En devenant parent, tu bascules soudain dans un club très fermé, pas très sexy VIP, mais quand même très sélect ; un cercle inconnu, et dans lequel tu prends plus ou moins vite tes marques.
Mais en devenant parent, tu réalises aussi que beaucoup de choses changent, des choses qui te semblaient pourtant permanentes et immuables, qui prennent soudain une autre tournure. Des rapports qui évoluent, qui se renforcent parfois, mais qui se brisent aussi, souvent. Parce que la parentalité est une forme d’affirmation de soi à travers les choix que l’on fait pour notre progéniture, elle peut nous révéler tantôt brebis, tantôt louve, et ne pas plaire à tout le monde.
La parentalité change ton rapport au temps et à l’espace !
Ton modeste 70m2 ne te paraît jamais aussi immense que quand il s‘agit de retrouver la 25ème tétine enfouie, le doudou perdu juste avant le coucher, la plus petite et l’ultime pièce de puzzle dissimulée dans un endroit à peine accessible pour une main adulte…
Ton kilomètre solo pour aller acheter ta baguette semble soudain un long chemin de pèlerinage quand il faut porter ton petit bout fatigué au bout de 350m…
Ton trajet de 2h en voiture/train/avion/pédalo n’a jamais été aussi long et éreintant qu’avec un bébé affamé dans les bras, ou ponctué trop régulièrement de « C’est quand qu’on arriiiiiiiive ? »
Les journées de 24h n’ont jamais été aussi courtes, et les années n’ont jamais passé aussi vite… Même si au quotidien et la tête dans le guidon, certaines étapes comme un brossage de dents négocié tous les soirs pendant 8 mois, rendent le temps infini. Comme cette attente interminable qui ne cesse de s’allonger quand tu patientes aux urgences, le genou de ton chérubin en vrac.
La parentalité bouleverse ton espace temps :
à toi de développer patience et organisation pour te réapproprier un peu de ce que tu pensais contrôler avant d’avoir des enfants !
La parentalité change aussi ton rapport aux autres
…et il est flagrant de voir à quel point le regard et le jugement d’autrui bouscule les codes habituels de tes relations.
Que ce soit avec ta famille ou tes amis, ils sauront prodiguer de merveilleux conseils, de bonnes critiques, mais – breaking news ! — tu en fais ce que tu veux. Et c’est là que souvent, le bât blesse.
La parentalité confronte les individus à des choix et à des valeurs
qui ne sont pas forcément les mêmes, qui évoluent, qui changent, car chacun mène sa propre barque, aux grès des rencontres et des événements de la vie. Aux côtés de la religion et de la politique, c’est effectivement un sujet tabou qu’il vaut mieux éviter d’aborder aux réunions de famille ou retrouvailles entre potes sous peine d’incompréhension, ou de jugements réprobateurs.
Chacun défend son bifteck – dont la cuisson est discutable — et est persuadé d’avoir la solution et la vérité absolue en termes d’éducation : tu sais, les « Laisse-le donc pleurer, ça lui fait les poumons » et autres « Ah, tu n’allaites pas, c’est un choix ? »…
Fort heureusement, certaines relations bien intentionnées écouteront, interrogeront, et te soutiendront, approuvant ou non tes choix, et t’accompagneront dans le type de parentalité ou tes souhaits éducatifs, qu’ils soient old school, utopistes ou carrément innovants.
À toi de trouver parmi ton entourage historique ou non tes nouveaux alliés dans cette mission ô combien fantastique !
Qui dit Autrui dit aussi, je te le donne dans le mille, ton conjoint, bien entendu…
Effectivement, lors de naissances, le couple évolue – harmonieusement ou non — vers une famille, mais sans perdre de vue l’entité couple qu’il formait avant, à deux. Une situation si peu schizophrène les premiers temps…
D’un duo indépendant et spontané, il glisse souvent vers un trio, quatuor ou plus (pour les téméraires !) davantage ritualisé et routinier (et ce n’est pas un gros mot !). Les rapports évoluent, c’est évident, mais c’est à nous de parvenir à se positionner dans un équilibre individuel, et de couple, et de famille, que l’on peut mettre du temps à trouver, à tâtons. On peut se tromper et recommencer, et c’est OK !
Mais, petit rappel qui ne fait pas de mal pour celles qui auraient tendance à s’en prendre plein la tête : l’apprentissage de la parentalité et du couple après bébé n’incombe pas qu’à la maman… Je pose ça là !
La parentalité change le rapport à soi
… intrinsèquement, tout au fond, et depuis l’extérieur. La conscientisation des choix éducatifs, le recul sur ses prises de décision, sur ses valeurs, sur ce qu’on veut transmettre, l’enjeu de l’exemplarité… Une amie chère me disait l’autre jour :
« Tu veux apprendre et communiquer à tes filles la bienveillance envers autrui, et c’est un très beau projet. Mais tu es si dure avec toi ! Commence par être bienveillante envers toi-même, c’est le meilleur exemple que tu pourras leur offrir ».
Boum.
La parentalité c’est donner un coup de pied dans un tas de perles et trier celles qui nous paraissent les moins abîmées.
Ça émeut, ça ébranle, ça épuise, mais ça fait soulever des montagnes.
Parce que tu souhaites le meilleur pour tes enfants, tu te poses 1000 questions, parce que tu te dis que tu y as été un peu fort, tu culpabilises, parce que tu voudrais faire mieux, tu te surpasses…
La parentalité, ça pousse dans les retranchements, ça désorganise en dedans puis ça range tout à la juste place…
La parentalité révèle le pire et le meilleur de nous-mêmes. À toi de choisir !
Depuis que je suis devenue parent, en commençant par la connaissance de soi et la vie comme elle était avant, eh bien j’ai tout recommencé. Avec perte et parfois fracas, mais avec amour et humour !