Merci à toi, chère fabuleuse, qui a posé cette question : « Peut-on se préparer à devenir maman ? ». Je suis sûre que d’autres se la posent. Cette question est aussi pleine de cœur que pleine de pièges.
Chère Fabuleuse, toi qui te demandes comment te préparer à devenir mère, ta question montre que tu as envie de bien faire. Peut-être même que tu as peur de te tromper. Ta question montre aussi que tu aimerais (peut-être) devenir une super-maman, une maman de rêve, une maman parfaite. Et là :
Attention au piège.
Chère Fabuleuse, imagine :
Toi et ton mari, vous habitez un petit appartement sympa dans une ville que vous connaissez bien, vous y vivez depuis 10 ans. Vous avez chacun un job que vous aimez plus ou moins, mais que vous connaissez bien.
Un jour on vous annonce que vous la possibilité de partir pour un voyage au long cours, traverser 10 pays que vous ne connaissez pas. Les copains vous disent « Tu vas voir, c’est extraordinaire ». Toi et ton mari, vous êtes très proches l’un de l’autre, vous commencez à bien vous connaître. Cette aventure ensemble vous tente.
Alors je te pose ma question, chère fabuleuse, question directement inspirée de la tienne :
Comment as-tu envie de te préparer à effectuer ce voyage au long cours ?
- En achetant une carte de chaque pays…
et en l’étudiant dans le détail, en t’équipant avec un gilet pare-balle et une combinaison de protection, en lisant toute la littérature qui existe sur le sujet avant ton départ ? C’est une option. Mais le risque n’est-il pas de générer de fausses attentes ? de ne pas vraiment profiter de ce que tu vis ?
Non, ton enfant ne fera pas ses nuits à 3 mois pile, non l’acquisition de la propreté n’est pas toujours un enfer, etc…
- En écoutant l’expérience des autres ?
Pourquoi pas ? Mais leur vision, leurs goûts, leurs valeurs, ne sont pas les tiennes. Il se pourrait que tu vives tout à fait autre chose que ce qu’ils te disent. Et que tu sois très déçue de cette préparation qui, finalement, ne t’aura pas été utile. Ou t’auras procuré une culpabilité importante : « On m’a dit que ce lieu était magique, mais je trouve ça moche : je ne dois pas être normale ».
Non, les trois premiers mois de la vie d’un bébé ne sont pas forcément les plus attendrissants, non, tu n’es pas obligée d’arrêter de travailler pendant un an pour être une « bonne mère », etc…
- En partant à l’aventure en « free style »,
telle que tu es, sans bagage, avec pour seul guide la volonté de profiter de chaque instant ? Tu peux choisir cela. Si tu te sens l’âme d’une grande exploratrice, avec les épaules de Schwarzenegger et la créativité de James Bond.
Ah ouais quand même, je ne pensais pas que ce serait dur comme ça …
Chère Fabuleuse, rappelle-toi, il y a fort fort longtemps… :
Personne ne t’as préparée à vivre.
Tu as été brutalement projetée dans la vie le jour de ta naissance. Sans savoir où tu arrivais, avec, en guise de mode d’emploi, un homme et une femme qui eux-mêmes n’étaient pas exactement des experts de la vie.
On ne se prépare pas à vivre. On vit. On bricole, on se débrouille, on cherche, on rate, on apprend, on essaie, on réussit. On avance.
La vie n’est-elle pas de traverser les évènements avec ce qu’on est, ce qu’on a reçu, et comme on peut ? N’est-ce pas en vivant que l’on réagit, se questionne, change, apprend, sur la vie, sur soi-même ?
Chère Fabuleuse,
il y a quand même quelque chose que tu peux faire.
Cette question que tu te poses, ne vient-elle pas d’un endroit en toi qui désire donner la vie ? Alors regarde dans cette direction. Ce Désir, cette force de vie qui te fait bouger, qui te fait éprouver de l’envie, de la passion parfois, c’est lui sur lequel tu peux t’appuyer.
Ecoute-le, observe-le, sens-le. Vers où te mène-t-il ?
Ce n’est pas toujours facile de le reconnaître, car il se cache parfois derrière les conventions, derrière les pensées toutes faites ou derrière les conseils qu’on t’a répétés toute ton enfance. Ce grand voyage, tu peux le préparer en regardant les cartes, en écoutant ce que disent les autres, ou en ne te préparant pas du tout.
Mais ce que tu peux faire surtout, c’est t’appuyer sur ce que tu SENS : en voyage, manger des légumes crus alors que tu as déjà mal au ventre, tu ne le sens pas. Marcher dans ce quartier désert pour aller voir un quartier chouette de cette ville étrangère ? Quelque chose dans ton corps te dit non. Traverser cette rivière seule ? Tu sens que tu vas avoir besoin d’aide.
En y allant le coeur ouvert aux découvertes, aux expériences, tu laisses la place à ton observation, ton intuition, ton feu intérieur : c’est cela qui sera, à mon sens, le meilleur de tes guides dans cette aventure de la maternité.
Ce qui compte,
ce n’est pas d’avoir un diplôme d’aide-ménagère, un diplôme d’éducatrice de jeunes enfants, un diplôme de psychologie de l’enfant, un certificat de parentalité positive.
Ce qui compte, c’est d’avoir une boussole personnelle. Ta boussole, c’est ton Désir, ta force de vie, le feu dans ton cœur, ton intuition. La vie de famille, c’est le bordel ! On y vit tout, de l’extase au drame en passant par les chagrins, les conflits, les joies. C’est le royaume de l’inconnu, de l’imprévu, de l’inattendu.
Tu as envie de devenir mère, d’embrasser cette vie, d’apprendre, de construire, et de transmettre quelque chose ?
Alors, chère fabuleuse, offre-toi de prendre grand soin de cette boussole à nulle autre pareille, et qu’elle te permette de vivre une grande et belle aventure !