Nos modes de fonctionnement sont fortement impactés par ceux dont nous héritons… Même si nous avons notre libre-arbitre, que nous pouvons choisir toujours d’exercer, il est souvent mis à mal par nos héritages familiaux ou par les commentaires autour de nous, parfois même de nos amies, pas toujours bienveillantes…
Faisons-en fi en repérant qu’il ne s’agit là que de projections.
Juste une petite précision avant de commencer : TOUTES les mamans TRAVAILLENT lorsqu’elles s’occupent de leurs enfants ! C’est un travail dans lequel elles mettent généralement la plus grosse partie de leur énergie et tout leur cœur : c’est vraiment un boulot !
Je vais aborder ici la question d’avoir une ou des activité(s) autre(s) que l’éducation des enfants : gagner sa vie, à l’intérieur ou à l’extérieur de la maison, dans un bureau, un magasin,… donner du temps bénévolement pour une association ou une cause, écrire des livres, peindre, dessiner, … si l’on est artiste, danser, s’entraîner si l’on est professionnelle du sport…
Il y a tant de manières de TRAVAILLER !
Au-delà de toutes les considérations usuelles à propos du travail des mères, tout ce que je peux faire ici, pour ne pas tomber dans des poncifs sur le sujet, est de communiquer mon expérience !
J’ai été élevée ‘à la sauce’ :
« Quand on a des enfants, on doit s’en occuper » = rester à la maison et ne faire QUE ça…
Cette injonction m’a été transmise :
- Par ma famille, parce que j’ai perdu mon père jeune (12 ans) et ma mère s’est toujours ‘débrouillée’ avec ce qu’elle avait pour nous élever ma sœur et moi : pas de remariage donc pas de revenu supplémentaire, un petit budget limité par les pensions de veuvage, un appartement dans lequel j’ai partagé ma chambre avec ma sœur jusqu’à 20 ans, ‘un jean et une paire de chaussures pour l’année’ et des études de boursière (= le moins cher possible).
Avantage : avoir bien conscience des questions d’argent pour le reste de ma vie (mais ça, ça fera l’objet d’un autre article !).
Inconvénient : avoir ce modèle imprimé en moi : en tant que femme, tu n’as pas besoin de faire de grandes études, puisque tu auras des enfants (que se serait-il passé dans ce schéma si je n’en avais pas eu ?) et tu les élèveras sans confier cette responsabilité-là à quelqu’un d’autre (te ‘sacrifieras’ pour eux ?), sous-tendu de ‘’c’est mieux pour eux’’ = ils le valent bien => ‘’tu leur dois ça’’. - Injonction relayée indirectement aussi par ma sœur qui a suivi les codes et a eu la chance de pouvoir arrêter de travailler dès son 1er bébé à la maison il y a 28 ans…
- Pourtant, la vie m’a donné à voir toute jeune (et j’ai vite compris) qu’être seule à assumer financièrement une famille est un sacré challenge ! C’était donc contradictoire, mais qu’importe, c’est ce qui a été présent pour moi pendant longtemps…
1ère période : Il a fallu que je ‘rue dans les brancards’ pour me faire entendre et faire comprendre que je souhaitais PLUS que les projets que l’on avait pour moi : faire une école de commerce plutôt que des études de secrétariat. Ce que j’ai fait, avec des stages à l’étranger à l’autre bout du monde (financés pas les boîtes qui m’envoyaient ;)), ce qui n’était pas si courant il y a 35 ans.
Faire valoir son projet…
2e période : Commencer à bosser -sans enfant- et, dès le 1er enfant, rencontrer les renvois d’images négatifs sur le fait d’être enceinte… Et oui, mon patron n’a pas aimé ! Il était pourtant ‘cool’ (fausse image des agences de pub !), la femme de mon supérieur direct venait d’accoucher mais, malgré cela, j’ai été malmenée à cette annonce et pendant ma grossesse…
Le projet ‘enfant’ n’est pas toujours inclus dans l’entreprise…
3e période : Je décide d’arrêter de travailler et je prends du temps pour m’occuper de ce 1er bébé, puis du 2e, temporisation légèrement justifiée par des raisons économiques (j’ai du mal à trouver du boulot, mais cherchais-je finalement vraiment ?).
Pendant ce temps-là, j’entends des mamans qui me disent qu’elles ne supporteraient pas de rester chez elles avec leurs enfants… Alors que moi, je goûte les joies, et les grandes difficultés médicales du 2d notamment, qui me font dire à chaque instant ’Comment ferais-je si je bossais ?’. Mais surtout les joies… de ce temps passé avec eux : je prends le temps, du temps pour eux, mais surtout du temps avec eux, rien qu’eux, je vois leurs progrès chaque jour, je les observe jour après jour croquer la vie à pleine dent dans leur innocence d’enfant… Quel plaisir !
Je n’ai en aucun cas l’impression de perdre mon temps…
… et je sais aujourd’hui, 27 ans plus tard, que je l’ai gagné :
Oui, c’est pénible de s’occuper des courses, biberons, couches, lessives, RV médicaux,… de la maison (pas de femme de ménage, bien sûr, avec un mari qui crée des sociétés et les sacrifices financiers associés)… et aussi de tout ce qui t’incombe parce que tu es à la maison (le partage des tâches commençait à peine à pointer le bout de son nez ‘à l’époque’ -c’était il y a UNE génération !-, et même si mon mari paraissait un héros auprès de nos proches parce qu’il faisait souvent les courses, il me restait bien des choses à prendre en charge !), mais ça n’a pas de prix de les voir si fiers de chevaucher leur tricycle debout sur la selle pour la première fois… et ça n’arrive pas toujours le samedi ou le dimanche quand on n’est pas au bureau, ça !!! Et zut les esprits chagrins qui ne comprennent pas, moi je sais ce que j’ai eu !
Le bonheur est tout simple…
4e période : Retour au boulot pour une session de 10 ans, soldée par un licenciement douloureux : Mes petits ont un peu grandi et les réalités économiques familiales nous rattrapent… je retourne mettre mes compétences et savoir-faire professionnels au service d’une entreprise sans compter mes heures, tout en choisissant de faire en même temps ‘un petit 3e’ et le constat amer que l’entreprise est rarement heureuse de nous partager, nous les mamans ! Après 10 années de bons et loyaux services mal reconnus alors que je tenais 2 postes depuis plusieurs années, j’ai ‘osé’ demander un temps partiel 3/5e, quelle horreur ! Pendant toute cette période, mon impact familial reste toujours bien là :
‘Pourquoi est-ce que tu retournes travailler alors que tu as 3 enfants et que ton salaire paie à peine les charges supplémentaires (impôts, garde des enfants,…) et les vacances’… Vaste sujet !
Assumer ses choix…
5e période : je suis de nouveau à la maison avec mes 3 loustics, très heureuse de profiter de la petite enfance du 3e et d’être au plus près de l’adolescence de mes 2 premiers… Là, l’injonction familiale se calme mais je jongle quand même sans cesse avec mon emploi du temps pour ‘caser’ mes activités de maman avec la disponibilité tout autour qui va avec… : avec les ‘suppléants à demeure’, on a été jusqu’à 7 personnes plusieurs années dans cette PME familiale.
Ne nous dites pas que nous ne sommes pas multi-tâches !…
6e période : Je me retrouve seule, après le divorce, et je choisis de ne pas me jeter tête baissée comme une perdue dans le boulot (je me suis formée entre temps et suis devenue indépendante), quitte à ne pas me sécuriser tout à fait assez financièrement, mais à surtout rester disponible à l’adolescence de mon dernier et les urgences (parfois si chronophages, décalages horaires inclus !) de mes aînés !
Savoir où sont mes priorités…
Remarquez : sans que je l’ai prémédité avant d’écrire cet article, le paragraphe le plus long, c’est celui de la partie où j’ai choisi de prendre du temps avec mes enfants !!
Alors, oui, il y a des moments de ma vie de mère où j’ai travaillé, à l’extérieur, et même beaucoup !
Et oui, il y a des moments où j’ai choisi de ne pas partir le matin tôt en dehors de la maison, soit en restreignant le budget, soit en choisissant de travailler autrement
Mais s’il vous plaît, ne nous jugeons pas : chacune d’entre nous avons notre chemin de vie et notre fameux libre-arbitre :
Qu’est-ce qui est pertinent pour cette période de ma vie ?
est la seule bonne question. La décision souvent déjà lourde.
- Regardons d’où nous venons, ce que nous avons reçu en héritage de notre famille
- Faisons SURTOUT ‘comme nous le sentons’, comme nos enfants le sentent, comme notre conjoint le sent, comme c’est bon pour nous : questionnons-nous, expérimentons, aménageons, faisons des tests variés : aujourd’hui c’est possible d’aménager le travail, on a le droit d’essayer, se tromper, recommencer…
- Répondons cela aux détracteurs/ses : nous ne sommes pas toutes égales, et c’est cette diversité que nous avons à connaître pour nous-mêmes, faire connaître aux autres et faire savoir au monde !
Et, soyons sûre d’une chose : avec toute cette pression sociale & sociétale, chaque Fabuleuse fait du mieux qu’elle peut, avec ce qu’elle a, de là d’où elle part, pour aller au mieux là où elle va.
Haut les cœurs les Fabuleuses !