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Pandémie, confinement : j’ai peur

Valérie de Minvielle 6 avril 2020
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L’autre jour, j’ai regardé les informations au journal télévisé, chose que je n’avais pas faite depuis plusieurs années. J’ai été horrifiée. Moins par les proportions que prend cette pandémie et ses conséquences que par le contenu des reportages qui, les uns après les autres, éveillaient tous une même émotion, dans une mise en scène spectaculaire : la peur. 

La peur est une émotion qui marche plus souvent que d’habitude à nos côtés depuis trois semaines. Toutes les femmes que j’accompagne m’en parlent.

Parfois, elle a un objet précis, comme Anne, qui me dit :

« Je suis indépendante et j’ai dû fermer ma boîte, j’ai peur de ne pas pouvoir ouvrir à nouveau » ? 

D’autres fois elle a une forme diffuse, qui vous occupe le cerveau, vous rendant hypersensible à tout, sans que vous sachiez exactement ce que vous craignez, comme Lucie qui me dit :

« Je n’ai pas peur pour mon mari ou nos enfants, mais je vis avec un sentiment global de peur qui me prend aux tripes au petit matin et ne me laisse pas me rendormir ».

Nous ne sommes pas égales face à la peur.

Certaines ont un sentiment de sécurité fort, une confiance en la vie qui les aide à traverser les tempêtes en gardant à peu près la tête froide. Celles-là sont peut-être déjà attirées par les questions sur l’issue de la crise. Elles voient les bénéfices du confinement, apprennent et se renouvellent à grande vitesse. Elles ne sont pas épargnées par l’émotion de peur, mais c’est la confiance qui prend le dessus en général.

D’autres manquent de « sécurité interne » – sentiment qui se bâtit le plus souvent durant l’enfance – et se trouvent complètement brassées en ce moment, fortement déstabilisées. Elles ont l’esprit confus, se sentent vidées dès le matin, inquiètes un peu tout le temps, ne parviennent pas à réfléchir comme d’habitude.

D’autres enfin, confrontées en permanence à la catastrophe sanitaire ou à l’angoisse des autres dont elles se font le réceptacle, se sentent imprégnées par une peur qui les tapisse de l’intérieur. 

Que vous soyez dans l’un ou l’autre des cas, je vous propose des pistes pour ne pas laisser la peur s’installer durablement jusqu’à devenir ce « sentiment diffus » dont parle Lucie. 

Pourquoi ?

Parce que si l’émotion de peur vous prépare à affronter le danger, le sentiment installé de peur, lui, vous paralyse. Vivre dans la peur crispe, enferme, déprime. Or, en ce moment plus que jamais, vous avez besoin vital de retrouver le contact avec vos ressources, y compris immunitaires. 

Or si vous espérez des phrases comme « tout va bien se passer », ou « ne t’inquiète pas, tout va redevenir comme avant », ou « aucun des tiens ne sera jamais touché », jamais vos peurs ne seront apaisées. Car personne ne peut vous dire ces phrases.

Personne ne sait comment ça va se passer. 

Nous vivons une grande secousse, qui apporte son lot de drames et de transformations. Il est difficile d’échapper à la peur. Mais nous avons toujours le choix de comment vivre cette peur, comment la traiter, quoi en faire dans notre système.

Comment faire pour ne pas se laisser écraser par la peur ? 

Je vous propose de commencer par regarder vos peurs en face. 

  • Qu’est-ce qui vous fait peur ? Le plus souvent, la peur est peur de perdre.
  • Qu’avez-vous peur  de perdre ? la vie ? des êtres aimés ? la liberté ? le lien avec les autres ? la confiance en l’avenir ? le lien avec vos habitudes passées ? 

Sonia m’écrit : « Je suis angoissée de ne pas pouvoir dire à mes enfants combien de temps tout ça va durer, j’ai peur de ne pas pouvoir aller voir mes parents s’ils sont malades, j’ai peur que notre gouvernement ne prenne pas les bonnes décisions ». 

Laurence a ces mots : « Mon mari est soignant. Il part tous les matins au travail. Je crains pour sa santé et pour la nôtre. Comment faire avec cette peur chaque jour ? ». 

Maintenant, j’aimerais vous apprendre une autre façon de vivre cette peur. 

Une fois que vous avez identifié la plus grande de vos peurs, écrivez-là sur un papier. Savez-vous que toute peur est une face d’une médaille ?

Savez-vous ce qu’on trouve si on tourne la médaille ? Un désir. 

  • Vous avez peur de rater votre vie ? Votre désir est dans doute de réussir votre vie sur tous les plans.
  • Vous avez peur d’attraper le virus et de tomber malade ? Votre désir est peut-être de rester en pleine santé toute votre vie.
  • Vous avez peur de ne pas pouvoir être près de vos parents s’ils ont besoin d’aide ? Votre désir pourrait être de soutenir et honorer vos parents jusqu’à la fin de leur vie.
  • Vous avez peur d’être engloutie par l’angoisse des autres ? Votre désir est dans doute de vivre la tranquillité comme sentiment de fond.

Une fois que vous avez retourné le gant de toilette et trouvé, derrière votre peur, le désir caché, que sentez-vous ? Réalisez-vous que votre formule ressemble fort à un objectif vers lequel vous êtes capable de vous mettre en action ? 

Là où la peur a plutôt un effet paralysant, apprendre à formuler le désir caché derrière la grande peur est une façon puissante de vous mettre en mouvement.

Vient le moment, maintenant, d’aller puiser dans vos forces créatives pour réaliser votre désir. 

Si votre désir est de réussir votre vie sur tous les plans, pouvez-vous préciser ce qu’est une vie réussie pour vous et agir en fonction ?

Par exemple :

  • Si une vie réussie est faite pour vous de liens de qualité, alors allez voir votre conjoint, ou votre enfant et dites-lui ce qu’il est pour vous, ce que vous aimez en lui. C’est une petite démarche qui va avoir pour effet de commencer à remettre du lien entre vous.
  • Si votre désir est de rester en pleine santé, alors pouvez-vous décider d’une première chose que vous allez faire aujourd’hui pour entretenir votre santé ? Du sport dans le salon ? Un jus de fruits frais pressé au lieu du café ? une soirée danse avec vos enfants vers 18h tout à l’heure ? 
  • Si votre désir est de soutenir et honorer vos parents toute leur vie, que pouvez-vous faire dès aujourd’hui pour agir en ce sens ? Leur téléphoner ce soir pour prendre des nouvelles ?  Leur envoyer un collage pour leur dire ce qu’ils représentent pour vous ? Organiser une réunion de famille sur skype ? Accrocher chez vous une photo de vos parents, et faire une méditation ou une prière devant cette photo chaque matin ? 
  • Si votre désir est de retrouver l’insouciance et la tranquillité, où pouvez-vous aller la chercher ? En décidant de visionner les films à l’eau de rose de votre adolescence ? En proposant à votre famille un goûter-dîner à 17h ce soir ? En décidant avec votre conjoint de vous habiller à l’envers le même matin pour voir la tête de vos enfants ? 

Plus vous êtes confrontée à la peur des autres, et plus vous avez besoin d’une dose de légèreté au moins doublement supérieure à la dose d’angoisse que vous avez reçue. 

Voyez-vous comment apprendre à retourner la peur en désir ? Voyez-vous comment faire ce travail vous remet dans le flux de la vie ? 

Je vous propose d’essayer, dès maintenant.

C’est important pour votre santé, c’est important pour l’état d’esprit de votre conjoint, c’est important pour la qualité de l’ambiance chez vous durant ce confinement. 

En vous prêtant à cet exercice, vous renouez avec ce que vous avez de plus vivant en vous, vous vous mettez en action, vous retrouvez une respiration régulière.

Ce faisant, vous contribuez à bâtir le monde d’après, avec les ondes de vos actions. Un monde qui aura été façonné par votre Désir, qui sera plein de vos valeurs, de vos forces de vie. 



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Cet article a été écrit par :
Valérie de Minvielle

Psychologue clinicienne, Valérie de Minvielle fonde après 20 ans d'expérience professionnelle "Ma Juste Place", une méthode d’accompagnement personnalisé pour les femmes qui veulent se sentir à leur juste place dans leur vie de couple, en tant que mère, et dans leur vie professionnelle et sociale. Elle est également l'auteur de "Trouver ma juste place - dans le quotidien de 7 femmes inspirantes" paru en janvier 2020 et de "Imparfaite mais heureuse", paru aux éditions Mame en 2023.

https://www.majusteplace.com/

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