L’amour chez les autres : un jeu d’enfant ?
« Ça a l’air tellement simple pour David et toi », m’a-t-on dit dernièrement.
Ah ouais, c’est ce que tu crois ?
Alors tu n’as jamais vu le film de guerre qui a été tourné chez moi depuis qu’on est en couple. On y trouve tous les ingrédients de la parfaite production hollywoodienne :
- Un scénario bien ficelé, qui te tient suffisamment en haleine pour que tu ne saches jamais vraiment qui est le gentil et qui est la méchante (ou inversement).
- De l’action, avec des portes qui claquent et moi qui m’enfuis dans la nuit pour hurler ma rage tranquille dehors (faudrait quand même pas réveiller les gamins).
- Du sang, comme la fois où la chaise a valsé et celle où la vitre a pété.
Et puis quelques effets spéciaux, surtout au moment précis où les invités passent la porte de la maison. Ravaler sa salive, afficher un sourire niais, sortir ses meilleurs sujets de conversation, mettre sa colère au frais dans un tupperware hermétique — le tout à réchauffer allègrement au micro-ondes dès que les mêmes invités auront enfin quitté les lieux pour nous laisser nous engueuler en paix.
Et puis comme dans tout bon film, des bonnes vieilles intrigues, des non-dits, des ramifications familiales, bref : le parfait mix pour un bon gros merdier (et je pèse mes mots).
Pourquoi je te raconte tout ça ?
Peut-être un peu, je dois l’avouer, pour m’offrir un petit moment caliméro : être celle qui va toujours bien, ça n’est pas le beau rôle à tous les coups. Oui, j’ai une vie exaltante. Oui, je trouve que j’ai un homme d’exception, qui n’a pas peur de me donner des ailes et qui, denrée rare, n’a pas de problème pour “parler”. Mais tu vois, si je te raconte tout ça, c’est aussi pour t’emmener un peu dans les coulisses, sans vraiment te dévoiler mon jardin secret, mais t’en montrer juste assez pour que tu voies que non, vraiment, l’herbe n’est pas plus verte chez les copains.
L’herbe est parfois — souvent — bien cramée chez les voisins aussi, y compris ceux que tu envies parce que, EUX, ils se font des week-ends en amoureux 3 fois dans l’année.
Non, ce n’est pas plus facile chez les autres…
…et j’y pense à chaque fois que je vide un paquet de mouchoirs, après avoir appris que des amis se séparent, sans que je n’aie rien, franchement rien vu venir.
Et je pleure avec eux, parce que je sais trop bien que la vie de couple ne tient trop souvent qu’à un fil.
Alors voilà, mon fabuleux et moi, on avance, on apprend, on serre les dents, on fait des thérapies, on partage nos inspirations ET on a des tas de moments sale-gueule-à-force-d’avoir-trop-pleuré-ou-trop-crié, le genre d’instant que tu n’immortalises jamais et qui ne sera jamais partagé sur Instagram.
Un couple, ça ne se compare pas.
Un couple est unique, comme une histoire est unique, et on ne sait jamais ce qui se passe vraiment dans la maison des autres. Personne ne peut savoir ce qui se dit quand la voiture démarre, ce qui se crie quand les invités sont partis, ce qui sort quand personne n’entend (sauf peut-être les enfants).
Et derrière ces masques de couple, peut-être que tu te sens seule, peut-être que tu te sens à côté de la plaque, alors j’aimerais te dire — et au fond, je ne sais pas si ça va te rassurer — que c’est normal.
Que tu n’es pas une ratée, que ton partenaire ne l’est pas tant que ça. Le chemin est rocailleux, escarpé, exigeant, larmoyant. Il n’est facile pour personne, car chacun est seul face aux scènes de films pas romantiques qui sont tournées dans le secret de nos foyers.
Reconnaître que c’est dur, que c’est dur pour tout le monde et qu’au fond ça fait partie du jeu, c’est souvent le début de la fin de l’angoisse.
Et si tu penses que votre aventure est trop compliquée, dis-toi que les meilleurs films sont basés sur des galères pas possibles. Votre histoire est comme toi : elle n’a pas besoin d’être parfaite pour être fabuleuse…