Montre-moi ton sac à main, je te dirai qui tu es - Fabuleuses Au Foyer
Maman épuisée

Montre-moi ton sac à main, je te dirai qui tu es

Marie Chetrit 25 février 2019
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L’autre jour, avec une amie, nous parlions de nos sacs à main. Elle venait de s’en acheter un très original, le genre de sac qui claque et ne passe pas inaperçu, un sac assorti à sa personnalité. En le regardant, je me disais que jamais je n’oserais m’acheter un sac pareil :

“ Bien trop voyant pour moi, enfin ! ”

Et puis j’ai regardé le mien : classique, soigné, discret.

Trop discret justement.

En regardant mon sac, j’ai repensé à mes articles, ceux qui sont ici, sur le site des Fabuleuses, et ceux que je publie sur mon blog. Ici, je parle de moi en vérité, de ce que je n’oserais pas écrire là-bas. Là-bas, je montre mon autre visage, celui de la fille qui aime s’amuser, se tourner en dérision et parfois même exagérer jusqu’à raconter n’importe quoi, pourvu que cela fasse rire.

Ces deux facettes forment celle que je suis vraiment, au fond de moi.

Mais de ces deux facettes, aucune ne colle avec mon sac à main. Mon sac à main, c’est celui qui est assorti à la fille discrète que j’étais adolescente, quand je veillais à ne pas me faire remarquer, quand je portais toujours des manteaux gris, des pulls écrus et des écharpes noires, des talons de hauteur raisonnable et un maquillage très léger. Ma manière de m’habiller est, en grande partie, restée celle de cette adolescente-là, même si je m’achète aujourd’hui des vêtements un peu moins classiques et que, sans avoir un style de dingue, je commence à affirmer ma personnalité.

Il était temps !

À rebours de ce cheminement, ma fille aînée, du haut de ses 13 ans, fait preuve (depuis qu’elle a dépassé le stade du rose et des paillettes) de goûts très affirmés, parfois même surprenants pour une enfant de son âge. Sans sombrer dans l’excentricité, elle a de l’audace vestimentaire, et je m’en réjouis : j’y vois un signal très positif d’affirmation d’elle-même. J’aurais bien aimé être comme elle à son âge. Moi, il m’a fallu du temps pour arriver, vestimentairement parlant, au stade où elle en est déjà. J’apprends à grandir en la regardant.

La question du sac, donc.

  • Dois-je attendre d’avoir évolué pour acheter un nouveau sac qui corresponde à ma future personnalité dans 2, 5 ou 10 ans ?
  • Ou bien vais-je devenir plus exubérante si j’investis dès maintenant dans un sac excentrique (me connaissant, ça ne sera pas non plus clownesque !) qui agira comme un révélateur de ma personnalité ?

Autrement dit, le sac est-il l’œuf ou la poule ? Cause ou conséquence de mon changement ?

Pour l’ex-grande timide que je suis, accepter d’être remarquée n’est pas chose facile : quand j’étais jeune fille, il suffisait que l’on me regarde dans la rue pour que je me torde la cheville et que je trébuche. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si j’écris plutôt que d’avoir une chaîne youtube ou un podcast : cela me procure la sécurité de la distance et d’un relatif anonymat.

Et pourtant, j’aurais tendance à penser que pour s’affirmer, il faut parfois oser aller au-delà de sa zone de confort.

Mon sac à main trop discret est assorti aux culottes à l’élastique distendu (mais dans lesquelles je suis tellement à l’aise), à la jupe qui date (mais très bien encore), au manteau un peu quelconque (mais qui va avec tout)… et à toutes ces affaires que je n’aime pas spécialement pour autre chose que la confortable cachette qu’elles m’offrent.

Quand, le matin, je regarde depuis ma fenêtre la nuée des parents converger vers l’école avec leurs petits qui trottinent, je vois, le plus souvent, une foule noire ou grise. Et, au milieu de cet océan uniforme, j’aperçois de temps en temps le manteau lumineux ou le chapeau éclatant d’une silhouette.

Je perçois la vivacité, l’énergie et la joie exprimées par son allure, qui provoquent en moi un léger shoot de vitamines, comme si j’apercevais une petite fleur poussant audacieusement entre deux pavés. Et même si cette personne ignore tout de l’effet qu’elle a sur moi, même si je me trompe et qu’elle est de mauvais poil aujourd’hui, peu importe : elle illustre pour moi la capacité à se démarquer et à affirmer sa singularité.

Cette personne qui tranche sur la foule est un petit clin d’œil :

Elle me rappelle que je peux montrer à tous les passants qui je suis, réellement, en assumant mon originalité intérieure. Et aussi, peut-être, que si je me fais transparente, je pourrais finir par devenir transparente.

Finalement, cette histoire de sac à main n’est pas si futile qu’elle en a l’air. Pour moi, acheter enfin un nouveau sac à main, joyeux, vif, clinquant et assumé, ne signifierait pas simplement acheter un sac à main. Ce serait donner un indice sur qui je suis vraiment au fond, au lieu de me cacher perpétuellement derrière une façade de sobriété.

  • Qu’est-ce que j’accepte de montrer de moi, et qu’est-ce que je choisis de garder pour moi ?
  • Est-ce que je me sens assez sûre de moi et en sécurité pour oser être en cohérence, intérieure et extérieure ?

Voici les questions que je me poserai, la prochaine fois que j’irai faire du shopping ^^.

Et toi, chère Fabuleuse, comment serait ton nouveau sac à main et que veux-tu offrir au monde de ta singularité ?



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Cet article a été écrit par :
Marie Chetrit

Scientifique de formation et de profession mais littéraire de cœur, Marie Chetrit partage sur son blog de petits textes sur les moments rigolos ou exaspérants de sa vie familiale. Elle et son fabuleux époux ont chacun un grand d’une première union et deux petits diablotins ensemble.
https://prgr.fr/

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