Il y a eu l’inquiétude, puis la peur, et parfois l’angoisse.
Il y a eu le changement du quotidien, les tâtonnements, puis une sorte d’“équilibre”.
Il y a eu la frustration, la colère et parfois les cris.
Il y a eu la fatigue, voire l’épuisement, puis un regain d’énergie.
Voilà quelques états émotionnels que nous avons tous traversés durant le confinement. Et puis aujourd’hui, tout change…et en même temps pas complètement : le “nouveau monde” dans lequel nous vivons désormais, alors que le confinement est terminé, n’est plus vraiment celui d’avant, ni complètement celui d’après.
Il s’agit d’un entre deux. Un entre deux inconfortable.
Un entre deux dans lequel se manifeste, pour beaucoup d’entre nous, une forme de lassitude et de fatigue, un état que l’on pourrait qualifier de “léthargique”.
Pour ma part, après une semaine “sur les chapeaux de roue” à profiter de la joie de revoir certains proches, de faire un barbecue avec des amis, de sortir profiter de la nature sur un coup de tête et sans attestation, je me suis retrouvée “dans le jus” : sans vraiment d’envie, sans grande motivation, sans peps. Comme si je me prenais une vague en pleine face après avoir goûté à la joie d’une première baignade euphorisante.
Et je sais que je ne suis pas la seule : mes amies me confient la même expérience intérieure. Et toi, chère Fabuleuse, dans les message que tu nous adresses, tu nous parles de la même chose : incertitude quant à l’avenir, lassitude quant au quotidien encore très chamboulé, baisse de motivation globale.
Plus de jus, quoi.
Comment faire quand on n’a plus de jus ?
Déjà, mettre noir sur blanc ce qui fait – ou faisait – notre jus à nous. Se poser cette question toute simple : c’est quoi, mon jus à moi ? Qu’est-ce qui me nourrit ?
Je te partage mes réponses : voir du monde, échanger en vérité avec mes proches, m’aérer dans la nature – sans aucun but de productivité -, mettre mon corps en mouvement.
Récemment, j’ai découvert que le confinement avait eu des effets profonds sur notre cerveau. Selon les neuroscientifiques, cette période marquée par la privation des contacts sociaux a fortement stimulé la partie de notre cerveau appelée l’aire tegmentale ventrale : cette zone s’active aussi bien quand on a été privé de contact social que quand on a été privé de nourriture. Si cette découverte m’a éclairée sur ma tendance à m’être empiffrée pendant cette période, elle m’a appris autre chose : la privation de contact social que nous avons tous expérimentée est une forme de jeûne, pas seulement pour nos relations, mais aussi pour notre cerveau.
Et quand on sort du jeûne, chère Fabuleuse, que se passe-t-il ?
Est-ce qu’on saute sur la nourriture la plus riche et la plus sucrée ? Non. Tout simplement parce qu’au début, on n’a pas faim ^^
En sortant d’un jeûne, on ne peut juste pas “en profiter” comme avant, parce que notre cerveau s’est tout simplement habitué à l’état de privation. Notre cerveau s’est habitué au confinement. Nous nous sommes habitués au confinement. Dans la période d’entre deux que nous vivons, nous expérimentons l’inconfort car nous ne connaissons pas encore bien ce “monde d’après”, dont les contours peinent à se dessiner clairement.
En ce moment, notre cerveau primitif détecte donc un danger et nous enjoint à rester en sécurité dans la “caverne” que nous nous étions construite au fil de ce confinement – une caverne faite de nouvelles habitudes de vie. Notre cerveau primitif envoie des signaux pour que l’on reste dans notre zone de confort sous forme de pensées et d’émotions : “Je ne vais pas y arriver”, “Que vont penser les autres”, etc. Résultat ? Nos envies de changement, de nouveauté, sont tuées dans l’oeuf. Et nous nous retrouvons à plat, sans “jus”.
Alors, que faire pour retrouver une forme d’élan, d’envie ?
Que faire pour retrouver son “jus” ? Eh bien, laisser à son cerveau le temps de se réhabituer à kiffer ce qu’il kiffait avant. Et prendre conscience de ce mécanisme sans s’alarmer. Ne pas y résister mais accueillir cette phase inconfortable.
De mon côté, j’essaie d’envoyer d’autres signaux à mon cerveau en mettant en place des pensées alternatives :
“Je quitte une rive familière et je suis au milieu de la rivière, je ne dois pas me décourager, je peux y arriver”.
Et j’ai décidé de me forcer un peu la main tout en me faisant confiance : comme je sais que j’aime pratiquer le yoga, je me suis forcée à y aller ce week-end…et je ne l’ai pas regretté !
Cet inconfort que nous ressentons tous en ce moment vaut la peine d’être entendu, considéré et accepté… pour nous permettre d’avancer.