Chère Fabuleuse,
As-tu déjà ressenti lors d’une discussion avec un proche, une connaissance, voire une amie, le terrible sentiment de ne pas être écoutée ?
Alors que tu es en train d’ouvrir ton cœur, et que, pour une fois, tu oses parler un peu de toi, tu sens que la personne en face de toi n’est pas tout à fait connectée, jusqu’au moment où elle te coupe dans ton élan et te dis : « Ah ouais, ben, c’est comme moi… ».
Hop ! Elle récupère la parole en recentrant la discussion sur elle…
…et toi, tu te retrouves un peu prise de court et frustrée, parfois au point de te dire intérieurement : « Très bien, si c’est comme ça, je me tais. Ce n’est pas la peine d’essayer ! De toute façon, il n’y a qu’elle qui l’intéresse».
Si tu as déjà vécu cette situation, sache que tu n’es pas la seule… La plupart du temps, pourtant, ce glissement n’est pas le fruit d’une mauvaise intention.
Il est possible que cette personne n’ait pas la disponibilité intérieure pour s’impliquer dans ce que tu lui racontes parce qu’elle en a gros sur la patate et qu’elle a un profond besoin de l’exprimer. Dans ce cas, rien ne sert d’insister :
en cet instant, elle n’est pas l’oreille dont tu as besoin.
Ou bien, peut-être que son intention était bonne, mais un peu maladroite ? Ne t’est-il pas déjà arrivé de vouloir montrer à une amie qui se confiait à toi combien tu la comprenais bien, parce que tu avais déjà ressenti ou vécu la même chose ? En voulant te montrer empathique, tu as peut-être cédé au réflexe de parler de toi. À l’origine, tu cherchais à manifester ton soutien.
Alors que faire ? Faut-il simplement se taire et laisser l’autre se répandre sans intervenir (chez les Fabuleuses, on parle de “déverser son camion-benne”), au risque que ton silence passe pour un manque cruel d’implication ?
Je te propose quelques outils pour vraiment écouter ton amie sans parler (tout de suite) de toi :
1. Créer chez toi une vraie disponibilité : cela passe par le fait de mettre ton portable sur silencieux, fermer la porte pour ne pas entendre les jeux des enfants, te vider la tête des préoccupations qui t’occupent l’esprit.
2. Choisir une posture qui vous convienne à toutes les deux. Parfois, c’est plus facile de ne pas se trouver face à face, surtout lorsque la plongée dans l’intimité de l’autre est profonde. C’est pour cela que les langues se délient plus facilement en voiture : on regarde dans la même direction sans épier sur le visage de l’autre ses réactions. Tu peux choisir de t’asseoir à la perpendiculaire de l’autre plutôt que de face, tu peux proposer de marcher un peu dehors.
3. Écouter activement en se manifestant brièvement, par exemple en disant : « mmmh… », « ça doit être difficile… » , « je comprends tellement ce que tu ressens… » et relancer si besoin : “Et après ?”
4. Accepter le contact visuel lorsque ton interlocutrice le recherche. Si votre relation s’y prête, lui prendre la main, lui serrer doucement le bras.
5. Reformuler ce qu’elle partage avec toi : « si je comprends bien, tu dis que … ».
6. Ne pas avoir peur du silence. Laisser s’installer quelques secondes (voire quelques minutes) de silence permet à ton amie de laisser résonner en elle ce qu’elle vient de te dire. Elle le digère tranquillement, il n’y a pas forcément besoin de “combler”.
Si tu sens que ton amie a eu l’espace et le temps d’exprimer tout ce qu’elle a sur le cœur, tu peux à ce moment-là passer à la deuxième étape :
celle de la compassion ou du partage qui a pour but de lui rappeler qu’elle n’est pas la seule.
Pour cela, je te conseille de partager tes émotions et pas seulement/nécessairement les faits : « moi aussi j’ai déjà eu honte, je sais ce que c’est… », « moi aussi, j’ai déjà explosé de colère contre mes enfants… », « moi aussi, je culpabilise souvent… ».
Enfin, j’aimerais te partager une dernière clé que j’utilise tous les jours dans mon travail de coaching : le questionnement. Si tu sens que c’est ce qu’elle attend de toi, cela peut l’aider à réfléchir et à prendre du recul.
Je te conseille de n’utiliser cette dernière clé qu’après avoir écouté pleinement la personne, afin de ne pas la détourner de ce qu’elle voulait spontanément te livrer en prenant la parole.
Voici quelques exemples :
– « Que ressens-tu ? » , « Comment te sens-tu ? »
– « Comment ferais-tu pour …? »
– « Comment puis-je t’aider ? »
– « Où en es-tu maintenant ? »
Ces questions suffisent à montrer combien tu te sens concernée et touchée par ce qu’elle vit. Elles montrent que tu as vraiment écouté et que tu n’es pas lassée de l’entendre parler.
Alors, chère Fabuleuse ? Prête à essayer ?