Je pensais avoir dit adieu à ces explosions de fureur complètement disproportionnées.
Après avoir pris soin de « la Fabuleuse qui est en moi« , après avoir compris deux-trois trucs sur mes besoins, je pensais que tout ceci était derrière moi : le rouge aux joues, les yeux exorbités, le cœur qui bat à 160 pulsations par minute, les dents qui grincent et les postillons qui volent. Et les cris.
Lorsque nous avons établi notre planning de publication, nous n’avions pas vraiment réfléchi à l’attention particulière qu’il nous fallait porter à ce qui sortirait le 1er avril. Nous avions donc prévu un très beau texte, avec un titre un peu vibrant… qui ne passait plus du tout, une fois qu’on le lisait avec le filtre « grosse blague ». Alors en souriant, j’ai envoyé un coup de coude amical dans les côtes de ma voisine de réunion en lui disant :
« Eh ben moi, depuis que je suis chez les Fabuleuses, je ne crie plus jamais sur mes enfants… POISSON D’AVRIL ! ».
De retour derrière mon ordinateur, j’ai réalisé que cette petite blague en l’air pourrait donner lieu à un véritable article. J’étais encore toute chamboulée par le fait d’avoir crié (vraiment très fort) sur mes enfants la veille, au point de ne pas avoir envie de les embrasser dans leur lit le soir, tellement je vibrais d’énervement. Mon Fabuleux n’était pas encore rentré, j’avais derrière moi un week-end qui n’en était pas un (la contrepartie des signatures en librairie et des salons du livre), et pendant le dîner, j’avais laissé surgir cette fée Carabosse que je pensais bien morte et enterrée depuis le jour où j’avais proclamé : « je suis sortie de l’épuisement ».
Surpriiiise, Carabosse n’était pas morte, elle était simplement endormie !
Et tu sais quoi ? Je me suis dit que ça ferait du bien de parler ici de cette « rechute« . Parce qu’on parle de Fabulosité, de sortie du tunnel, de retour de la maman épanouie et rayonnante, mais cassons tout de suite le mythe : il y a des jours où ce bel équilibre est plus fragile, où malgré une journée qui a coché toutes les cases du bon comportement avec soi, l’énervement surgit quand même et réussit à prendre le dessus. Ça arrive. Ça ne fait pas plaisir, parce qu’on aimerait toutes que les bonnes pratiques émotionnelles apprises ici ou là (mais surtout chez les Fabuleuses) nous garantissent une sérénité acquise une bonne fois pour toutes.
Ça arrive, mais rien ne sert d’en faire un drame tragique et définitif.
Par exemple : « J’ai hurlé. Alors tout ça n’a servi à rien ! La pratique de la gratitude, les minutes pour soi avant le lever des enfants, les lunettes qui permettent de voir la vie sous un angle positif, le cahier qu’on remplit de nos jolis moments du jour, les Post its inspirants… Ce n’était pas censé être du bonheur 100 % garanti ? Ouuuhhh l’arnaque, je jette tout à la poubelle ! »
Ahhh, cette tentation du tout ou rien…
Cette crise de postillons d’hier, je la prends pour ce qu’elle est : le signe que j’ai trop tiré sur la corde et le rappel que je ne suis pas devenue insubmersible par la magie de la Fée Fabuleuse.
La différence avec « avant », c’est que :
- J’ai chouiné dans les bras de mon mari en disant que j’étais vraiment nulachier, mais pas pendant 2 heures. Et j’ai bien voulu le croire quand il m’a dit que je n’avais probablement pas détruit mes enfants pour toute la vie.
- Une fois que j’étais un peu redescendue, je suis allée voir mes enfants pour leur dire que je n’aurais pas dû m’énerver à ce point et que j’avais un petit souci de carence de magnésium qui me rendait beaucoup plus réactive que d’habitude. Donc mes plus plates excuses (sans conclure par un perfide « mais vous étiez bien relous, quand même », qui annule la valeur de ces excuses, of course).
- Je n’ai pas tourné et retourné dans ma tête les mille raisons de me détester. En fait, j’ai même plutôt bien dormi.
- Ce matin, je me suis dit que j’avais quand même progressé dans ma manière de gérer mes ouragans et que ça serait chouette de m’en servir pour démonter le mythe selon lequel, une fois Fabuleuse, on ne se laisse plus jamais déborder par la colère (ou alors c’est qu’on n’était vraiment pas Fabuleuse, en fait).
Je suis tombée, oui, mais pas aussi bas qu’avant.
Tu visualises un escalier ? Celui qui commence à partir du sous-sol, là où il fait noir, humide, où tout semble perdu à jamais ? Cet escalier, grâce à la gratitude, grâce à tout ce que le Village t’apporte comme outils au quotidien, tu le gravis, marche après marche. Ça ne signifie pas que tu ne vas plus jamais tomber, plus jamais crier, plus jamais culpabiliser. Mais, crois-moi, rater une marche quand tu es au cinquième étage, en pleine lumière, avec 279 marches gravies derrière toi, ça fait beaaaaaaaucoup moins mal que lorsque tu viens de riper sur la deuxième marche et que tu te retrouves les fesses sur la terre battue humide de ton sous-sol obscur. Le tout, c’est de tomber en grimpant.
Rechuter, ce n’est pas repartir de zéro.
Alors s’il t’arrive, à toi aussi, de retomber dans la culpabilité, dans la colère, dans tout ce qui faisait ton quotidien quand tu n’allais pas bien, rassure-toi. Ce que tu as appris et mis en place pour aller mieux n’est pas parti en fumée. Ça t’a donné la ressource pour te sortir beaucoup plus facilement du cercle vicieux de la culpabilité. Oui, tu as crié (et quand je dis « crié », je parle plutôt de hurlement à plein gosier). Non, ça ne veut pas dire que tout est foutu et que, ça y est, tu es retombée en burn-out total. Ne te laisse pas croire cela. Tu es Fabuleuse, et si tu n’es pas tout le temps (ni tous les jours) la maman que tu rêves d’être, ça ne change rien : tu restes Fabuleuse.