«Profitez, ça passe trop vite. » Si vous entendez cette phrase, c’est que vous venez d’entrer dans le club pas très sélect des parents. En guise de bienvenue, on vous prévient tout de suite que l’aventure dans laquelle vous venez d’être parachuté va passer très vite. Trop vite.
Ca passe vite, OK. Mais pourquoi est-ce qu’ils se sentent tous obligés de nous préciser qu’il faut « profiter » ?
Très rapidement, vous comprenez : les journées sont longues. On se lève bien avant l’aube. On se traîne jusque bien après le coucher du soleil. Tu as les mains qui sentent continuellement les excréments, ou au mieux le Mytosil ? Profite ! C’est le quatrième t-shirt émaillé de purée de carottes que tu inondes de K2R aujourd’hui ? Profite ! Tu remets les casseroles dans le placard pour la cinquième fois ? Profite ! Profite ! Enjoy !
Les journées sont longues. Mais les autres parents nous ont briefés : il faut profiter. Alors quand on crie pour rien, quand on n’arrive plus à penser qu’à notre manque de sommeil, quand on regarde tout le temps sa montre pour vérifier si c’est pas l’heure de la sieste des bambins… on culpabilise.
Parce qu’on nous a prévenu : il faut profiter. Geniessen, meine Freunde, geniessen. Mais voilà, il y a des jours où on n’y arrive pas. Des jours où les bisous, les câlins et les éclats de rire laissent place au découragement et à l’épuisement. Et plus on se décourage, plus on se sent coupable.
Parce qu’on nous a prévenu : les années sont courtes. L’autre jour, une Fabuleuse me racontait qu’elle avait pleuré à chaudes larmes en se séparant des derniers vêtements de bébé qui restaient dans sa maison.
« Profitez, ça passe trop vite. » En somme, « si vous ne profitez pas maintenant, vous le regretterez plus tard. »
Longues journées, courtes années. Le paradoxe de la parentalité.
Dans la vie, il y a des saisons. Des saisons où les poubelles à couches se remplissent plus vite que les agendas de sorties entre amis, où des hurlements bercent nos jours comme nos nuits. Et puis, il y aura une saison où le silence nous fera mal aux oreilles.
Vous avez un petit coup de mou ? Le mot « profiter » vous fait rire jaune ? N’abandonnez pas. Gagnez du terrain sur l’insatisfaction. Apprenez, petit à petit, à aimer votre vie.
« Profiter » : commencer à chercher les petits détails du quotidien qui font que finalement, la vie est belle. Parce qu’on ne retrouvera jamais le passé. Parce que l’avenir n’est pas encore là. Parce que le seul moment qu’on peut changer, c’est maintenant.
Comme dirait Winnie l’Ourson : « Aujourd’hui est le jour que je préfère. »
SOS Fabuleuses : vos conseils pour bien profiter de la journée ?