Chère Fabuleuse,
Si comme moi tu es allergique à tout ce qui est estampillé “développement personnel”, nous devrions nous comprendre. Je crois n’avoir jamais lu et encore moins acheté de bouquin censé m’aider à faire mon propre bonheur. On m’a pourtant dit le plus grand bien des Quatre accords Toltèques, mais je n’ai pas franchi le pas. Si je peux te faire une confidence, le seul livre un peu “Dev perso” que j’ai lu m’a été offert par Hélène Bonhomme et j’ai a-do-ré (c’était Comme par magie, vivre sa créativité sans la craindre d’Elizabeth Gilbert). Mais ce n’est pas le sujet.
En réalité, avant d’expérimenter l’épuisement maternel personnellement, je fuyais dès que j’entendais des poncifs comme « Ta nouvelle vie commence lorsque tu comprends que tu n’en n’as qu’une », « Trois minutes pour apprendre à m’aimer », « Sois ta meilleure amie »…
Toutes ces phrases creuses… tant qu’on n’a pas besoin d’être tirée du fond du gouffre.
La phase deux de mon histoire avec le développement personnel, ça a été : « Mais on se fiche de qui ? » Comme si j’avais le temps de pratiquer l’automassage, de boire un café en pleine conscience, de pratiquer la gratitude ? C’est ça, leurs conseils pour me sortir de la dépression ? Ahahah, qu’on commence par retirer la corde que j’ai passée à mon cou (rire sardonique désabusé).
Et je me suis sentie assaillie par une couche de culpabilité supplémentaire,
parce que j’étais vraiment trop nulle de ne pas réussir à prendre soin de moi, il fallait vraiment être pas douée pour ne pas réussir à boire un café en fermant les yeux comme dans la pub Nespunto.
Te raconter ce qui s’est passé pour que la petite prise de hauteur se fasse prendrait beaucoup trop de temps, mais au bout d’un moment, je me suis dit en me souriant avec gentillesse (oui oui, gentillesse) :
« Mais ma poulette, tout ça tu le faisais déjà, en fait ! »
Me presser les yeux du bout des doigts et masser en cercles concentriques pour faire passer la migraine qui monte, c’est de l’automassage. Fixer ma cafetière qui coule le regard vague sans penser à rien, c’est profiter d’un temps pour moi. Humer l’odeur de pain chaud en passant devant la boulangerie, c’est un moment de pleine conscience express.
Ce qui me manquait, c’était l’intention.
Non, toutes ces petites recettes que te proposent les Fabuleuses ne sont pas nécessairement des choses supplémentaires à intégrer dans ton planning. Le plus souvent, tu les fais déjà sans le savoir. Ce qui te manque peut-être pour profiter des super-pouvoirs de ces petites actions, c’est l’intention de te faire du bien. Regarder ta cafetière qui coule en respirant l’odeur prometteuse d’un bon arabica est dix fois plus ressourçant si tu te dis au début :
« Yeah, j’ai deux minutes devant moi rien que pour moi, la chance. »
Et à la fin :
« Gratitude, cafetière, tu m’as offert un moment chouette pendant lequel j’ai (plus ou moins) réussi à reposer mon cerveau. »
Voilà tu as mis l’intention qu’il fallait dans un acte tout simple. Ça marche pour un tas de trucs :
- Aller faire pipi au bureau sans enfant qui tambourine à la porte
- Marcher pieds nus dans l’herbe
- Boire un grand verre d’eau quand tu as soif
- Regarder une fleur de près
- Prendre un œuf dans ta main et sentir sa rondeur parfaite au creux de ta paume
- Te coiffer le matin en te concentrant sur le massage crânien gratos que tu t’offres…
Bref, tu peux dès maintenant ouvrir un œil neuf sur toutes ces petites douceurs que tu pratiques déjà sans le savoir.