Lorsque l’enfant ne vient pas - Fabuleuses Au Foyer
Vie de famille

Lorsque l’enfant ne vient pas

couple assis par terre à l'air triste
Une Fabuleuse Maman 2 mai 2023
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À l’heure actuelle, un couple sur six rencontre des difficultés pour concevoir.

Mon mari et moi avons deux enfants nés en 2020 et 2021 et je suis enceinte de notre troisième au moment où j’écris ces lignes. Pourtant, nous avons dû attendre six ans avant d’avoir notre premier enfant et nous avons longtemps cru que nous n’aurions jamais cette chance.

Nous avons été un couple infertile, et pendant cette longue période d’attente j’ai co-écrit un livre sur l’infertilité, avec l’aide de nombreux couples rencontrant des difficultés pour avoir leur premier enfant, pour agrandir leur famille ou ayant vécu des fausses couches. Ces personnes ont accepté de témoigner par solidarité de leur vécu de cette attente pendant celle-ci ou après.

Tu es peut-être, chère Fabuleuse, en train de vivre ce par quoi nous sommes passés ?

Aujourd’hui c’est à mon tour de partager avec toi ce qui nous a aidés à l’époque.

Mon mari et moi nous sommes mariés en 2014. J’avais toujours eu des cycles irréguliers avec des cycles pouvant aller jusqu’à 72 jours et nous avons souhaité nous former tous les deux en vue de pratiquer les méthodes naturelles de régulation des naissances [1]. Observer mon corps grâce à ces techniques m’a permis de connaître ma période ovulatoire mais aussi de découvrir que je n’ovulais pas à chaque cycle. Nous avions donc conscience que nous allions peut-être devoir patienter quelques mois avant de parvenir à avoir des enfants.

Après quelques rendez-vous chez le gynécologue, nous avons décidé de nous tourner vers la NaProTechnologie [2]. Nous avons alors eu des rendez-vous avec une monitrice qui nous a appris à observer mes cycles dans les moindres détails et le médecin nous a donné des examens plus poussés à faire.

Grâce à ces examens, nous avons enfin pu mettre des mots sur les difficultés que nous rencontrions :

un syndrome des ovaires micropolykystiques (SOPK) et une suspicion d’endométriose pour ma part, un spermogramme vraiment pas terrible du côté de mon mari. Nous avons vécu comme un soulagement ces diagnostics qui nous permettaient de situer le problème, d’autant plus qu’il existait des traitements. Cependant, l’incertitude concernant l’efficacité de ces traitements demeurait.

Les traitements médicamenteux ont débuté, puis est venu le temps des opérations pour mon mari et pour moi. Après cela, nos résultats d’examens se sont améliorés mais l’enfant biologique ne venait toujours pas. C’était dur, car il y a eu un moment où, médicalement parlant, nous avions fait le tour.

En parallèle de tous ces examens et traitements, nous avions commencé à reparler dans notre couple de l’adoption.

Nous avions déjà abordé ce sujet avant de nous marier, car ayant plusieurs cousins-cousines adoptés, cela me paraissait alors une évidence de me tourner vers l’adoption si nous ne parvenions pas à avoir d’enfant naturellement. Pour mon mari, c’était une perspective inconnue mais il était partant pour celle-ci. Toutefois, une fois que nous avons été réellement confrontés à l’attente de l’enfant, ce projet d’adoption n’était plus aussi clair pour moi. Les questions se succédaient : étions-nous capables d’accueillir un enfant ayant connu la blessure d’abandon ? Était-ce un chemin pour nous ? Après de nombreux échanges entre nous mais surtout avec d’autres couples ayant adopté, nous avons décidé de nous lancer. Nous avons alors enchaîné les entretiens avec l’éducatrice spécialisée et la psychologue, et nous avons obtenu notre agrément en 2018.

Ce parcours d’adoption a été assez long et éprouvant.

Nous étions alors dans une nouvelle attente : celle que l’on nous contacte pour nous dire qu’un enfant avait potentiellement besoin de nous. Nous attendions et avions déjà renouvelé notre agrément (il se renouvelle tous les ans) lorsque nous avons découvert que j’étais enceinte.

Certains penseront peut-être : « Ah, vous voyez, il suffisait de lâcher prise, de ne plus y penser ». Il m’a fallu un livre entier pour pouvoir expliquer pourquoi les choses ne sont pas si simples. Le plus important c’est que nous ne sommes pas seuls dans cette souffrance et qu’il existe des moyens de mieux vivre cette attente notamment dans l’échange et le partage.

Plusieurs points nous ont aidés dans notre parcours :

— PARLER AVEC NOTRE ENTOURAGE. Nous avons senti beaucoup de compassion de leur part et d’écoute bienveillante face à ce que nous vivions. Par exemple, plusieurs nous ont envoyé des cartes postales en nous disant qu’ils pensaient à nous par rapport à notre épreuve et cela nous a énormément touchés même si nous n’avons pas forcément su comment leur témoigner notre gratitude à ce moment-là. Nous nous sentions portés et de notre côté cela nous a appris à être plus attentifs aux souffrances des autres (célibat, maladie, séparation, difficultés des parents autour de nous…).

— LES TÉMOIGNAGES INSPIRANT D’AUTRES COUPLES. Écouter des couples ayant vécu ou vivant cette difficulté (dans notre entourage, dans nos rencontres, en groupe de parole…) nous a beaucoup apporté. Nous y puisions de l’espoir et des idées (avoir un cadeau de la part de son conjoint au moment des règles, profiter comme nous pouvions de ce temps à deux, ne pas se sentir obligés de courir à la maternité lors d’une naissance, écrire un carnet à destination de notre enfant adopté ou naturel…).

— LES GROUPES FACEBOOK DÉDIÉS À L’ATTENTE DE L’ENFANT. Tout comme avec les Fabuleuses, le fait d’échanger avec d’autres personnes rencontrant des difficultés similaires m’a fait énormément de bien et m’a aussi permis de m’apercevoir que je n’étais pas la seule à vivre les évènements de cette façon mais qu’au contraire, nous étions très proches dans nos réactions face aux examens à faire, aux annonces de grossesse… et dans nos questionnements.

— NOTRE FOI. Elle s’est trouvée ébranlée par notre épreuve mais paradoxalement, elle était un lieu de soutien car nous avons pu participer à un groupe de paroles et faire des week-ends avec d’autres couples qui vivaient la même épreuve, croyants ou non.

— NOTRE COUPLE. Nous avons pris le temps de vivre des moments de qualité en couple à travers, par exemple, des voyages dans des pays étrangers tout en rencontrant des locaux. Mais nous avons aussi passé de bons moments avec notre entourage en organisant des soirées jeux de société, des week-ends de détente et de simplicité ou encore en accueillant des personnes du monde entier via des sites d’hébergement gratuits.

— L’ÉCRITURE. J’ai écrit beaucoup de lignes durant notre attente (à la façon d’un journal intime) et cela m’a aidée à mieux la vivre. Mais c’est surtout la co-rédaction d’un livre public sur l’attente de l’enfant qui m’a soutenue. J’ai pu y mettre tout ce que j’aurais aimé trouver durant notre propre attente : des explications sur tout le côté médical, les différents parcours possibles face à l’infertilité (PMA, NaProTechnologie, adoption), les initiatives pour les couples en espérance d’enfants, le côté psychologique… et tout cela grâce à l’aide de nombreux couples qui ont accepté d’apporter leur témoignage pour rendre ce livre vivant. Cette folle aventure m’a permis d’échanger avec des professionnels accompagnant les couples en situation d’infertilité, avec des couples vivant l’attente et aussi avec l’entourage. La plupart d’entre eux ont accepté de témoigner pour le livre et, sans forcément s’en rendre compte, m’ont beaucoup portée à travers ce qu’ils me disaient.  

Avec mon année dans le Village, je me suis aperçue en échangeant avec d’autres mamans qu’un certain nombre avait rencontré des difficultés similaires aux nôtres et que d’autres s’interrogeaient sur le soutien qu’elles pouvaient apporter à leurs amis qui traversaient cette épreuve. Votre présence à leur côté est déjà une grande aide et je peux vous assurer que vos délicates attentions restent ancrées dans les mémoires même si parfois sur le coup, les mots n’ont pas été trouvés pour vous remercier.

Ce texte nous a été transmis par Marie-Cécile Sarpat, une fabuleuse maman.

Inspirée par son expérience et grâce à de multiples rencontres, elle a entrepris l’écriture en duo d’un livre sur l’infertilité, destiné à la fois aux couples en espérance d’enfant et à l’entourage qui souhaite mieux comprendre ce qui est vécu.  

Sarpat Marie-Cécile et Goursille Catherine, L’infertilité, et si nous en parlions ?, 2021, 283 p.


[1] Méthodes naturelles : ensemble des méthodes qui consistent à apprendre à observer le cycle féminin pour mieux comprendre la fertilité et pouvoir repérer les périodes infertiles et fertiles de celui-ci.

[2] NaProTechnologie : il s’agit d’une aide médicale visant à restaurer la fertilité du couple. Elle s’effectue avec un accompagnement personnalisé réalisé par une instructrice et un praticien inscrit à l’Ordre des médecins et formé dans cette méthode. Site internet : https://www.fertilitycare.fr/naprotechnologie.



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