Les réseaux sociaux sont truffés d’histoires de jeunes gens et jeunes femmes qui ont vu soudain leur vie se transformer après un événement ou une décision dont ils disent ensuite qu’elle a été salutaire. On lit avec émerveillement et envie leur parcours et le bonheur qu’ils ont à vivre leur nouvelle vie, comme si elle était exempte de problèmes. Ce genre d’histoire, souvent assortie d’une photo plus belle que belle, sent bon le conte de fée. Un conte dans lequel le déclencheur de changement n’est souvent évoqué que rapidement. Alors qu’il a parfois été laborieux, long et plein de questions.
Ce genre d’histoire provoque peut-être chez vous la question :
Et pourquoi je n’arrive pas à changer, moi ?
Pourquoi ? Je retrouve trois raisons principales auxquelles se heurtent les femmes qui viennent me voir avant de passer à l’action pour changer vraiment.
1- Vous attendez un miracle.
Ou plutôt deux : une solution miracle d’abord, et qui vous mène directement à l’image parfaite de ce que vous avez en tête ensuite. Oui car entre vos aspirations lustrées par Instagram, et la réalité de ce que vous vivez, il y a un gouffre. Du coup, vous considérez votre cas comme quasi-désespéré.
« Engluée comme je le suis, il faudrait une baguette magique pour me sortir de là », vous dites-vous.
Exemple : Aline, expatriée depuis quelques mois, ne trouve pas de travail et voit ses tentatives pour nouer de nouveaux liens lui revenir en pleine figures les unes après les autres. Après deux séances, elle comprend que son mode relationnel est tout entier guidé par le besoin d’être aimé. Elle reconnaît que sa façon de s’investir avec les autres correspond moins à un investissement authentique de sa personnalité qu’à une recherche plus ou moins consciente de se faire apprécier. À peine ce constat établi, elle me demande :
« Ok, maintenant, je fais quoi avec cette peur d’être mal aimée ? ».
Alors que la progression se fait un pas après l’autre,
changer nos habitudes prend du temps, des essais, des erreurs, des tâtonnements. Ce temps d’infusion est nécessaire avant de passer à nouveau à l’action ou d’attendre un « résultat ». Une souffrance se traverse, un questionnement s’éprouve, un chemin de guérison se vit pas à pas. Chaque pas mène à un autre. Pourquoi vouloir tout de suite arriver au bout du chemin ?
2- Vous ne savez pas de quelle aide vous avez besoin,
ou ne pensez pas que les propositions existantes soient faites pour vous. Concrètement, vous ne savez pas à qui vous adresser, ou vous n’osez pas reconnaître que vous avez peut-être besoin d’aide. Cette idée provoque un sentiment de honte en vous :
« Tout de même, tellement de femmes y arrivent. Il y a plus à plaindre que moi. Je devrais pouvoir m’en sortir seule. »
Alors que nous ne sommes pas égales devant les épreuves de la vie, ni devant notre tonus mental, chacune a son histoire et sa capacité de résilience. Quand les émotions deviennent envahissantes, la raison n’y peut rien. J’entendais dans la rue un jeune homme dire à son interlocuteur : « ah non là en ce moment tu ne peux pas te permettre de tomber en dépression ». Comme si chacun contrôlait non seulement son environnement, mais aussi toutes les données conscientes et inconscientes de sa vie à chaque étape. Bien sûr qu’il n’en est pas ainsi. Oui, chacune d’entre nous peut être surprise par un problème de santé, par un vague à l’âme soudain, par une séparation brutale.
Il n’y pas d’échelle de la souffrance, ni de liste de motifs valables pour consulter.
Une souffrance qui empêche d’avancer, quelle que soit ce à quoi vous la rattachez, est une raison amplement suffisante pour aller chercher de l’aide.
3- Vous avez très peur.
D’aller voir sous le tapis s’il y a beaucoup de poussière. De mettre les mains dans le cambouis. Et si vous y laissiez vos mains ? Ou pire, que le fait d’aller mettre les mains dans le cambouis vous en recouvre tout entière (de cambouis) ?
Autrement dit, et si vous vous rendiez compte que vous avez fait les mauvais choix depuis le début ?
L’angoisse… Alors vous vous demandez si ça vaut vraiment le coup. Vous craignez que les bénéfices que vous apportent ce changement ne pèsent pas lourd face à l’étendue des dégâts découverts. Et quand l’effort demandé semble trop grand, c’est-à-dire plus grand que le bénéfice entrevu, la balance penche en faveur du statu quo. On ne bouge pas.
Exemple : je crains les conflits, et ceux avec mon mari plus encore que les autres. Discuter avec mon mari de mes ambitions professionnelles me procure un stress important. Alors que maintenir l’harmonie relative de nos relations me semble important. Du coup je vis avec ce désir de changement mais ne mets rien en place pour préserver la paix relative de mon ménage.
Alors qu’en étant aidée, il est possible d’agir à plusieurs niveaux, de repérer ce désir, de le nommer, d’apprendre à dire en choisissant ses mots, de trouver de l’aide pour formuler un projet, et que ça se passe bien.
Aller se faire aider est toujours une démarche de plus grande vérité,
de plus grande clarté avec soi-même, et du coup avec les autres. Oui, ça peut heurter au passage, crier, pleurer, mais pour une grande liberté : celle d’être soi. Et de vivre ce que l’on a à vivre au moment où ça se présente, en étant en congruence avec ce que l’on vit.
Le secret pour avancer ? C’est de se mettre en route.
Et comment se mettre en route ? En faisant ce qui paraît le plus facile et qui pourtant est souvent dans les faits ce que l’on tarde le plus à faire : un premier pas.
Et si le premier pas c’était pour toi de rejoindre l’aventure du Village ? Les portes ferment le 5 avril.