Parfois, on apprend à la dure qu’on était en train d’aspirer avec un sac d’aspirateur trop rempli. C’est ce qui m’est arrivé fin 2019. Quand j’ai vu le total de mes revenus pour cette année-là, je me suis pris un coup de massue : oui, j’avais moins travaillé que les années précédentes mais j’avais quand même beaucoup travaillé. Cependant, à force de donner un coup de main, de m’engager bénévolement, de ne pas me faire payer parce que cette conférence était « pour la bonne cause », je ressortais de cette année-là pratiquement vidée.
Bref, arrivée à la fin de l’année et face au grand canyon entre tout ce que j’avais fait et ce que j’en avais obtenu, je me suis sentie comme une passoire de cuisine, pleine de trous, à travers lesquels l’énergie coulait et me laissait « à sec ».
Cette prise de conscience m’a permis de me fixer certaines limites.
Cette phrase est devenue une question de base :
« Qui va payer ? Si tu n’es pas payée pour un travail, alors c’est toi ou indirectement ta famille qui payera. Le veux-tu vraiment ? ».
Whaou… changement de perspective. Ce fut mon premier coup de frein. En voici un autre :
Trouver une phrase pour dire non.
Toujours la même. Simple, claire et qui se passe d’arguments. Mon collègue préféré me disait toujours :
« Un “non” perd toute sa force quand on l’on agrémente d’excuses. Plus on rallonge la liste des raisons qui nous empêchent de dire oui, plus celui qui le reçoit pensera : “Si elle voulait vraiment, elle pourrait” ».
Apprenez donc à faire court : formuler un « non » et un seul argument.
Exemple : « Non, mon sac d’aspirateur est plein, je ne pourrai pas faire rentrer une poussière de plus dedans ». Ou encore : « Merci d’avoir pensé à moi, mais non ».
Chère Fabuleuse,
Tu sais, on a parfois l’impression que les autres nous envahissent, nous en demandent trop, attendent toujours plus de nous. Sont-ils vraiment les responsables ? Ou ne sommes-nous pas nos propres bourreaux, à nous en rajouter toujours plus sur les épaules ? Est-ce qu’on réalise même qu’on est proche de la surchauffe ?
Clairement, les attentes des autres sont parfois fortes, mais bien moins puissantes que les attentes que nous avons envers nous-mêmes. Dernièrement, j’ai compris quelque chose : quand je dis « mon sac d’aspirateur est plein », la réponse que je reçois le plus souvent c’est « ah ben oui, je comprends, je vois très bien ce que tu veux dire ».
Parce qu’au fond, les gens vivent la même chose que moi.
Quand je leur exprime clairement ma limite, ils la reconnaissent, et je ne suis pas obligée de jouer à « Devine mon “non” alors que je te dis oui à contre coeur ».
Et pourtant, il m’arrive encore si souvent de dire oui du bout des lèvres (en espérant qu’on me dise « ah ben non, tu ne dois pas »).
On ne dit pas non clairement, parce qu’on se dit qu’en forçant un peu, on arrivera encore à aspirer un moment avec notre aspirateur qui transpire et gémit et n’en peut plus.
On force. On se force.
Parfois, on est coincé au niveau financier, on doit encore réussir à faire cette tâche-là. Ou bien on dit oui parce qu’on a besoin de se prouver qu’on peut y arriver, par perfectionnisme, par peur du vide, ou encore pour garder intacte cette façade sur laquelle il est inscrit :
« Je gère, les gars, c’est bon, rajoutez-en encore une couche, je suis forte ! ».
On rallonge soi-même la to-do list, et pas seulement avec ce qu’il y a à faire, mais aussi avec nos attentes démesurées qu’on s’impose aussi.
Ce n’est pas que nous voulons juste faire bien, c’est que nous voulons faire mieux encore.
Sans compromis, sans failles… on travaille d’arrache pied :
- On ne veut pas écrire un bon livre, on veut écrire LE Livre,
- On ne veut pas élever nos enfants moyennement bien, on veut les élever au top d’eux-mêmes,
- On ne veut pas que notre look soit normal, on veut sortir du lot.
- On ne veut pas que notre maison soit suffisamment rangée pour y vivre bien, on veut qu’elle soit rangée comme dans les magazines de déco.
Mais entre nous, on ne survivra jamais à ces attentes, on ne survivra pas à notre to-do liste si elle est sans fin, sans bienveillance et sans aucun frein.
Chère Fabuleuse, s’il te plaît, ne laisse pas les attentes démesurées t’expliquer qu’il y a toujours encore un peu de place dans le sac d’aspirateur. Ne crois pas les mensonges qui veulent nous faire croire que seules les choses extras/héroïques/exceptionnelles sont à admirer.
Vis ta vie en suivant ton rythme, tes limites, tes capacités.
Il n’y a que toi qui qui fais les choses comme tu les fais. Notre valeur ne sera jamais liée à la longueur de nos to-do-listes, au poids de nos exploits ou au nombre de nos burn-out.
Notre valeur est liée au fait que nous sommes et que c’est déjà fabuleux.
On a toute la vie pour apprendre, pour échouer, pour réussir un petit peu chaque jour.
Chère Fabuleuse, tu es unique, tu n’as pas besoin d’impressionner les autres.