Lundi dans la nuit, la gastro est venue nous rendre visite. Elle a commencé par la plus petite. Toutes les heures, elle venait frapper à la porte. Et illico, changement de couvertures, de nounous, pyjamas, baisers et câlins. Et hop, ensuite, au lit.
- La première fois, avant minuit, j’ai lancé une machine.
- La deuxième fois, j’ai mis les draps souillés dans la baignoire.
- La troisième fois, notre fille a terminé dans notre lit. Erreur fatale car notre literie a pu derechef subir les assauts du méchant virus.
Sous les sacs poubelles, la plage
Je me suis donc plongée dans les placards pour me rendre compte, à quatre heures du matin, du joyeux bazar entre taies d’oreillers et housses de couette. Une, deux places et deux places et demi, rien n’est à la bonne taille…
Repousser la colère. Réussir quand même à refaire la literie les yeux mi-clos, le cœur de plus en plus nauséeux. Cinq heures du matin, rebelote… Cette fois-ci, il y en a autant sur moi que sur les draps.
« Ce n’est pas grave ma chérie, tout ira bien. »
Nous terminons, tous les trois, mon mari, ma puce et moi sous une douche brûlante. Et puis, de guerre lasse, nous finirons par nous assoupir sur un mélange de sacs poubelles et de serviettes de plage. Rêvant pour les dernières minutes de la nuit à une trêve provisoire de la maladie et… des futures vacances au soleil.
Chacun son tour
Après un jour bien au chaud, retour à l’école. La maîtresse nous accueille avec une grimace à peine dissimulée :
« Ah la gastro, merci ! On va tous y passer… »
Elle ne croit pas si bien dire. Le lendemain, un petit camarade vomit direct à son arrivée dans la classe. Deux jours plus tard, c’est mon tour. À peine rétablie, au tour de mon mari. L’invitée surprise prend ses aises comme une belle-mère qui n’aura pas compris qu’on ne voulait pas d’elle.
Chère Gastro
Alors chère gastro, sache que je ne t’en veux pas. Malgré tes odeurs nauséabondes et tes attitudes cavalières, tu mets à jour nos fragilités. Tu nous forces à ralentir. Qui ne se souvient pas des journées cocooning passées à la maison où, petit enfant, on avait le droit de regarder exceptionnellement la télé, manger des carottes et du riz ?
Et toi, chère Fabuleuse, ne te vois-tu pas obligée un instant d’arrêter de courir, de faire les courses, de prévoir six mois à l’avance, de lutter contre les grèves et la pluie…pour rester blottie dans nid avec les tiens ? Il n’y a qu’une chose à faire : rien. Et attendre que ça passe.
Carpe Diem
C’est peut-être ce que nous apprend cette épidémie : notre vulnérabilité et l’acceptation du présent. Certes la leçon est amère, ce « Carpe Diem » a peut-être mauvais goût, et pourtant la maladie nous force à être là. Et à puiser dans notre courage, notre résistance et notre engagement de maman. Telle une lumière au bout de la nuit : notre force est là, notre beauté aussi. Et il n’y a rien de plus fabuleux de combattre héroïquement, ou même de baisser les armes, face aux assauts de la gastro.
En attendant, je te souhaite, chère Fabuleuse, un prompt rétablissement !