“Mes parents me faisaient des remarques quand j’avais de mauvaises notes, mais quand j’avais de bonnes notes, personne ne disait que c’était bien…”
Donner des signes de reconnaissance positifs aux membres de notre famille : une habitude pas très ancrée dans notre culture française, et pourtant primordiale ! Cette pratique, qui peut révolutionner le quotidien de ta vie de famille, nous est exposée par Yolande Ziegler-Schwab, psychopraticienne, coach de vie et maman de 2 garçons de 17 et 20 ans.
C’est quoi, un signe de reconnaissance positif ?
Yolande : Le concept est issu de l’analyse transactionnelle. Son fondateur, Éric Berne, définit un signe de reconnaissance, ou feedback, comme « Tout acte impliquant la reconnaissance de la présence d’autrui ». Le signe de reconnaissance est donc un message que j’envoie à l’autre, pour lui signifier que pour moi il existe, que je sais qu’il est présent : un bonjour, un sourire, un regard, une accolade, une écoute attentive, un compliment, un encouragement…
On pourrait comparer les signes de reconnaissance positifs à des calories psychologiques, et dire qu’ils sont aussi indispensables à notre survie psychologique que les calories le sont à notre organisme !
Il existe différents types de signes de reconnaissance positifs :
- les signes conditionnels, relatifs au faire (“Ton rapport est excellent”, “Bravo pour ton bulletin”)
- les signes inconditionnels, relatifs à l’être de la personne dans sa globalité (“Je t’aime”, “Quelle joie de te revoir!”).
Il y a aussi des signes de reconnaissance négatifs…
Yolande : Une critique, une remarque désobligeante, une méchanceté, voire une gifle… Tout cela, c’est une unité d’attention accordée à l’autre, c’est-à-dire que l’autre existe pour moi !
Il y a aussi deux types de signes de reconnaissance négatifs :
- ceux qui visent le “faire” (“Vous avez mal négocié cette affaire”, “Je crois que tu n’as pas assez travaillé ton devoir de physique”) et qu’il faut doser ;
- ceux qui visent l’être ( “Tu es nul”) et qui sont à bannir absolument !
Mais la critique ne fait-elle pas avancer ?
Yolande : Il ne s’agit pas de ne jamais reprendre l’autre, de ne pas dire ce qui ne va pas. Mais le problème, c’est qu’on a tendance à n’être que dans le négatif, à ne relever que ce qui ne va pas ! Tellement de personnes que j’accompagne me disent : “Mes parents me faisaient des remarques quand j’avais de mauvaises notes, mais quand j’avais de bonnes notes, personne ne disait que c’était bien”. On est un peu dans une culture du « peut mieux faire » !
Ce que je crois, c’est que les retours positifs et les encouragements me donnent dix fois plus envie de m’améliorer que n’importe quelle critique !
Cette pratique n’est-elle pas un peu hypocrite ?
Yolande : Attention, il ne s’agit pas d’être “lèche botte”, de flatter l’autre, de le manipuler : un signe de reconnaissance doit toujours être sincère !
Plus vous êtes précise et factuelle , plus vous serez aussi authentique.
C’est évidemment toute une nouvelle mentalité à développer puisqu’elle se situe à l’opposé de notre culture française ! Il s’agit d’apprendre à voir le positif chez l’autre et à le lui dire.
Est-ce que ces signes de reconnaissance ont un impact sur l’estime de soi ?
Yolande : À 100% ! J’explique souvent à mes clients, que notre estime de nous-même est comme un “compte en banque intérieur”. Sur un compte, on fait des dépôts et des retraits : les signes de reconnaissances positifs sont des dépôts, les négatifs – et en particuliers ceux qui portent sur l’être – sont des retraits. On arrive ainsi dans la vie adulte avec un compte intérieur plus ou moins garni !