Mes filles sont la prunelle de mes yeux et en même temps, elles me rendent, au moins la moitié du temps, aussi chèvre que je les aime.
Il faut regarder les choses en face : mes enfants ont beau être ce que j’ai de plus précieux au monde, je dois reconnaître que je ne m’imaginais pas que ça allait se passer comme ça, qu’elles allaient avoir ce caractère là…
Ces petites manies qui irritent
La vérité, c’est juste que quand ma fille aînée rentre du collège et qu’elle aligne 52 phrases sans respirer ni même attendre que je réponde à ses questions… je suis épuisée moralement.
Quand ma fille cadette se déplace en sautant toutes les 3 secondes comme si elle était possédée ou électrocutée par un objet invisible en permanence… je suis consternée.
Quand ma petite dernière se couche dans son lit tous les soirs en tournant d’abord sur elle-même 10 fois avant de se positionner comme un chien dans son couffin… je suis atterrée.
Je ne sais pas vraiment ce que je m’imaginais avant d’avoir des enfants…
mais en tout cas, j’étais loin de voir les choses telles qu’elles sont la moitié du temps.
Et si je poussais la réflexion jusqu’à vous dire que ce n’est non seulement pas ce que j’imaginais mais non plus et surtout pas ce que j’espérais ! Vous êtes choqués ?!
Ce qui est particulièrement hallucinant est de ne pouvoir s’empêcher de ressentir cette déception (et oui je l’ai dit) alors même qu’il s’agit des êtres que nous aimons le plus au monde. S’en suivent donc, en toute logique, la cavalcade d’émotions qui accompagnent ces sentiments de déception, de jugement vis-à-vis de nos bambins :
- Culpabilité
- Honte
- Doute sur sa qualité de mère
« Comment puis-je seulement penser une chose pareille ?! Je suis horrible ! »
Le paradoxe
Le plus dingue est que cette forme de jugement que je porte sans le vouloir sur mes enfants, sur ce que j’estime être leurs défauts… cette partie de leur personnalité qui ne fonctionne pas comme j’aimerai… je ne l’accepterais de personne.
Si qui que ce soit se permet d’émettre un jugement (même s’il s’agit d’un constat que j’ai fait moi-même au préalable), je sors les griffes.
Pas au sens littéral du terme mais si je ne monte pas au créneau pour défendre moralement mes protégées, alors je cataloguerai au moins le ou la juge du moment dans ma catégorie liste noire.
Mais pour qui se prennent-ils pour se permettre de juger ainsi mes enfants ?!
Oui, oui, c’est vrai, je le fais aussi…mais ce n’est pas pareil !
Ah…si ?!
Dur, dur de se dire que si nous sommes parfois les 1ers bourreaux avec nous-mêmes, il en est de même avec nos enfants.
Je me surprends souvent à reprendre vertement mon mari parce que je le trouve trop dur, injuste ou cassant avec les enfants… alors qu’une heure avant j’ai moi-même perdu mon sang-froid pour une broutille.
J’ai beaucoup travaillé sur moi :
- Livres, documentation
- Thérapie
- Formation de coach en développement personnel et hypnothérapeute
J’en ai fait du chemin……
Et pourtant, encore aujourd’hui, je ne peux m’empêcher de monter au créneau pour défendre les filles quand elles se font reprendre, gronder ou critiquer.
L’instinct maternel
Je me suis documentée ce matin pour tenter de comprendre comment faire pour évoluer sur ce sujet, histoire de lâcher du lest.
Et voilà ce que j’ai compris :
L’instinct maternel n’est pas ce que je croyais.
Moi je croyais qu’il s’agissait d’amour et que c’est cet instinct qui nous faisait aimer de manière inconditionnelle nos enfants voire même nous poussait à en vouloir.
Et bien non !!!!
Il s’agit d’une multitude de choses complexes et instinctives qui se manifestent différemment selon les femmes avec leurs enfants dont découle directement le sentiment de devoir protéger coûte que coûte son enfant.
Je fais partie de ces femmes dont l’instinct maternel se manifeste lorsqu’un fort sentiment de culpabilité se développe si j’ai l’impression de ne pas fournir ce qu’on attend de moi en tant que maman.
Entendez par « on attend de moi en tant que maman », la croyance que j’ai de ce que doit être une bonne mère, à savoir, dans mon cas, qu’une bonne mère doit veiller à ce que ses enfants puisse grandir en toute confiance et sécurité dans l’amour et la bienveillance.
Ce qui me conduit tout naturellement à sortir les griffes à chaque fois que quelqu’un touche à la confiance en soi et/ou la sécurité (de mon point de vue évidemment) de mes enfants ou encore que quelqu’un les faits pleurer (= inverse à l’amour et la bienveillance).
Changer de lentilles !
Puisque cette méthode a fait ses preuves, dans mon cas, par le passé, j’ai décidé de la tester encore : je vais changer de lentilles c’est-à-dire faire évoluer mon point de vue.
À la lumière de ce que j’ai compris ce matin et pour limiter les prises de tête, il me suffit visiblement de modifier légèrement mon point de vue :
- Peut-être qu’une remontrance (selon la proportion bien sûr), même si elle fait pleurer, n’est pas inverse à l’amour et la bienveillance et qu’il s’agit juste d’une limite nécessaire pour aider l’enfant à grandir.
- Peut-être que mes filles sont assez fortes pour faire la part des choses et qu’une simple discussion ou des échanges positifs peuvent suffire à préserver leur confiance en elle.
- Peut-être qu’accepter que ma croyance même sur ce qu’est une bonne maman n’est au final qu’une croyance et que si ça se trouve être une bonne maman c’est aussi laisser son enfant faire ses armes parfois…
Oh, je ne promets pas d’être tout le temps aussi avisée et posée qu’en ce moment et d’être capable de prendre du recul tout le temps à chaud mais je vais commencer par limer mes griffes et peut-être les garder bien au chaud au cas où… 😉
Et vous, vous sortez les griffes pour vos bébés ?