Il laisse systématiquement traîner ses vêtements dans l’appartement ? Et en plus, il a le culot de dire que c’est vous qui êtes maniaque ? Il paraît qu’affronter les conflits est une occasion de grandir en maturité… Alors concrètement, un conflit constructif pour une histoire de chaussettes qui traînent : comment ça marche ? On en parle aujourd’hui avec Yolande Ziegler Schwab !
Elle :
– J’en ai marre de voir traîner tes vêtements dans l’appartement. Tu pourrais être plus soigneux, quand même !
Lui :
– Je ne les laisse pas traîner, je les pose toujours sur une chaise de ton bureau !
Elle :
– Et c’est moi qui dois les ranger. Je ne suis pas ta bonne.
Lui :
– Je ne t’ai jamais demandé de les ranger.
Elle :
– Oui, mais si je ne le fais pas, ils traînent toute la soirée et je déteste ça !
Lui :
– Ce n’est pas ma faute si tu es maniaque à ce point…
Elle :
– C’est mission impossible de vivre avec toi !
Voilà un conflit qui ne peut que s’enliser !
Madame commence par une plainte (« J’en ai marre ») accompagnée d’un reproche (« Tu pourrais être plus soigneux »).
Cela met Monsieur sur la défensive : il conteste la façon de voir de sa compagne (« Je ne les laisse pas traîner ») et il en profite pour contre-attaquer (« tu es maniaque »).
Et elle donne le coup d’épée final (« c’est mission impossible de vivre avec toi ») qui va bloquer complètement la communication car elle remet en question la relation de couple.
Pour gérer ce conflit de manière constructive, suivez ces 4 étapes,
inspirées de la CNV (Communication Non Violente) et exposées par Yolande Ziegler Schwab, psychopraticienne et coach de vie :
« À ce stade, il faut parler du problème… Mais pas n’importe comment ! On va le faire en 4 étapes :
1. Dire les faits : rester le plus factuel possible.
« J’ai constaté que tu déposais tes habits sur la chaise de notre chambre à coucher en rentrant du travail. »
(et non « J’en ai marre de voir traîner tes vêtements »)
Attention à bien distinguer fait et jugement !
2. Exprimer mon ressenti : parler en « je » pour assumer la responsabilité de mon ressenti.
« Cela m’ennuie parce que c’est la chaise de mon bureau et j’ai l’habitude de m’y asseoir plusieurs fois dans la soirée. Je me vois alors contrainte de déplacer tes habits. »
(et non « tu pourrais être plus soigneux quand même ! »)
Ainsi, Madame n’accuse personne. Elle décrit simplement sa difficulté !
3. Exprimer mon besoin : Quel désir ou besoin est contrarié ? Qu’est-ce que je veux vraiment ?
J’ai besoin que mon espace de travail soit respecté
(et non : « je déteste les habits qui traînent ! »)
Si je ne suis pas au clair moi-même, je ne peux pas affronter l’autre de manière claire non plus !
4. Exprimer mon souhait : trop souvent, les conflits sont abordés comme des procès.
Le but semble être de trouver un coupable et de le punir. Les échanges deviennent une alternance d’attaques et de défenses. L’état d’esprit à avoir : c’est l’un et l’autre contre le problème et non l’un contre l’autre.
« J’aimerais bien qu’on trouve un compromis pour le rangement ; on peut y réfléchir ensemble ? » ou « Tu peux m’aider à y réfléchir ? »
(et non : « c’est mission impossible de vivre avec toi ! »)
Ainsi, les deux pourront chercher ensemble des solutions !
Tout cela : facile à dire, mais beaucoup plus difficile à faire !
Mieux communiquer n’est pas juste une affaire de trucs et astuces, mais implique un désir de grandir en maturité.
Si je suis toujours convaincue que c’est les autres qui ont tort et que j’ai raison, le conflit ne nous aidera pas à « mieux nous entendre » !
En effet, si je ne suis pas prête à changer, les efforts que je vais faire pour mettre en pratique toutes ces pistes ne me permettront pas d’aller bien loin…