Pendant les vacances de Noël, j’ai changé de machine à laver.
“C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup !” (et la phrase est tristement d’actualité…)
Bref, j’ai changé de machine à laver, et ma vie a changé !
Depuis que j’ai cette nouvelle machine, je suis ultra motivée pour faire baisser ma pile de linge sale – l’autre jour, je me suis même surprise à être déçue de n’avoir plus rien de sale à mettre dans le tambour high tech de mon lave-linge tout neuf 🙂
Qui l’eût cru, je kiffe la lessive !
Il faut dire qu’elle assure, ma machine. En sortant les draps du tambour, je vois bien qu’ils sont beaucoup mieux essorés qu’avant. Résultat, je les étends et au bout d’une heure ils sont déjà secs – je ne saurais t’exprimer à l’écrit le profond sentiment de joie que cela m’inspire 😀
En lisant ce billet, tu te dis peut-être “ça y est, Hélène a craqué. Ça fait 3 paragraphes de suite qu’elle nous parle de sa machine à laver – c’est quoi l’arnaque ?” Je te rassure, je ne suis pas subventionnée par une marque d’éléctroménager et je n’ai pas écrit ces lignes pour te faire sentir mal à propos des 3 corbeilles puantes qui attendent dans ta salle de bains – sans compter les vêtements sales qui sont au sol, hors des corbeilles évidemment ^^
Non, je ne cherche pas à te rappeler la corbeille qui déborde,
d’autant plus que je sais d’avance que ma folie du linge va bientôt s’éteindre, quand j’aurai perdu l’émerveillement face à ce nouveau lave linge du tonnerre et que je reviendrai à mon état normal : à savoir le retard chronique pour ce qui concerne le lavage, le séchage, le pliage et le rangement des textiles (et il n’est même pas question de repassage of course).
En tout cas, juste avant Noël, mon ancienne machine âgée de 15 ans a lâché. Au moment où elle a inondé le sol et où j’ai compris que je serais dans l’impossibilité de laver quoi que ce soit pendant plusieurs jours, j’ai cru que j’allais perdre la tête.
Ma machine qui me lâche : haute trahison.
Comment je fais moi, maintenant, avec mes petits hommes qui salissent leurs tenues plus vite qu’un peintre en bâtiment ?
Bref, au départ j’ai déprimé. Mais quand la machine neuve est arrivée, quand je l’ai testée et quand mes doigts ont effleuré ce linge tellement bien essoré, je me suis dit :
“mais heureusement qu’il est arrivé au bout de sa vie, le vieux lave-linge tout pourri !”
Ben oui, s’il ne m’avait pas fait faux bond, je n’aurais pas connu cette extrême sensation de plaisir à faire mon linge de manière aussi rapide et aussi efficace.
Parfois, nous les mamans, on est un peu comme ma vieille machine.
À bout de souffle ! On se demande comment on tiendra jusqu’au soir sans s’écrouler.
Et puis un jour on craque, on s’effondre, et puis tout sort… Toute la frustration, toute l’incompréhension, toute la tristesse, la culpabilité de ne pas être une “assez bonne mère”.
Ça s’appelle l’épuisement, le craquage total… Ça s’appelle toucher le fond de la piscine.
C’est ce qui m’est arrivé. Il y a un peu plus de 7 ans, j’ai perdu pied.
J’étais en congé parental, je subissais toutes sortes de pressions, extérieures et intérieures, et tout cela rejaillissait à longueur de journée sous forme de cris. Je l’ai compris plus tard, en lisant les témoignages d’autres mamans :
ça s’appelle le burn-out maternel.
Je me suis retrouvée au pied du mur, j’ai cru que ma santé mentale et émotionnelle allait y passer, j’ai beaucoup pleuré, ma gorge était serrée sans arrêt, et c’était long, long, et je me demandais si un jour je sortirais de cet état.
Ce que je n’avais pas encore compris, c’est que cette période la plus désagréable de ma vie était en fait aussi la chance de ma vie.
L’opportunité de m’appuyer au fond de la piscine pour rebondir, de réfléchir enfin à ce que je voulais, à ce que je ne voulais pas, l’opportunité d’avoir enfin le courage de dire “stop”, de dire “non” aux personnes et aux situations toxiques, l’opportunité de me retrouver enfin seule face à moi-même, d’enfin faire un bras d’honneur à ce que les autres pensent de moi, et de commencer à m’aimer pour qui je suis, non pas malgré mais avec mes défauts.
Alors oui, j’ai pleuré…
parce que mon système était en train de mourir, comme mon vieux lave-linge tout pourri. Mais je ne savais pas que cette épreuve serait la chance de ma vie, la chance de m’inventer un nouveau système où je n’aurais plus jamais besoin de faire semblant. Un nouveau monde où mes enfants n’ont pas besoin d’une maman qui gère tout, mais d’une maman qui va bien. En somme, la chance de m’offrir un nouveau lave-linge high tech, bien plus performant que l’ancien, et qui m’apporterait beaucoup plus de joie au quotidien.
Commencer à prendre soin de toi, c’est un peu comme changer de machine à laver : avant, tu croyais qu’il était normal pour du linge de sortir gorgé d’eau… puis avec ton nouveau lave-linge, tu découvres à quoi peut ressembler un drap bien essoré.
Bien sûr, on a toutes des coups de mous, on a toutes des passages à vide, et on a toutes des journées pourries.
Mais chère fabuleuse :
- être tout le temps fatiguée, ce n’est pas normal
- être tout le temps sur le point de fondre en larmes, ce n’est pas normal
- avoir tout le temps envie de crier, ce n’est pas normal
- être tout le temps au bord de la crise, ce n’est pas normal.
Malheureusement, c’est commun parmi les mamans, et c’est encore trop tabou pour oser l’avouer… mais ce n’est pas pour ça que tu dois te résoudre à un quotidien d’épuisement.
Il existe mieux que ça, il existe mieux pour toi. Parce que tu es fabuleuse, parce que tu as le droit à l’erreur et parce que tu mérites d’aller bien, tout simplement. Alors évidemment, c’est dur d’être mère. Évidemment, la vie de famille a un prix. Mais tu n’es pas obligée d’en rester là. Tu n’es pas obligée de rester coincée dans la culpabilité. Tu as le droit de penser à toi, à ton bien-être, à ton équilibre, à ton bonheur. Surtout : tu as le droit de faire la sieste, peu importe la hauteur du tas de linge qui t’attend.
En 2023, je te souhaite de prendre soin, un jour à la fois, de la fabuleuse qui est en toi…