que je vis :

  • Pourquoi suis-je animée par ces mouvements, d’où vient cet élan amoureux que je ne souhaitais pas, que je n’ai pas vu venir ?
  • Qu’est-ce que cela dit de moi, de notre couple, aujourd’hui ?
  • À qui me fait penser cette personne ?
  • Que m’apporte-t-elle que je n’ai pas ?
  • Qu’est-ce qui m’empêche de me reconnecter à mes idéaux, mes valeurs, mes projets ?
  • Qu’est-ce qui m’empêche de partager avec mon mari, mon compagnon, ce que j’ai sur le cœur ?

Admettons : il est plus facile de l’écrire que de le faire. Mettre des mots vrais sur les nœuds qui nous habitent demande un peu de temps, et surtout beaucoup de courage et d’humilité. Loin d’être évidente, cette étape est pourtant nécessaire, elle permet de faire le point, d’identifier le malaise, de clarifier la situation.

Pour dire les choses autrement, le désir d’infidélité peut apparaître comme une tentative de réponse à une problématique qui se pose. Il est opportunité.

Je pense à une femme qui me disait :

« Je n’en peux plus de ma vie, j’étouffe, je n’ai aucun horizon. » Elle décrivait l’homme dont elle était tombée amoureuse comme étant « son étincelle », « sa respiration ».

Ce qu’il faut interroger, c’est ce manque de respiration évoquée. Est-elle une problématique personnelle (« Je ne suis pas bien en ce moment ») ou conjugale (« Notre couple est le théâtre de nos rancœurs ») ?

Faire le point en soi pourra mener au dialogue avec l’autre

Certes, vous pourriez me répondre :

  • Comment avouer cette part intime de ce que je vis en ce moment ?
  • Comment lui dire que je ne le désire plus ?
  • Je ne veux pas lui faire de mal.
  • J’ai peur des conséquences, des prises de tête qui pourraient en découler.
  • J’ai peur que cela ne renforce son mutisme et je serai déçue. De toutes les façons, il s’en fout.

Mais je peux vous dire, sans jugement, qu’il sera toujours moins difficile de reconnaître ouvertement un mal-être, des remises en question, que de vivre des amours infidèles qui finiront par vous diviser douloureusement. Personnellement et au sein de votre couple.

Le désir d’infidélité vient révéler votre désir de vivre, d’être heureuse, regardée, aimée, conquise, d’être femme. Il ne signifie pas forcément que vous devez passer à l’acte ou tout envoyer balader. Il nous rappelle que nous sommes mystérieuse et que nos émotions sont là, bouillonnantes.

Il nous oblige à entendre, toujours, que l’amour est une énigme, libre, et que le lien que nous avons tissé à l’autre a (ou a eu) suffisamment de prix pour qu’il puisse, sans l’idéaliser, valoir la peine d’être transformé.



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Cet article a été écrit par :
Hélène Dumont

Après avoir suivi un parcours de Lettres et Civilisations, Hélène est devenue professeur des écoles puis conseillère conjugale et familiale. Très attachée aux problématiques de l’articulation du maternel et du féminin, elle travaille aujourd’hui en cabinet libéral au rythme de sa vie de famille : un chouette époux et 6 enfants ! Elle est l'auteure du livre Terre éclose : la sexualité au féminin.
https://www.helene-dumont-ccf.com/

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