Il y a tant de moments de grande solitude dans nos vies de maman.
Je pense à toi, je pense à moi, berçant un nourrisson malheureux et insomniaque au coeur de la nuit. Oh, je m’y suis sentie si seule, et puis, j’ai pensée à toutes ces mamans de part le monde qui font les cent pas dans leur salon à 2h45 du matin en berçant une boule d’amour.
Je pense à toi, je pense à moi, quand la prunelle de tes yeux se roule par terre en hurlant à la sortie de la maternelle pour une raison tellement subtile que tu l’ignores. Tu sais qu’elle décharge les émotions de sa journée, sauf que toi aussi tu as eu une journée, et que vous avez toutes deux un Everest de fatigue accumulé. Qui voudra jugera, qui voudra te glissera « Bon courage, ça lui passera avant que ça vous reprenne, ou pas ! » ?
Je pense à toi, je pense à moi, quand ton bébé qui apprend à marcher s’agrippe à ta jupe, laquelle finit en un instant sur tes talons, de préférence en public, de préférence quand… tu portes une valeureuse culotte de grand-mère ou de la dentelle fine à (pour ?) faire pâlir ton Fabuleux (Raconte-moi quelle option est la pire pour toi !).
Je pense à toi, je pense à moi, quand tu es seule à la maison, avec la triple journée, celle du travail (ou pas !), celle des enfants, celle de la maison.
Je pense à toi, femme de militaire, d’expat-voyageur, de routier, de travailleur dans l’humanitaire, de toute-bonne-raison-professionnelle-qui-font-que-ton-Fabuleux-ne-dort-pas-auprès-de-toi-le-soir… Je pense à moi.
Mon fabuleux est donc parti, pour la première fois depuis la naissance de notre deuxième fille. Il est parti 10 jours. C’est long et rien à la fois. C’est juste assez pour créer une routine à trois avec les filles, pour jongler à l’heure du coucher, pour faire la vaisselle au creux de la nuit et se dire que je rangerai le salon demain. C’est le plaisir coupable de bouquiner au creux du lit jusqu’à point d’heure, mais périr de fatigue le lendemain parce que la petite s’est réveillée toutes les heures, que la grande a débarqué dans le lit parental à 5h du matin avec des idées très arrêtées.
Et qu’il n’y a personne pour prendre le relais.
C’est cette impression permanente de jongler en apnée,
sans avoir de fenêtre ouverte pour reprendre son souffle. Pourtant, il nous faut souffler, sinon c’est sur les mômes que ça retombe, et ils ne sont que des mômes qui ne méritent jamais ce souffle de dragon maternel sur leur nuque, même quand ils sont usants/éreintants/exténuants !
C’est le moment où les enfants « choisissent » de choper des rhumes carabinés qui font de vous des parias de la société en ces temps de phobies sanitaires. C’est la fois dans ma vie où je débarque aux urgences pédiatriques pour la petite (coucou la bronchiolite !) avec les deux filles à la fois parce qu’il n’y a personne pour garder la grande et sa toux.
Ce sont ces moments dans la journée où tu voudrais juste te cacher pour que « Mamaaaaannn » ne résonne plus dans tes oreilles pour au moins 5 minutes. Chez moi c’est quand je prépare le dîner : gros coup de barre, besoin d’un temps mort, d’écouter les nouvelles en paix, alors que ma progéniture aime particulièrement être dans mes gambettes à ce moment là et voudrait m’aider (au secours !).
Ce sont ces moments où tu te demandes si tu ne leur donnerais pas un dessin animé pour avoir la paix. Juste la paix. Et de ne pas le faire car tu sais bien que si tu le fais une fois, elle en réclamera à chaque fois et que ça sera juste pire…
C’est accueillir les voisins avec leur nouveau bébé tout frais tout neuf, avoir le coeur qui fond et se dire qu’on prendrait bien son Fabuleux dans les bras pour lui proposer à l’oreille de faire une nouveau bébé (Mais ça ne va pas la tête ?!)…
C’est décider de ranger la cave des montagnes de vêtements des filles alors que vraiment… la vie n’est-elle déjà pas assez intense comme ça ? Ai-je vraiment besoin de faire des sachets de chaussures avec des étiquettes de taille ?
Dire que j’avais un instant songé à repeindre notre chambre pendant son absence…
As-tu eu toi aussi des idées farfelues et des projets tant grandioses qu’irréalisables quand ton Fabuleux part au loin ?
Ou bien es-tu juste en mode survie ?
Et puis, pour conclure, ce sont aussi ces moments magiques quand Papa appelle, que – pourvu qu’il y ait du réseau – il nous montre et nous raconte la vie autour de lui, si différente de la nôtre. Ça sera le moment où il passera le pas de la porte avec des cadeaux dans les mains et du linge sale dans la valise, et où faudra retrouver un nouvel équilibre… Mais ça c’est une autre histoire !
Ce texte nous a été transmis par une fabuleuse maman, Olivia Murzabekov.