L’été… vous en rêvez toute l’année. Pourtant, dès que se profile la période de vacances dans la maison familiale, se dresse le spectre des vacances ratées.
Comment s’y prendre pour s’organiser sans retomber dans les pièges de l’année passée ?
Cet été, le frère de Jeanne va se marier. Elle en est ravie, et me confie que dans le même temps, elle appréhende les vacances chez ses parents, où l’ambiance tout entière sera imprégnée de la fébrilité des préparatifs.
Jeanne est partagée entre le désir de vivre ces moments familiaux forts avec tous, et la crainte d’étouffer dans cette marmite potentiellement explosive.
Elle s’en ouvre à moi en concluant par un « mais bon… » assorti d’un soupir. Je formule ce que je crois comprendre :
« Mais bon… je n’ai pas d’autre choix ? »
« Mais bon… je vais serrer les dents et prendre sur moi ? »
Ce que j’entends, c’est la résignation d’une femme qui n’envisage pas de faire un choix impopulaire, différent de ce qui est attendu. Est-ce la voix de l’enfant en Jeanne qui se dit « je ne dois pas faire de la peine à Papa et Maman » ?
Je lui demande ce qui, si tout était possible, serait idéal pour qu’elle puisse à la fois profiter de la joie d’être ensemble, sans se sentir prise dans ce qu’elle décrit comme des pièges affectifs. La réponse vient timidement : « Le rêve, ce serait de passer les vacances dans une maison à part, à côté de la maison de famille. On pourrait ainsi choisir les moments qu’on passerait tous ensemble, sans se sentir obligés d’être tout le temps ensemble. Et puis l’idée de ne pas devoir m’obliger chaque jour à être rentrée à telle heure précise pour un repas qui dure deux heures, quel pied ! ».
Ce dont Jeanne rêve, c’est d’échapper au piège de la loyauté absolue aux commandes tacites de sa famille élargie. En somme, elle rêve de pouvoir sortir de sa place d’enfant dans la famille, unique place que ses parents et frères et sœurs lui connaissent, et qui l’attend comme un fauteuil encore chaud.
Après l’été, Jeanne m’écrit qu’elle a osé louer une maison à côté de la maison familiale.
Oui, elle l’a fait ! Si les dents ont grincé du côté de la maison de famille ? Oui ! Si elle a apprécié l’expérience ? Énormément ! Elle m’a confié par la suite avoir passé des vacances à profiter de tout, de chacun, en s’impliquant dans la préparation du mariage et avec le plaisir de retrouver son foyer à elle quand elle en avait besoin.
Elle a mentionné combien le fait d’écouter son désir d’abord au lieu de se fondre dans ce qu’elle imagine être le besoin de l’autre lui aura procuré la sensation de se trouver à sa juste place. Pour cela, elle a osé faire un grand pas de côté, en allant jusqu’à occuper un autre espace que celui de ses parents et frères et sœurs, pour mieux sortir de la place d’enfant à parent et créer une place d’adulte à adultes.
Et avant tout, il aura fallu qu’elle écoute sa première appréhension.
Qu’elle l’écoute vraiment.
Lucie vit à l’étranger, loin de ses parents et amis de toujours. L’été constitue un moment de retrouvailles attendu. Mais pour elle, l’organisation de ces vacances représente un casse-tête particulier : vivant loin, elle n’a pas d’autre occasion que l’été pour profiter de sa famille et de ses amis, et veut donc voir « tout le monde ». Elle doit veiller à s’organiser tôt dans l’année pour éviter les coûts exorbitants des billets d’avion et de train. Tout en sachant qu’elle aura à se déplacer seule avec ses enfants, ne pouvant tabler sur l’emploi du temps de son mari à ce moment-là.
Au moment de notre séance sur les valeurs de vie, elle me demande de commencer par ce souci logistique qui lui procure un grand stress.
Lucie plonge dans le sujet en évoquant en vrac sa peur de voyager seule avec cinq enfants en bas âge, le sentiment de culpabilité à l’idée de les envoyer en colonie de vacances une semaine sur les quatre qu’elle va passer en France, la tristesse de devoir renoncer à voir sa meilleure amie qui passera l’été à l’autre bout de la France, le stress de s’imaginer devoir faire les sacs des enfants, les emmener seule au train et organiser leur vie sportive et sociale pendant ces vacances.
Une fois que nous avons listé tous ses “problèmes”, je lui dis :
« C’est très intéressant d’identifier les sources de stress ici. Nous allons les examiner. Mais il me semble manquer un élément fondamental à ce puzzle pour t’aider à prendre des décisions ». Cette pièce centrale, je la lui formule par plusieurs questions :
« Envisages-tu que ces vacances soient aussi un bon moment pour toi ? Ou l’envisages-tu comme un “travail” de mère ?
Si c’est une période de vacances aussi pour toi, qu’aimerais-tu en faire, qu’aimerais-tu vivre, toi, pendant ce mois sans mari et avec enfants ?
Je lui propose même de continuer cette phrase avec ses mots :
À la fin de ces vacances, qu’est-ce que tu aimerais pouvoir te dire ? “Ce mois en France, je l’appréhendais, mais en fait ce qui a été vraiment super, c’est que ………………………………”. »
À partir de sa réponse, elle a pu bâtir les grandes lignes de ses vacances d’été, en se basant, non plus sur des “problèmes à résoudre”, mais sur une direction globale principalement habitée par ce qui la mettrait en joie !
Plus largement, savez-vous ce qui fait, pour vous, des vacances réussies ?
Pourquoi pas en parler avec votre conjoint avant que les invitations n’arrivent ?
Est-ce que, pour vous, ce qui compte le plus c’est que vos enfants puissent créer des liens avec leurs cousins ? Est-ce que vous tenez absolument à passer du temps seule avec votre conjoint ? Est-ce que l’été est l’occasion rêvée pour partir en randonnée avec vos copines que vous ne voyez qu’une fois tous les deux ans ?