… d’avoir une femme comme moi !
Ce matin, j’étais dans la cuisine et mon mari travaillait sur son ordinateur dans la salle à manger. Comme notre cuisine est américaine, on peut se voir tout en étant dans deux espaces différents. Il me regarde et me dit comme ça :
“Vraiment, je suis trop chanceux d’avoir une femme comme toi.”
J’ai ri, je me suis sentie un peu perdue, à la fois flattée et gênée d’entendre un compliment pareil. J’ai eu une envie folle de lui demander pourquoi il me disait cela, mais je n’ai rien dit.
J’ai juste accueilli ses mots avec un sourire et un mot :
“J’aime quand tu me dis des choses comme ça.”
En faisant le bilan, mon mariage est bien meilleur que ce que j’imaginais vivre quand j’étais jeune.
J’avais tellement peur de vivre la même chose que mes parents. Ils vivaient une vie à deux fusionnelle, dans le pouvoir, mon père essayant de contrôler ma mère et ma mère à son tour, lui faisant sans cesse des reproches et se plaçant en victime la plupart du temps.
L’horreur pour moi, témoin de violence durant toute mon enfance et adolescence.
Parmi vous, j’imagine que plusieurs savent de quoi je parle.
J’ai attendu l’âge de 35 ans pour vivre une relation amoureuse en toute confiance
… et me dire : “c’est ok pour moi la vie à deux. Je peux vivre autre chose que ce que mes parents ont vécu.”
Mon constat était très lourd. Dans toute ma famille, il n’y avait pas une seule femme bien dans son mariage. Pour ma mère, le mariage était une prison et elle ne m’a pas épargnée : toute mon enfance, elle n’a eu de cesse de me transmettre cette vision du couple. Mes trois sœurs aînées aussi ont eu des difficultés à vivre une vie de couple épanouie. Mes grands-mères n’étaient pas heureuses non plus dans leur mariage.
Comment aurais-je, moi, pu vivre autrement ?
Je croyais que la vie de couple, j’allais y laisser des plumes
Pour tout vous dire, je ne croyais pas que la vie à deux était possible sans disputes et sans y laisser un peu de son âme. L’histoire de la prison avait fait son chemin en moi et je me sentais dans l’obligation de plaire, de faire attention à ce que je disais, à ce que je faisais, etc.
Ce qui était terrible, c’est que je croyais que j’avais à deviner ce que l’autre attendait de moi.
Je sais maintenant nommer cela : il s’agit de la dépendance affective.
La prise de conscience n’a pas réglé l’affaire
J’ai eu besoin de deux ans et demi pour traiter cela. La guérison de ma dépendance affective a été progressive. Elle n’est d’ailleurs pas complète, mais j’ai pu la contenir à un stade acceptable, qui permet d’être dans une juste distance avec mon conjoint et de construire avec lui une vie de couple respectueuse.
Aujourd’hui, je me réjouis d’être qui je suis
Je me réjouis du couple que je forme avec mon mari et vraiment, ce qu’il dit est juste ! J’ai beaucoup de chance d’être la femme que je suis devenue !