Avec la naissance de ma fille, quelque chose en moi a changé, mais c’est quand je suis retournée au travail, après mon congé maternité, que je m’en suis rendue compte. Classique, me direz-vous chères Fabuleuses, la maternité, ça vous change une femme !
J’enseignais le français au collège et j’aimais profondément ce que je faisais. Pourtant quand je suis revenue après six mois d’arrêt, j’ai pris conscience que beaucoup de choses ne dépendaient pas de moi ni de mon enseignement, mais du système scolaire en lui-même. Avec l’arrivée de ma fille, mon regard, ma façon d’être, mes priorités ont changé.
Au fil du temps, deux projets ont émergé en même temps : avoir un deuxième enfant et changer de métier.
Mon dialogue intérieur a pris d’énormes proportions. Changer, mais pour faire quoi ? Est-ce que c’est vraiment le bon moment ? Ça aussi, ça a été une vraie question. Mais le « bon moment » n’existe pas, chères Fabuleuses, on le sait bien. Et puis, que vont penser les autres ? Maudite question. Maudite dictature du regard de l’autre. Ou encore, est-ce que je vais y arriver ? Impossible de le savoir sans même avoir essayé. Serait-ce d’ailleurs si grave que ça si ça ne marchait pas ?
Voilà tout ce par quoi je suis passée et je vous épargne tout ce qui est syndrome de l’imposteur, remaniement budgétaire et réorganisation familiale, j’imagine que ça doit parler à bon nombre d’entre vous aussi, les Fabuleuses.
Petit à petit, alors que je continuais à mener ma vie de professeur, les contours de mon avenir professionnel sont devenus clairs : je veux proposer des services d’écriture, créer une entreprise à taille humaine — juste moi — et fondée sur mes valeurs.
Chère Fabuleuse, tu as peut-être ressenti ce changement de vision de ta vie professionnelle après l’arrivée de tes enfants.
Tu n’es pas seule ! Quand tu doutes, essaie de te rappeler que tu as le droit, en tant qu’individu, de t’épanouir en dehors de la case que tu avais choisie au début de ta vie professionnelle, en dépit des attentes des autres et au-delà des codes sociaux. Essaie de te rappeler que devenir mère ne signifie pas renoncer à soi, qu’on peut être mère et entrepreneuse à la fois, qu’on a le droit de tendre vers ses rêves. Je t’encourage à te dire que, malgré le changement et tous les déséquilibres qui vont avec, ton projet fera du bien à tout le monde : à toi en premier lieu pour booster ta confiance en toi, à tes enfants également qui grandiront avec l’idée qu’on peut sortir de sa case à n’importe quel âge et enfin, au père de tes enfants qui pourrait prendre une nouvelle place dans votre famille.
Enfin, ne sois pas trop dure avec toi quand tout n’avance pas au rythme que tu imaginais :
essaie de te souvenir que ce projet se développe en composant avec les contraintes de ton post-partum et que, quand tu ne travailles pas dessus, c’est parce que tu vas chercher ta fille à l’école ou que tu nourris ton fils.
Je te rassure, il y a aussi les moments où je suis sûre de moi, où ce projet de création d’entreprise me régénère. Alors, j’ai l’impression que rien ne peut me résister, que le succès est à portée de main et que, oui, il est possible de concilier ma vie de maman, mes ambitions professionnelles et mon besoin viscéral de création. Alors, des refus, il y en aura, des échecs, très certainement aussi, mais il ne tient qu’à moi de porter un autre regard sur cette notion d’échec, il ne tient qu’à moi de m’en nourrir pour continuer à tendre vers mon idéal. Et si la réalité ne correspond pas tout à fait à l’image que je m’en étais faite et ce sera très certainement le cas — ce n’est jamais comme on se l’imagine, tu le sais bien — non seulement ce n’est pas grave, mais en plus, ça pourrait être une bonne surprise, une autre façon de voir les choses.
C’est drôle comme l’expérience de la maternité change notre façon de voir et d’appréhender le monde.
On a beau nous l’avoir dit, on a beau le savoir, ça reste très particulier à vivre et il y a même quelque chose d’un peu magique à assister à sa propre métamorphose. J’ai souvent entendu qu’il fallait rester professionnelle et que pour cela, il fallait distinguer vie pro et vie perso et c’est vrai qu’il y a des limites à poser, mais en réalité, quand on vit la maternité dans ses tripes on ne peut plus être la même personne au boulot non plus.
Grâce à mes enfants, j’ai découvert de nouvelles facettes de moi-même.
J’ai appris à être bienveillante avec moi pour l’être avec eux, j’ai accepté de ne pas tout savoir et de me laisser guider par eux, j’ai appris qu’il n’était pas nécessaire de tout gérer, de tout contrôler, car non seulement ce n’est pas possible, mais en plus c’est une trop grande pression à gérer, enfin j’ai appris à me faire confiance, à me fier à mon instinct plutôt qu’à toutes les voix discordantes qui résonnent autour de moi. Et c’est parce que j’ai tellement appris en devenant mère que je me sens aujourd’hui capable de devenir entrepreneuse.
Aujourd’hui, j’ai tout à construire.
C’est à la fois vertigineux et grisant. Je n’ai donc pas repris le chemin du collège. Ma fille est à l’école, mon fils chez sa nounou et mon compagnon au boulot. Moi, j’ai pris une disponibilité, je suis à la maison, non pas pour la gérer à 100 %, mais pour créer mon entreprise. Donc, je suis sur mon ordi et j’écris. J’écris mon projet. J’écris des articles. J’écris des textes. Je rédige mon business plan — c’est quelque chose, ça, les Fabuleuses ! Je crée mon nom, mon slogan, mon site. Je gère l’administratif. Je mets à jour mes compétences, ce que je sais déjà faire et ce que je dois apprendre à faire. Je me forme. Bref, ça y est, j’ai le pied dans l’entrepreneuriat.
Il y a un an, je portais mon fils dans mon ventre et je ne savais pas ce que je ferai l’année d’après.
Aujourd’hui, j’ai les épaules solides, les pieds ancrés dans le sol et je crée tout de mes mains. Dans un an, j’espère bien avoir écrit des articles, des biographies, toutes sortes de textes, avoir publié sur internet, livré en mains propres, écouté l’histoire des autres, retranscrit ces récits avec fidélité et émotion.
Chère Fabuleuse, si toi aussi tu changes de voie, si toi aussi tu dépasses de ta case, si tu doutes de tes choix ou si, au contraire, tu te sens éminemment puissante, si la maternité t’a métamorphosée ou si tu es en pleine mue, si tu entreprends ou si tu t’interroges tout simplement, fais-nous part de ton expérience et participe, avec nous, à changer les mentalités pour que demain, concilier vie de famille épanouie avec réussite professionnelle ne soit plus un combat, mais un « ça va de soi ».
Ce texte nous a été transmis par Graziella, une fabuleuse maman.