Les amies de toujours - Fabuleuses Au Foyer
Dans ma tête

Les amies de toujours

meilleure amie
Marie Chetrit 25 août 2022
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Nous nous sommes rencontrées à 10 ans sur les bancs de notre classe de sixième, voire de maternelle pour certaines. Nous avons été amies pour la vie, parfois fâchées, rabibochées, indifférentes, perdues de vue, et retrouvées à l’âge adulte au gré de nos mariages ou de rencontres chez des amies communes. Nous avons fait circuler des petits mots en classe, sommes parfois parties en vacances ensemble, ou avons regardé Dirty Dancing en cachette, avec un petit frisson d’interdit. Nous nous sommes écrit des lettres à l’époque où il n’y avait ni téléphone portable, ni messagerie, et je sais toujours exactement où elles sont (à la cave, dans une caisse que je déménage avec moi depuis que j’ai quitté la maison de mes parents, et que mon mari a l’interdiction de toucher).

Bref, depuis 35 ans, elles sont dans ma vie et nous nous retrouvons régulièrement.

Ce sont mes plus vieilles copines.

Pas forcément celles que j’appelle le plus, mais celles que je revois toujours avec l’impression de les avoir quittées la veille, et l’assurance que les bases de notre amitié sont aussi solides qu’un vieux muret chauffé au soleil, sur lequel on peut poser confortablement les fesses sans prendre le risque de se retrouver par terre.

Nous nous rencontrons dans un petit resto ou en vacances avec un mojito à la main. Nous avons vu nos ventres s’arrondir, nos enfants naître, grandir, et même prendre leur envol. Certaines ont réussi du premier coup l’exploit d’un couple heureux qui surmonte les épreuves de la vie, avec une apparente aisance (mais on sait toutes ce que les apparences veulent dire). D’autres, dont moi, ont trébuché en chemin et ont dû reconstruire une vie à deux.

À chaque fois que nous nous retrouvons, nous reprenons le fil d’une conversation interrompue quelques mois plus tôt. La dernière fois, ce n’était pas le dîner de la joie : on arrivait toutes avec le sac à dos chargé de trucs bien plombants. La conclusion, c’est que c’était la merde un peu pour tout le monde, à des degrés divers, mais nous étions loin de l’insouciance. 

Et ce n’était pas grave.

Ce n’est pas grave, parce qu’en les quittant, je me disais que c’était ça, la vraie amitié.

D’oser déverser les moments un peu pourris, sans fard, sans minimisation, sans chercher à rendre cela acceptable. Juste se raconter nos vies, telles qu’elles sont.

Ce n’est pas grave, parce que je suis suffisamment sûre de notre amitié pour oser ne pas jouer un rôle et ne pas être marrante. Je sais que nous nous reverrons d’autres fois, que certains soucis seront en passe d’être résolus et que la légèreté sera de nouveau au rendez-vous.

Au-delà de ce dîner-ci, je m’interrogeais sur ce qui permet à une amitié de durer. Parce que je n’ai pas de doute que ces amies-là, je les verrai encore quand je serai retraitée et que j’aurais troqué mes jolies sandales et mon sac à main contre des chaussures Damart et un sac-banane pour le confort. Et même, que j’aurai fait l’acquisition d’une chaînette pour avoir toujours mes lunettes autour du cou. Eh oui, jeune et insolente Fabuleuse, ça arrive plus vite que ce que l’on croit.

Dans un premier temps, je pense que :

faire le deuil de l’amitié fusionnelle est un bon atout pour te garantir des apéros sur le long-terme entre amies.

L’amitié fusionnelle, ce truc dont tu rêves quand tu est petite et que tu partages ton bureau avec Gertrude, qu’elle mange tes épinards à la cantine tandis que tu la débarrasses de ses radis et que vous ne vous quittez pas d’une semelle à la garderie du soir. Sauf qu’un jour, ta vie s’écroule : Gertrude a souri à Monique et elles sont parties faire du toboggan, te laissant seule et perdue telle une loque dans la cour. LA GARCE. Ce jour-là, ton cœur s’est brisé en mille morceaux, comme le caniche en verre filé que tu as malencontreusement laissé choir chez mamie la semaine dernière, et ta foi en l’humanité a sombré dans le néant. Votre amitié en a été irrémédiablement saccagée. Sauf que tu avais 6 ans, et qu’ensuite tu as pris de la bouteille. Tu n’as pas recommencé la même erreur avec Jacqueline, 6ème C, bureau de devant à droite : les amies, on a aussi le droit de les laisser respirer.

Conséquence logique du point précédent : mais d’où ça vient qu’il faudrait se voir tout le temps pour être amie ? Franchement ? Une amie, ce n’est pas la boulangère (même si tu peux être amie avec la boulangère bien sûr), tu n’as pas de raison de la croiser tous les soirs. Une amie peut vivre loin, t’appeler une fois par an, oublier ton anniversaire aussi, passé un certain âge, ce n’est plus très grave.

Bref, peut-on accepter que l’amitié ne corresponde pas forcément au cliché des magazines féminins ?

Parfois aussi, nous traversons des périodes où nous nous verrons moins. Un couple à construire, une naissance, une étape compliquée… Ce n’est pas évident d’accepter de laisser de la place à ce qui remplit désormais la vie de nos amies. J’en sais quelque chose, j’étais une amie possessive et j’avoue avoir ressenti une pointe de jalousie quand mes amies étaient amoureuses, ou avaient un bébé, et que j’attendais mon tour sur le banc de touche. Elles avaient moins de place pour moi dans leur vie et je leur en voulais un peu. 

Depuis, j’ai compris et je suis infiniment clémente.

Alors voilà, drapée dans mon expérience amicale de plusieurs décennies, je sais que ces copines-là, où que le vent nous mène et même s’il nous éloigne un peu, je les retrouverai toujours, au bord d’une piscine ou à la terrasse d’un café, jusqu’à ce que la mort nous sépare, ou presque.



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Cet article a été écrit par :
Marie Chetrit

Scientifique de formation et de profession mais littéraire de cœur, Marie Chetrit partage sur son blog de petits textes sur les moments rigolos ou exaspérants de sa vie familiale. Elle et son fabuleux époux ont chacun un grand d’une première union et deux petits diablotins ensemble.
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