Qui suis-je pour écrire ? - Fabuleuses Au Foyer
Dans ma tête

Qui suis-je pour écrire ?

Liv 4 février 2019
Partager
l'article sur


Rédiger quelque chose. Pondre du contenu. Publier des billets. C’est ce que je fais quasiment tous les jours sur mon blog, mais soudainement, quand il fut question d’écrire rien que pour toi, chère Fabuleuse, ça m’est apparu comme la mission la plus compliquée et incroyable qu’il m’ait été donné d’accomplir.

Pour me rassurer, je suis allée (re)lire les articles du blog, écrits par celles que tu connais bien : Hélène, Anna, Marie, Rebecca, Valérie, Alix, Marguerite et Floriane. Et là, subitement, ça m’est tombé dessus comme la foudre :

le doute sur ma légitimité.

Après analyse des différents articles, j’en ai conclu ce que j’avais déjà pressenti (et que je redoutais) : chacune des collaboratrices a un QI de 150, un doctorat en physique sociale et une thèse trilingue en psychologie quantique.

Et moi, chère Fabuleuse, que pouvais je t’écrire qui n’avait déjà été écrit ? Que pouvais-je te dire qui n’avait déjà été dit, moi, la maman au foyer dont la sortie quotidienne programmée se résume à aller chercher ses enfants à l’école, avec pour objectif ultime celui d’arriver à l’heure ?

Ce doute sur mes capacités venait-il du fait que je quittais le cocon sécurisé de mon lectorat habituel, rompu à ma prose ?

Venait-il du fait que, contrairement à plusieurs membres l’équipe, je ne suis « que » mère au foyer ? Je n’ai plus de double casquette, officiellement je n’exerce aucune autre activité, je n’ai pas de statut, même semi professionnel, ou en tout cas, rien qui fasse “sérieux”, aucune étiquette qui me rapproche un tant soit peu du spécialiste ou du savant.

Venait-il du fait que mon métier, faute d’un retour minimum et régulier sur mon travail, a grignoté lentement, insidieusement mais sûrement, toute estime de moi, tout sentiment de valeur ou de compétence dans un domaine particulier ?

C’est que je ne suis experte en rien, sauf peut-être en construction de châteaux Duplo et en tresses africaines, et encore, il y a des détails architecturaux qui laissent trop souvent à désirer ^^.

Toi, la Fabuleuse qui me lis pour la toute première fois, as-tu déjà ressenti ce doute de toi-même, ce fameux “syndrome de l’imposteur”, alors même que tous les voyants semblent au vert ?

Tout le monde t’encourage.

Tout le monde se réjouit pour toi. Tout le monde sait que tu peux y arriver. Sauf toi.

Mon inspiration s’est brusquement desséchée comme un vieux pruneau oublié dans un tiroir. J’allais forcément t’écrire de la merde. Je serais insignifiante, je consternerais mes partenaires qui se demanderaient pourquoi elles m’ont demandé un texte.

J’ai tenté des bribes d’articles accrocheurs, pour frapper un grand coup d’entrée qui aurait illuminé toutes les Fabuleuses d’une aura solaire et indiscutable. Mon cerveau a élaboré péniblement une multitude de tentatives médiocres, qui se regardaient les unes les autres avec une moue dubitative.

Et puis je me suis souvenue.

Je me suis souvenue de cette dynamique qui est la mienne depuis que j’ai quitté mon travail, il y a bientôt un an. Je me suis souvenue que depuis, je n’ai cessé d’entreprendre, d’essayer, de tester, de me mettre en danger, de multiplier des expériences, même si, sur le papier, ce n’est rien, même si ça ne m’apporte qu’une tentative de plus à relater, un sujet sur lequel réfléchir, et surtout si ça ne m’amène finalement que de la reconnaissance.

Ma vie au foyer est devenu l’écrin de toutes mes audaces.

J’ai donc décidé que ce dont les Fabuleuses avaient besoin, c’était de moi, la mère en congé parental qui t’écris en début d’après-midi alors que sa fille est couchée pour la sieste.

Je me suis souvenue que ma légitimité, je ne dois pas attendre qu’on me la donne. Jamais. Je dois la conquérir, aller au devant d’elle, pour me prouver qu’après toutes ces années à m’éteindre comme une chandelle rabougrie en fin de vie, j’ai des ressources, énormément de ressources, des ressources vigoureuses, insoupçonnées, qui me font quasiment tout oser.

Alors, j’ose ! Enchantée de faire ta connaissance, chère Fabuleuse.



Partager
l'article sur


CHÈRE FABULEUSE
Le mail du matin
Les aléas de ta vie de maman te font parfois oublier la Fabuleuse qui est en toi ? Inscris-toi ici pour recevoir chaque matin ton petit remontant spécial maman ! Une piqûre de rappel pour ne pas oublier de prendre soin de toi, respirer un grand coup et te souvenir de ton cœur qui bat. C’est entièrement gratuit et tu peux te désabonner à tout moment.


Cet article a été écrit par :
Liv

Liv forme avec son fabuleux un couple mixte et est maman de trois petites métisses de 8, 6 et 2 ans. Après treize années de professorat des écoles, elle amorce une reconversion dans le développement durable. Son grand amour, ce sont les livres et l’écriture.
http://mamanlempicka.com

> Plus d'articles du même auteur
Les articles
similaires
Comment j’ai renoncé à faire l’unanimité
Certains naissent remplis de confiance en eux. Ils sont tombés dans la marmite quand ils étaient petits. Chaton, mon fils[...]
Anne-Gaëlle Huon, romancière : Je crois beaucoup à la sororité »
En quatre romans, Anne-Gaëlle Huon s’est imposée dans le paysage littéraire grâce à ses histoires lumineuses, ses personnages de grand[...]
Les victoires intérieures précèdent les victoires publiques
« Les victoires intérieures précèdent les victoires publiques. Nul ne peut inverser ce processus, de même que nul ne peut[...]
Conception et réalisation : Progressif Media