Quand la vaisselle vole - Fabuleuses Au Foyer
Vie de famille

Quand la vaisselle vole

Hélène Bonhomme 27 août 2017
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De la pâte à modeler desséchée, des livres déchirés, une machine à laver fatiguée.
Le téléphone sonne.
Erreur de débutante : je décroche.

Comme pour me rappeler que je suis là pour eux et rien que pour eux, ils se mettent à hurler dans le combiné. Honte. Je m’enferme dans la salle de bains pour conclure tant bien que mal cette conversation ratée.
Puis-je imaginer le prix que j’aurai à payer, pour ces trois minutes hors du temps ?

Silence suspect. Petits rires étouffés en provenance de la cuisine.

“Je rêve, ou ils sont en train de jouer au ping-pong avec deux douzaines d’œufs ?”

Maman de jumeaux, d’accord. Mais me sacrifier à longueur de journée pour au final nettoyer vingt-quatre oeufs écrabouillés sur le sol, la table, le frigo et les placards de ma cuisine ? Non merci ! Je me mets à hurler des insanités, au point que mes enfants se bouchent les oreilles et s’enfuient loin de moi. Et puis je me mets en boule et je pleure. Je pleure parce que je suis excessivement nulle, très très loin de l’image de la mère douce que je m’étais imaginée devenir.

C’est ce moment précis que choisit mon mari pour tourner la clé dans la serrure et se diriger tout droit vers le placard à boissons : “Il n’y a plus d’eau pétillante ?”

Je passe mes journées entières à gérer cette famille. Je viens d’éponger deux douzaines d’œufs gluants, éparpillés dans toute la cuisine. J’ai les yeux rougis par la honte de ne pas être une bonne mère. Lui, il veut savoir pourquoi “il n’y a plus d’eau pétillante ?”

Je quitte la pièce en claquant la porte.

Scène de ménage : mon pauvre mari, qui voulait juste savoir s’il y avait encore de l’eau pétillante, en prend pour son grade.

Insomnie : en plus d’être une mauvaise mère, je suis une mauvaise épouse. Même pas capable de contenir mes émotions. Bonne qu’à semer la tempête. Bonne qu’à provoquer des conflits.

La partie émergée de nos icebergs conflictuels, ce sont les choses que l’on dit, les portes qui claquent, la vaisselle qui vole. Et la partie immergée de nos disputes, ce sont les sentiments, les valeurs, la frustration, la fatigue qui se cachent sous la surface. Parfois, une simple remarque de Monsieur est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, l’étincelle qui allume une bombe de colère, de déception, de reproches… adressés au mauvais destinataire, qui va payer l’addition pour tous les autres.

Pourquoi sommes-nous capables de tels bombardements ?

Comment pouvons-nous être aussi réservées hors de la maison, ne même pas oser donner notre avis sur la politique lors d’un dîner entre amis, puis laisser toute notre colère sortir avec panache, derrière les portes du château ? Comment pouvons-nous être aussi gentilles face à des inconnus, tandis que l’on profère les pires horreurs à celui que l’on aime plus que tout ?

Peut-être parce que chez soi, on peut être authentique. Peut-être parce ce n’est pas facile de vivre ensemble, d’élever des enfants, de se mettre d’accord sur la manière de les éduquer. Peut-être parce que la pression est intenable.

Vous vous êtes encore disputés ?

Bonne nouvelle : ni vous, ni votre conjoint n’êtes des ratés. Les conflits font partie de la vie de famille ! Se disputer dans une famille, c’est normal, c’est permis et, lorsqu’on respecte les règles du jeu, c’est même sain.

“La vie de couple ressemble à la construction d’un pont : elle est faite de tension et de soutien… et elle nous ouvre de nouveaux horizons.” Rebecca Dernelle-Fischer

Ce texte est extrait du livre C’est décidé, je suis fabuleuse – Petit guide de l’imperfection heureuse (Hélène Bonhomme, Première Partie, 2016).



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Cet article a été écrit par :
Hélène Bonhomme

Fondatrice du site Fabuleuses au foyer, maman de 4 enfants dont des jumeaux, Hélène Bonhomme multiplie les initiatives dédiées au bien-être des mamans : deux livres, deux spectacles, quatre formations, la communauté du Village, une chronique sur LePoint.fr et un mail qui chaque matin, encourage plusieurs dizaines de milliers de femmes. Diplômée de philosophie, elle est mariée à David et vit à Bordeaux.

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