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Cacher sa grossesse au travail : est-ce vraiment nécessaire ?

femme enceinte au travail
Une Fabuleuse Maman 21 juin 2023
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« Félicitations, vous êtes enceinte ! Par contre, attention à ne pas en dire un mot avant le cap des trois mois. On ne sait jamais ce qui peut se passer. »

Quelle mère n’a jamais entendu cette phrase ? Or, quand on est salariée, dissimuler cet heureux événement peut parfois s’avérer fort contraignant. Mais pourquoi s’obstine-t-on à cacher sa grossesse au travail pendant tout un trimestre ? Entre nausées et culpabilité, difficile pour les femmes de franchir cette étape pourtant cruciale et protégée par la loi. Zoom sur ce sujet encore si tabou.

Cacher sa grossesse au travail : l’enfer du premier trimestre

Qu’on se le dise franchement, on est entre nous : les débuts de la grossesse, quand on évolue dans le secteur du salariat, ça peut être l’enfer, ou presque. Je me souviens encore du métro, toujours bondé, et des bouffées de chaleur à la pelle. Puis le bureau, de 9h à 18h. Enfin, plutôt… L’open space, sans intimité, à la vue de tous. La fatigue, et la gerbe, bien évidemment. Le rejet total du café, cet ami subitement devenu pire ennemi. Oui, il paraît que c’est mal d’en boire quand on est enceinte (dit-elle avec une tasse de pur Arabica à la main, son deuxième enfant dans le ventre). Mais ce n’était pas ça le problème. Mes hormones avaient décidé de l’exclure de ma consommation quotidienne par un dégoût soudain et extrême. Détox de café imposée pendant 9 mois, ma vieille. Pourtant, il aurait pu m’aider à faire illusion pendant mes calls, et à m’empêcher de dormir pendant mes innombrables meetings.

En somme : c’était compliqué. Et c’est bien là que je me suis cent fois demandé :

« Pourquoi tant d’acharnement à vouloir te cacher ? »

Ben oui, c’est vrai, quoi ! S’il y a bien un moment où on a besoin de soutien et d’accompagnement, c’est pendant ces premières semaines, si difficiles pour certaines. Sans non plus exiger la lune, annoncer sa grossesse au travail avant les sacro-saints trois mois pourrait permettre à l’entourage professionnel de comprendre notre état… Non ?

Être enceinte et salariée : culpabilité et conscience professionnelle

Ben non, pas toujours, faut croire. Quand je suis tombée enceinte de ma fille, c’était en 2020 (belle année pour accoucher, n’est-ce pas ?), et j’avais 27 ans. J’étais en CDI depuis quelques mois seulement dans cette startup, qui se la jouait ultra cool, ambiance grande famille. Smala de jeunes bosseurs sans enfant. Bon, je n’étais pas bien vieille non plus ; mais moi, tout ce que je voulais, c’était mes enfants, mon conjoint, une maison, et la paix. Alors, annoncer à mon manager, à peine vingtenaire, que j’attends un bébé, ben… Ce n’était pas une mince affaire. D’ailleurs, sa réponse fut à la hauteur de mes inquiétudes : « Félicitations Nina, mais… Ne le dis pas à la boss tout de suite, elle est bien assez stressée ainsi. Commence par faire tes preuves, et quand ça sera fait, tu pourras lui en parler. » 

Je sortais de trois ans de combat de procréation, un an et demi de PMA, j’en avais vu bien des vertes et des pas mûres. J’avais gagné une force d’esprit incroyable, je me sentais femme puissante. Et pourtant, quelle fut ma réaction première ? « Oui, tu as raison. Je vais terminer mon projet, remporter ce contrat, et après seulement, je pourrai lui annoncer. »

Ah bon ben d’accord.

Mon histoire, loin d’être unique en son genre, est celle de bien des mères.

On vit avec une certaine culpabilité notre nouvelle grossesse dès lors qu’il s’agit de la rendre publique aux yeux de notre environnement professionnel. Pire encore : lorsque la prise de poste est récente, c’est la panique à bord, comme si notre sens de l’éthique était profondément questionné. On préfère être sûre que cet embryon de 4 mm va bien s’accrocher à nous pour en parler. On choisit d’attendre pour franchir ce point de non-retour où de toute façon, c’est trop tard, on n’a plus trop le choix.

Devenir mère coûte que coûte : la loi comme grande alliée

Mais qu’on se le dise franchement, à nouveau (on est toujours entre nous, non ?) : on devrait bien faire ce qu’on veut. La justice, dans ces circonstances, est l’amie de celle qui attend un enfant. Rien ne nous oblige à en parler ; mais rien ne nous contraint, non plus, à nous taire. On peut annoncer sa grossesse le lendemain de notre test si ça nous chante. On peut l’écrire à notre employeur, ou le lui apprendre de vive voix. Ce qui peut nous être demandé, en retour, est un justificatif médical. Prise de sang, certificat… À chacune de voir ce qui est à sa disposition. Mieux encore ! Ne pas cacher cette extraordinaire nouvelle au bureau, c’est se donner la chance de bénéficier au plus tôt des droits qui nous incombent, comme nous en informe le Service public :

– réduction de notre temps de travail quotidien ;

– protection contre le licenciement ;

– autorisation d’absence pour examens médicaux sans baisse de rémunération.

Pas mal, non ?

Je sais, pas évident de lâcher prise et de s’en remettre simplement au Code du travail.

Cette idée de devoir masquer à tout prix sa grossesse par pseudo-éthique professionnelle est ancrée très fort dans nos esprits. Mais il est tout de même fort rassurant d’avoir conscience que les textes nous défendent, et qu’enceinte, il ne peut pas nous arriver grand-chose. Même après, d’ailleurs ! Puisqu’il est également écrit que l’employeur n’a pas le droit de rompre un contrat dans les dix semaines suivant la naissance de l’enfant.

Quand j’ai fini par annoncer ma grossesse à ma supérieure…

…c’était le 15 mars 2020. Premier jour du reste de nos vies, celui d’un confinement qui allait durer une éternité. Je me souviens m’être dit que c’était maintenant ou jamais (ou plutôt, soit maintenant de vive voix, soit plus tard sur Zoom, et j’ai préféré le face-à-face). J’y suis allée, la peur au ventre. Sa réaction ? Elle a sauté de joie.

La morale de cette histoire, c’est que chacune doit être autonome dans son choix. L’annoncer dès les premiers jours, attendre quelques mois… C’est une liberté personnelle, une décision que l’on prend avec soi-même, mais qui ne devrait jamais être influencée par des facteurs extérieurs de pression sociale. 

Ce texte nous a été transmis par Nina, une fabuleuse maman. Retrouve son activité de rédactrice web ici : https://www.linkedin.com/in/nina-senoyer/



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