L’heure des vacances sonne, les voisins font leur valise et se délectent de leur prochain dépaysement… Mais moi, je ne pars ni au soleil ni à la neige. Je reste chez moi. Sans doute est-ce parce que mon Fabuleux et moi avons du mal à planifier nos vacances des mois à l’avance. Et quand elles arrivent, il est trop tard pour inventer un plan de folie. Sans doute aussi est-ce parce qu’on est devenus un brin casaniers, avec nos chers petits bambins. Peut-être aussi parce que nous ne sommes pas riches comme Crésus et que nous n’avons pas de quoi partir loin. Et peut-être aussi du fait de l’urgence écologique, qui nous dissuade de céder aux attraits des pentes enneigées ou des plages de cocotiers…
Bref, plein de motifs pour ne pas partir et pourtant, au début de mes vacances,
je ne peux m’empêcher de me dire qu’ils ont de la chance, ceux qui partent.
Pourquoi aime-t-on tant partir de chez soi ? Partir, c’est quitter son quotidien pour découvrir de nouvelles choses. Le lieu où l’on part en vacances, que ce soit toujours au même endroit ou dans un coin totalement inconnu, revêt un charme incontestable : il est une invitation à de nouvelles balades, à des soirées jeux tard le soir, des repas pizza-raclette, des moments de complicité partagée. En quittant sa maison, on cherche à changer ses habitudes, à renouveler les relations avec les nôtres et avec nous-mêmes.
Partir, c’est troquer son train-train ordinaire contre un souffle de nouveauté, de découvertes. C’est déposer la lassitude et la fatigue du quotidien pour remplir son réservoir intérieur, afin de trouver ensuite la force de recommencer.
Partir, ce n’est pas seulement changer de lieu, c’est aussi se mettre en mouvement. Partir en vacances, c’est ainsi avoir la chance de remettre du dynamisme dans notre quotidien.
Mais comment faire, alors, quand on ne part pas ?
Est-on condamné à continuer à vivre en apnée, en prenant encore sur nous pour gérer un quotidien fatigant ? Et si… et si on essayait tout de même de partir ? Et si on partait chez nous ? Non pas rester chez soi — rester, cela suppose de ne pas bouger, de ne rien changer, de garder nos habitudes, avec tout ce qu’elles ont de fastidieux… Non, on peut décider de partir chez soi. Comment est-ce possible ? Puisque partir, c’est changer nos habitudes, découvrir de nouvelles choses, goûter la joie d’être ensemble sans courir partout…
Avec un peu d’imagination, on peut tout à fait le faire chez soi !
C’est ce que nous avons décidé de faire pour ces vacances. Nous avons fait la liste des choses qu’on rêve de faire, mais qu’on n’a jamais faites, faute de temps : concours du train en bois le plus long ; cache-cache géant ; soirée pyjama-pizza ; balades à vélo en combi-grenouille pour affronter la pluie ; gâteaux de boue ; jardinage et bouquets de pâquerettes, et soyons fous, journée à la bibliothèque.
Ce qui est le plus difficile, en partant en vacances chez soi, c’est l’absence de coupure.
Alors… coupons ! Coupons avec notre rythme habituel, avec nos activités habituelles, coupons notre smartphone pour être mieux avec nos enfants, et coupons avec nos séries Netflix et autres contenus web en tous genres. L’avantage de partir chez soi, c’est que cela renouvelle aussi notre rapport à notre lieu de vie, qui devient riche de tous les bons souvenirs que nous y avons vécus, de toutes les vacances que nous y avons passées.
Connaissez-vous les Hobbits, dans Le Seigneur des Anneaux de Tolkien ? Les Hobbits sont le modèle de ceux qui savent rester chez eux. Ils n’ont ni l’habitude de partir ni l’habitude de voyager. Ils savent vivre heureux dans la Comté, amoureux de leurs paysages verdoyants et généreux. Bilbo, puis Frodon, les héros de l’histoire, sont quant à eux forcés de partir à l’extérieur, ce qui les expose à de folles aventures. Or, la grande leçon de la saga, c’est que le voyage ramène toujours à la maison. C’est là que se trouve la joie véritable, l’existence auprès de ceux qu’on aime.
Frodon a dû partir loin et tout risquer pour découvrir que « les pieds qui sont partis à l’aventure reviennent enfin au lointain foyer », le lieu du repos et de la vie heureuse. Et si nous y allions tout de suite ?
Et toi, chère Fabuleuse, es-tu déjà partie en vacances chez toi ? Es-tu parvenue à réenchanter ton quotidien sans changer de lieu, mais en choisissant de faire de ton chez-toi un lieu de nouvelles aventures et de nouvelles relations ? Je te partage mon kif du jour : ma petite de cinq ans, pédalant sous la pluie, qui me lance de sa voix joyeuse : « Maman, elle me dérange pas du tout, Madame Pluie ! » Comme quoi, même la Picardie peut, avec son climat bien à elle, devenir un super lieu de vacances ! Ça ne vend peut-être pas du rêve, mais les rêves se cachent aussi dans l’ordinaire, pour peu qu’on sache les cueillir.
Partons chez nous, pour découvrir d’un œil nouveau les merveilles cachées dans notre quotidien !
