Je le vois, je le sens, il est contrarié, en colère…et tous les mots qui peuvent sortir de ma bouche n’y changeront rien (à part peut-être empirer la situation !). Dans ces moments-là, les mots et autres arguments bien sentis pour le raisonner n’ont plus aucun pouvoir. Pourtant, il me reste à dégainer une arme secrète qui fonctionne presque à coup sûr : le câlin.
Chère Fabuleuse,
Quand on est maman, il y a des moments où débrancher notre cerveau et toute sa rationalité est la meilleure chose à faire. Et revenir au corps est le plus beau cadeau que nous puissions faire à notre enfant : parfois, franchement, rien ne sert d’argumenter… un câlin suffit.
En un claquement de doigt, on lâche ce qu’on avait à faire, on ne réfléchit plus à ce qu’on voulait dire pour “rattraper le coup” ou “améliorer les choses” : on plonge juste à pieds joints dans cet instant et on le vit à fond, en enveloppant son enfant qui se sent, d’un seul coup, aimé inconditionnellement.
C’est juste magique !
Quand j’énumère mentalement le nombre de fois où ce simple réflexe m’a permis de faire descendre la pression, d’éviter de monter dans les tours et nous a permis de vivre, chacun, un joli moment de rencontre…c’est juste hallucinant.
Je te vois lever les yeux au ciel, chère Fabuleuse :
« Mais elle est mignonne, Anna, elle a découvert le truc seulement hier ? »
Non, je n’ai pas découvert le “truc” hier, mais j’ai récemment pris conscience que c’était plus qu’un simple “truc”…et que ça ne faisait pas seulement du bien à mon enfant : ça changeait notre relation.
Quand je suis devenue maman, j’étais ultra convaincue de l’importance du toucher physique dans la relation parent-enfant. J’avais lu des tas de choses sur le sujet : le pouvoir de l’ocytocine, l’importance du peau à peau, blablabla… J’avais expérimenté le pouvoir du câlin quand mes enfants étaient nouveaux nés. Mais ça, c’était avant de comprendre qu’avec mon aîné, le toucher physique pouvait se révéler plus contre-productif qu’autre chose.
En effet, avec un enfant atypique, porteur d’autisme, les gestes les plus classiques sont parfois impossibles…et quand on les accomplit, ils peuvent déclencher une crise. Ainsi, j’ai par exemple renoncé pendant longtemps à prendre mon fils dans les bras quand il se faisait mal. Je ne te cache pas que ce fut très rude, et j’en ai déjà parlé ici.
Mais après cette “rééducation” forcée par les circonstances de mon quotidien, j’ai fini par oublier tout ce que le câlin pouvait littéralement transformer dans ma vie et dans ma relation avec mes enfants. Jusqu’à cette prise de conscience : autant le carburant de mon aîné ne fut pas le toucher physique pendant ses premières années, autant pour mon fils cadet, c’est vraiment la base de sa relation à l’autre.
Ce petit zébulon aime être touché, pris dans les bras… dans ma famille, on dit qu’il aime être “poulotté”. J’irais même plus loin : c’est sa came. Dès le réveil, il vient se blottir dans notre lit ou nous rejoindre dans la salle de bains (jusqu’à se coucher à mes pieds si je me sèche les cheveux, pour se frotter simplement contre mes jambes ^^).
J’avais compris que le toucher physique, c’était un truc important pour lui, mais c’était resté au niveau de ma tête : j’avais noté l’information, sans plus.
Alors que c’est presque magique.
Tu le sais peut-être, mon second est un sacré numéro qui nous en fait voir de toutes les couleurs. Eh bien le toucher physique est un truc assez extraordinaire dans notre relation : au lieu d’hurler de perdre mon calme quand il ne cesse de me solliciter pour tout ou rien, je me force à couper mon cerveau et je redescends dans mon corps.
« Ouhlala, je connais un lapin qui aurait bien besoin d’un câlin !! »
Ni une, ni deux, on se retrouve blottis l’un contre l’autre dans le canapé. Et tu sais quoi ?
Dans 90% des cas, la tension se dissout quasi instantanément.
C’est quand même vachement plus sympa — et beaucoup moins énergivore en fin de journée — que de partir dans un énième affrontement alors que l’heure du bain n’a même pas encore sonné…sans parler des devoirs ^^.
Toi, maman d’ado, tu te dis peut-être : « Ouais, ça c’est un truc de jeune maman ! »
Peut-être. Mais je n’en suis pas totalement sûre. Sans être maman d’ado, je peux témoigner de ce que cette prise de conscience a changé dans mon rapport avec les autres, au-delà de mes seuls enfants.
Quand une amie me confie ne pas avoir le moral ou traverser une période difficile, au lieu de rester dans ma tête, de chercher tout de suite des supers conseils pour l’aider, je fais l’effort de me taire, de la regarder vraiment dans les yeux. Et puis, j’ose demander :
« J’aimerais juste te prendre dans les bras. Je peux ? »
Je te garantis que je n’ai presque jamais essuyé de refus !
Sortir d’une logique rationnelle pour se connecter vraiment à l’autre : voici ce que m’enseigne cette câlinothérapie apprise avec mes enfants. Je suis sûre que quel que soit l’âge de tes enfants, quel que soit ton quotidien, quel que soit ton âge, tu peux toi aussi expérimenter ce pouvoir incroyable du câlin, du toucher physique.
C’est un cadeau à te faire à toi-même tout autant qu’à ton entourage !