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Vie de famille

Les enfants volent-ils notre vie ?

parents regrettent
Hélène Bonhomme 11 décembre 2019
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C’est une question que tous les parents se sont posés, partagés entre la joie inexprimable de prendre leur progéniture dans les bras pour les câlins au réveil, et la joie tout aussi inexprimable, le soir, de voir ladite progéniture sombrer enfin dans le sommeil.

Avoir des enfants, c’est beaucoup de rires, beaucoup de larmes, beaucoup de questions, beaucoup de bordel. Avant, on avait une vie : on allait bosser sans réfléchir à nos horaires de réunion, on allait dîner chez des amis sans réfléchir au lit parapluie, on prenait notre petit-déjeuner assis et sans réfléchir à planquer le Nutella, car il en restait toujours un peu pour soi.

Mais ça, c’était avant d’être parents. Et avouons-le, on s’est tous au moins une fois posé la question : “Qu’est-ce qui nous a pris ?” C’est vrai, quoi : quelle idée de se mettre volontairement dans la m*, et ce pour la vie (car il paraît que grands enfants = grands soucis) !

Pourquoi faisons-nous des enfants ?

Pour le plaisir de pouponner ? Pour avoir une tablée pleine, quand on sera vieux, le soir de Noël ? Pour former de bons citoyens, capables d’assurer un avenir convenable à notre planète ?

Pourquoi faisons-nous des enfants ? Certains diront : “Parce qu’avant de les faire, nous n’avons aucune idée de la difficulté que nous aurons à les élever.”

Ayant traversé un burn-out maternel, il m’est arrivée de me sentir totalement désemparée dans ma relation avec mes enfants. Même si mon amour pour eux a toujours été intact, devenir leur maman m’a poussée dans mes retranchements, ce qui m’a amenée à crier, à pleurer, à craquer. Mon mari et ma thérapeute aidant, j’ai pu relire mon histoire et comprendre les raisons qui m’avaient fait péter les plombs.

Aujourd’hui, je m’occupe à plein temps de notre communauté de mamans et, en lisant chaque jour les dizaines de témoignages envoyés par mes lectrices, je réalise que si nous faisons des enfants, eh bien… c’est justement pour péter les plombs.

Les enfants nous emmènent au bout de nous-même

Il y a quelques temps, j’ai découvert le travail de Shefali Tsabary et j’ai été marquée par la précision avec laquelle elle a mis des mots sur ce que j’avais vécu. Dans The Conscious Parent, elle explique que la vraie raison pour laquelle nous faisons des enfants, c’est avant tout pour nous retrouver face à nos propres contradictions intérieures :

“Selon moi, l’objectif premier de la relation parent-enfant est l’évolution des parents (…) Nos enfants viennent à nous pour que nous reconnaissions nos blessures et affrontions courageusement les limites que ces blessures ont engendrées en nous.”

Shefali Tsabary poursuit en expliquant que dans ce processus de transformation, nos enfants sont nos alliés. Plutôt que de voler notre vie, ils nous ramènent au coeur même de notre vie — et ils le font justement en nous poussant jusqu’à notre “point de rupture” :

“Tel enfant entre dans votre vie avec ses propres problèmes, ses difficultés, son entêtement et son mauvais caractère, afin de vous aider à prendre conscience de tout le chemin que vous avez encore à parcourir pour grandir. En effet, nos enfants sont capables de nous ramener à certaines phases de notre passé affectif et de susciter des émotions profondément enfouies au niveau inconscient. En conséquence, pour savoir quelle partie de nous a encore besoin de se développer, nous n’avons rien d’autre à faire qu’à regarder au fond de leurs yeux.”

C’est un grand classique de la psychologie, que nous expérimentons tous au quotidien : dans notre relation avec nos enfants, nous provoquons inconsciemment des situations qui nous donnent l’impression de revivre des épisodes de notre propre enfance. Ou à l’inverse, nous faisons tout pour éviter précisément ce genre de situations. Quoi qu’il en soit, nous nous retrouvons inévitablement face à des émotions que nous avons éprouvées lorsque nous étions nous-mêmes un enfant, et que nous n’avons jamais réussi à surpasser :

  • comme une maman d’ado qui confesse : “Quand ma fille me crie dessus, j’ai l’impression de revenir à mes 6 ans, lorsque ma mère me criait dessus” ;
  • comme un papa qui ne supporte pas les mauvais résultats scolaires de son fils, parce qu’il se sent menacé dans sa propre identité ;
  • comme quand, en essayant d’être une mère parfaite pour mes enfants, j’essayais en fait d’être une fille parfaite pour mes parents.

« Pourquoi est-ce que je réagis de la sorte ? »

En se posant simplement la question, on regarde à l’intérieur de soi, plutôt que de rester coincés sur tout ce qui ne va pas dans le comportement de nos enfants. On réalise qu’en tant qu’être humains, les enfants sont libres et par définition, incontrôlables. On réalise que le seul moyen d’initier du changement, c’est de commencer par soi-même :

“Les traces que laissent notre passé sur notre présent sont indélébiles, et pourtant, paradoxalement, nous avons du mal à les voir. C’est souvent grâce à une personne qui nous est proche et qui nous sert de miroir que nous parvenons enfin à regarder nos blessures en face”, poursuit Shefali Tsabary dans The Conscious Parent.

Nos enfants sont des miroirs

À nous de les laisser accomplir leur mission dans notre vie de parents !

Même si à l’heure où j’écris ces lignes, le sol du salon est jonché d’objets entre lesquels je vais encore devoir slalomer pour me faire un thé, même si j’ai encore lâché un gros mot en voyant leurs habits sales dégouliner sur l’escalier, même s’ils vont encore râler quand je leur servirai du gratin de courgettes au dîner : avec mes enfants, je suis souvent “au bout de ma vie” et c’est justement là que je peux apprendre et grandir.



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Cet article a été écrit par :
Hélène Bonhomme

Fondatrice du site Fabuleuses au foyer, maman de 4 enfants dont des jumeaux, Hélène Bonhomme multiplie les initiatives dédiées au bien-être des mamans : deux livres, deux spectacles, quatre formations, la communauté du Village, une chronique sur LePoint.fr et un mail qui chaque matin, encourage plusieurs dizaines de milliers de femmes. Diplômée de philosophie, elle est mariée à David et vit à Bordeaux.

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