Jean-Kévin, va te laver ! - Fabuleuses Au Foyer
Vie de famille

Jean-Kévin, va te laver !

maman ado skate
Blanche Renard 28 mars 2024
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Le voilà tout content, qui s’agite devant moi : Jean-Kevin adore me raconter des blagues à grand renfort de gestes. 

Mais là, impossible de me concentrer sur ce qu’il raconte : chaque fois qu’il agite un bras, il y a un truc qui rentre dans mes narines, une odeur que j’associerais plus spontanément à celle de son aîné, version « fin de journée après le foot ».

Il faut m’y résoudre : Jean-Kévin transpire et ça sent fort !

Adieu les odeurs de petit garçon joufflu, les cheveux doux à caresser : ce temps est révolu. Les faits sont là et c’est irréversible, je le sais.

La testostérone fait son œuvre : le volcan qui habite maintenant son corps a besoin d’entrer en éruption par tous les pores de sa peau.

C’est aussi peut-être un besoin de se façonner une carapace d’odeur pour se protéger de son environnement. Il l’entretient ainsi avec un manque d’hygiène : bien vue, la stratégie !

Je commence à intégrer le message : non, Jean-Kévin n’est plus mon petit gars tout propre et tout doux que je vais câliner. Il a besoin que je lui fiche la paix !

Impossible d’écouter la fin de son histoire, je ne peux m’empêcher de renifler ostensiblement en m’approchant de lui. 

Je me ravise pour réfléchir, ayant renoncé à écouter la chute de sa blague. Mais c’est trop difficile pour moi de faire semblant : j’oublie alors tout principe d’éducation bienveillante et d’écoute inconditionnelle en lâchant : « t’as pas eu le temps de prendre une douche ? ». J’essaye de prendre un ton qui pourrait faire croire que je dis juste ça sans accusation ni condamnation, avec une totale maîtrise de ce que je ressens et un intérêt limité, voire détaché pour le sujet.

Ses yeux interloqués me font vite comprendre que sa sensibilité olfactive obéit à d’autres critères que les miens et que pour lui, l’urgence est de me raconter son histoire.

Impossible de ne pas y penser quand je le croise, surtout que je sais que « ça » va aller en empirant.

L’obsession s’installe, le harcèlement commence : il faut qu’il se lave.

Moi qui adore cette réplique de l’âge de glace « Sid, j’adore les paresseux qui n’ont aucune hygiène corporelle ! », je doute fort qu’une gentille fille puisse un jour lui tenir ces propos, telle une sirène en le dévorant de ses yeux amoureux.

Au fond de moi, je crains en fait qu’il soit rejeté par les autres. J’ai toujours en tête (enfin plutôt dans le nez) le souvenir de Morgan, mon voisin de classe en 3e dont l’odeur me dégoûtait. 

J’ai peur aussi de le voir grandir, devenir un homme dans un corps d’homme.

C’est un phénomène normal, bien sûr, mais pour une maman, c’est un vrai changement. C’est une nouvelle personne à accompagner, qui aura de moins en moins besoin de moi ou en tout cas besoin d’une autre façon.

J’essaye de moduler ce « Jean-Kévin, va te laver ! » pour que ça ne devienne pas un trop gros sujet de discorde entre nous.

Il faut qu’il comprenne que cette phrase ne veut pas dire « tu sens terriblement mauvais, ce n’est pas supportable pour les autres » (même si c’est un peu ça quand même, il faut bien le dire), ce qu’il trouve accusateur et culpabilisant (il me l’a dit !), mais juste : « prends soin de toi ».

Le problème est que Jean-Kévin est souvent « au bout de sa life, en PLS, au bout du roul, dead, HS… ».

S’il a encore un soupçon d’énergie pour filer sous une bonne douche brûlante (et vider le ballon d’eau chaude familial), il n’en reste cependant pas assez pour frotter et savonner.

Vient alors l’étape de l’achat du déodorant avec l’explication qui va avec : « Jean-Kévin, le déo c’est sur du propre-et-sec, pas sur du moite-et-puant : ça ne remplace pas le savon ! »

Un petit cours sur le shampoing s’impose aussi : « oui, il faut frotter et le faire deux fois puis rincer et encore rincer ! ». Là aussi, investissement de ma part avec un combo « cheveux gras-anti pelloches ».

L’autre combat sera de lui faire comprendre que faire macérer pendant plusieurs heures sa tête sous une casquette ou un bonnet risque d’entraîner quelques « Jean-Kévin, va te laver ! » supplémentaires.

Le sujet hygiène était largement traité dans cet article, je te propose à présent, chère Fabuleuse, d’aborder le thème délicat de l’esthétique.

Bizarrement, avec l’âge, lui vient le désir impérieux de texturiser sa coiffure. Il a tendance à abuser de cire et de crèmes coiffantes qui ne font qu’ajouter du gras et du pâteux à ses cheveux . Autant investir dans un moindre mal avec un produit plus fluide, comme le gel ou le spray, qui ont moins tendance à étouffer sa tignasse.

Et puis, il y a aussi l’acné… : son apparition met un frein brutal à mon envie de lui faire de bons gros poutous sur la joue. Me voici en quête du savon ad-hoc pour lui permettre de négocier le virage de cette période pas marrante.

Je me rassure en parlant avec la maman de Marie-Jennyfer.

Chez elle, pas de mauvaises odeurs mais beaucoup de parfums et de camouflage de son joli minois en pleine éruption hormonale sous une croûte de maquillage. La flemme est bien présente, aussi car elle est trop au bout de sa life le soir pour se démaquiller. Tout ça explique parfois les traînées noires sous les yeux au petit dej ou les traces de fond de teint sur la taie d’oreiller. Ouf, je ne suis pas seule dans ce combat !

Il ne me reste plus qu’à faire le pari du « ça passera » et à saisir toutes les occasions de valoriser mon Jean-Kev lorsqu’il fait un effort, qu’il se fait beau ou qu’il a les cheveux propres, plutôt que de m’épuiser avec ce « Jean-Kévin, va te laver ! » qui ne fait que stigmatiser le gras. 

J’essaierai aussi de lui proposer adroitement un rendez-vous chez un dermatologue s’il le souhaite, pour traiter son acné.

Tout cela aura heureusement une fin :

Jean-Kévin tombera un jour amoureux de Kimberley-Charlotte et il aura besoin de séduire, d’être propre, de sentir bon. Il ira peut-être même piquer le parfum de mon Fabuleux. 

Et toi, chère Fabuleuse, tu as peut-être un Jean-Kévin à la maison qui ne demande qu’une chose : que tu lui fiches la paix, tout en ayant besoin que tu le rassures ? Oui, tu le trouves toujours beau et tu l’aimes, quel que soit son parfum !

Alors, comment gères-tu ?



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Cet article a été écrit par :
Blanche Renard

Maman de 6 enfants et maintenant grand-mère, Blanche est thérapeute, formée à la méthode Vittoz. Consciente des tempêtes émotionnelles que vivent les mamans au quotidien, elle contribue à la communauté des Fabuleuses en leur apportant une écoute active et une réponse bienveillante à leurs emails.

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